Le ministère sénégalais de la Santé a déclaré dimanche suivre l’évolution de la situation en…
Maladies respiratoires en Chine: faut-il s’en inquiéter ?
Publié leDes hôpitaux submergés de malades en détresse respiratoire, l’OMS appelle à la vigilance. S’agit-il d’une épidémie inconnue venant de Chine ? On a posé la question à Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
On dirait le remake d’un film qu’on a quasiment tous détesté. Des vidéos montrant des personnes en détresse respiratoire, des hôpitaux submergés de malades et un personnel médical sous pression. Quatre ans après la crise mondiale provoquée par le Covid-19, la Chine semble faire face à une nouvelle épidémie de maladies respiratoires qui, cette fois-ci, touche particulièrement les enfants.
Pékin tente de rassurer, mais les autorités sanitaires internationales restent sceptiques. Mi-novembre, les autorités chinoises ont attribué cette hausse des maladies respiratoires à l’abandon des restrictions anti-Covid, à l’arrivée de la saison froide et à la circulation de pathogènes connus comme le virus de la grippe, le virus à l’origine de bronchiolites ou encore le SARS-CoV-2.
Si la page Covid semble tournée, la recrudescence inhabituelle d’infections respiratoires, confirmée dans certains pays comme la France, a ravivé les craintes d’une potentielle nouvelle pandémie. Des messages sur les réseaux sociaux s’inquiétaient, depuis quelques jours, d’«un nouveau virus venant de Chine», ou d’«un nouveau Covid».
Pour Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, il ne faut pas s’inquiéter. «Les autorités suivent les nouvelles. Il n’y a pas d’inquiétudes. Il s’agit de deux choses distinctes, mais qui s’entremêlent. On a d’une part, en Chine, beaucoup d »infections respiratoires. Et il y a, d’autre part, des infections qui se propagent à base de mycoplasme, en Chine, mais aussi en Europe. Ces sont des infections respiratoires», précise Docteur Hamdi.
Il s’agit, donc, d’infections respiratoires à mycoplasma pneumoniae. Plusieurs cas nécessitant une hospitalisation chez les adultes et les enfants auraient même été recensés dans l’hexagone.
Contrairement au Covid, cette maladie, nous dit Dr Hamdi, est causée par une bactérie, est non d’un virus. Elle provoque des infections respiratoires des fois aiguës. Elle se transmet, dit-il, par voie respiratoire via des fines gouttelettes émises par des personnes atteintes. Les symptômes sont: fièvre, fatigue, écoulement nasal, toux et, parfois, gêne respiratoire. «On a toujours eu des cas de pneumopathie à mycoplasme qu’on soigne avec des antibiotiques. Là, on a remarqué qu’il y a une recrudescence d’infections, voire des épidémies. C’est une maladie comme la grippe, mais dont l’effet est très léger», explique le docteur.
« Il s’agit de bronchites, de trachéobronchites ou de pneumonies atypiques [20 à 30 % des pneumopathies communautaires], d’évolution favorable. Chez l’enfant, les infections respiratoires à mycoplasma pneumoniae contribuent à l’exacerbation de l’asthme, de plus, il a été montré que la première crise d’asthme chez un enfant prédisposé survenait dans la moitié des cas au cours d’une infection aiguë à mycoplasma pneumoniae », explique Eurofins, le réseau européen de biologie médicale.
S’agissant la Chine, notre spécialiste tient à mettre la situation dans son contexte. « Ce pays est en train de vivre ce qu’on a vécu en 2022. La Chine n’a levé les restrictions sanitaires qu’en mois de janvier 2023. Cet hiver, c’est leur première saison froide après la levée des restrictions. (…) On a d’ailleurs, nous aussi, assisté à une flambée d’infections respiratoires virales surtout chez les enfants », précise-t-il.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé davantage d’informations sur la hausse d’infections respiratoires chez les enfants. La Chine a répondu qu’«aucun pathogène inhabituel ou nouveau n’avait été détecté», mais elle signale «une hausse des consultations externes et des hospitalisations d’enfants dues à mycoplasma pneumoniae depuis mai, et, depuis octobre, au VRS, à des adénovirus et à la grippe».
Pékin dispose d’un système de surveillance des maladies de type grippal et des infections respiratoires aiguës sévères, comme la grippe, le VRS, le SARS-CoV-2, a relevé l’OMS. Et le pays a entamé mi-octobre une surveillance renforcée de diverses maladies respiratoires, dont, pour la première fois, mycoplasma pneumoniae.
S’il n’y a pas de chiffres, c’est parce qu’il s’agit, comme nous le dit Dr Hamdi, d’une infection bégnine. «Généralement, on ne teste pas. Il n’y a pas de raisons de paniquer. Ce sont des infections qui ne posent pas problèmes. Parfois, des enfants et des adolescents peuvent développer des cas graves. Je le répète, on soigne bien avec des antibiotiques», conclut notre spécialiste.