Liban: l’armée israélienne évoque «une possible» invasion au sol

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Les bombardements israéliens au Liban avaient fait lundi 274 morts, dont 21 enfants, le plus lourd bilan en près d'un an de violences entre Israël et le Hezbollah libanais.
De la fumée s'élève du secteur de Marjayoun, dans le sud du Liban près de la frontière avec Israël, après une frappe israélienne, le 23 septembre 2024. © Rabih Daher/AFP

L’armée israélienne a dit mercredi préparer « une possible entrée » au Liban pour y frapper le Hezbollah, contre lequel son aviation a mené de nouvelles frappes meurtrières, une situation menaçant d’une « guerre généralisée » au Moyen-Orient selon le président américain Joe Biden.  

« Nous attaquons toute la journée (…) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (…) et continuer à frapper le Hezbollah », a déclaré à des soldats le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevia, à la frontière avec le Liban.

Joe Biden a de nouveau averti du risque d’une « guerre généralisée » régionale, même si le Pentagone a jugé qu’une offensive terrestre israélienne n’apparaissait pas « imminente« . Washington mène des « discussions actives » pour une trêve, selon un haut responsable américain.

Dans l’immédiat, Israël, qui affirme opérer pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés du secteur frontalier par les tirs du Hezbollah, a poursuivi ses bombardements pour la troisième journée consécutive, concentrés sur le sud et l’est du Liban, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l’Iran.

A travers le pays, 51 personnes ont été tuées et plus de 220 blessées, selon les autorités libanaises, l’aviation israélienne ayant aussi visé des villages situés hors des fiefs du Hezbollah, dont Maaysara, au nord de Beyrouth.

Plus de 90.000 Libanais ont été jetés sur les routes, selon l’ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.

L’armée israélienne a affirmé avoir frappé « plus de 2.000 cibles » du Hezbollah depuis lundi, dont « plusieurs centaines » mercredi.

Lundi, ses frappes avaient fait 558 morts, hommes, femmes et enfants, et plus de 1.800 blessés, selon les autorités libanaises. Au total, les échanges de tirs entre Hezbollah et armée israélienne ont fait 1.247 morts au Liban depuis octobre, « la plupart des civils », ont elles annoncé mercredi.

Lire aussi. Escalade des menaces et violences entre Israël et le Hezbollah, appels à la retenue

« Nous étions avec mes soeurs et des cousins, quand des avions ont frappé tout d’un coup », relate à l’hôpital de Baalbeck, Zeinab al-Moussawi, une habitante du secteur, blessée la veille. »Il y avait des restes humains, mes cousins, tout autour de nous, et la maison a été détruite », dit-elle.

A Maaysara, les tués « étaient des civils » évacués du sud, témoigne Fatima, une habitante.

A Beyrouth, des habitants patientaient pour donner leur sang au siège de la Croix-Rouge, qui a lancé un appel urgent aux dons.

Les écoles et universités resteront fermées jusqu’à la fin de la semaine, et de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth.

En Israël, les sirènes d’alerte ont retenti à l’aube à Tel-Aviv, à plus de 110 km de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol, intercepté, selon l’armée, pour qui il s’agit d’une première.

Le Hezbollah a affirmé avoir visé avec un missile Qader le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, accusé « de l’assassinat des dirigeants » du Hezbollah « et des explosions des bipeurs et des talkies-walkies » ces derniers jours.

Il a ensuite diffusé une vidéo présentant ce missile, selon lui d’une portée de 190 km.

« J’ai vécu dans le nord pendant la majeure partie de ma vie, donc (…) je suis un peu habituée », mais que des tirs « atteignent le centre du pays est sans conteste plus effrayant », confie à Tel-Aviv Noam Nadler, étudiante de 27 ans.

En soirée, La « Résistance islamique en Irak », nébuleuse de factions pro-iraniennes, a revendiqué une attaque de drones contre une « cible stratégique » à Eilat, dans le sud d’Israël, où l’armée a dit avoir intercepté un drone lancé depuis l’Est, et localisé un second tombé. Les secours ont recensé deux blessés légers.

Les Brigades du Hezbollah irakiennes, influent groupe armé pro-iranien, ont appelé à « intensifier » les « opérations » contre Israël

Lire aussi. Liban-Israël: pour la première fois, le Hezbollah tire un missile vers Tel-Aviv

Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont jusque là été tirées sur Israël depuis que le Hezbollah a ouvert un front contre le pays en soutien au Hamas palestinien, au début de la guerre à Gaza.

Israël utilisera « la force » et « des ruses » contre le Hezbollah jusqu’au retour des habitants du nord d’Israël, a martelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu. « Nous infligeons au Hezbollah des coups qu’il ne pouvait pas imaginer », a-t-il ajouté.

L’armée israélienne a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.

Selon l’agence libanaise d’information ANI (officielle), un drone israélien a survolé mercredi Nabatiyé (sud), diffusant un message audio anti-Hezbollah.

Le puissant mouvement, allié du Hamas, a juré de continuer à attaquer Israël « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ».

A la tribune de l’ONU, le président français Emmanuel Macron a appelé Israël à cesser « l’escalade au Liban » et le Hezbollah à mettre fin à ses tirs.

Il a jugé que la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, n’a que trop duré » faisant des « dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes », sans « aucune justification ».

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l’unité d’élite du mouvement.

Gaza en second plan

Dans la bande de Gaza, pilonnée depuis près d’un an par l’armée israélienne, des Palestiniens redoutent que l’escalade en cours n’éclipse leur sort.

« L’attention médiatique pour la bande de Gaza est devenue secondaire » déplore Ayman al-Amreiti, 42 ans, pour qui cela encourage Israël « à commettre plus de crimes ».

L’attaque du Hamas contre Israël a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.

Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l’armée.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.

Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu’à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.

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