Une vingtaine de pays de l'UE ont commencé à voter dimanche pour élire un nouveau…
Les Européens aux urnes, gains attendus pour l’extrême droite
Publié leDe Vilnius à Lisbonne, des dizaines de millions d’électeurs ont voté dimanche pour renouveler le Parlement européen, où la progression attendue de l’extrême droite pourrait orienter le cap politique des cinq prochaines années à un moment crucial pour l’UE.
Le scrutin, destiné à élire 720 eurodéputés, se déroule sur fond d’inquiétudes liées à la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie et de défis de taille pour l’Europe, face à la Chine et aux Etats-Unis.
Les citoyens de 21 des 27 pays de l’UE, dont l’Allemagne, la France et l’Espagne, se prononcent au dernier jour d’un marathon électoral entamé jeudi aux Pays-Bas. Au total, plus de 360 millions de personnes sont appelées aux urnes.
Les résultats sont attendus dans la soirée. En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ est crédité de 27% des voix, devenant la plus importante force politique du pays, selon des sondages de sortie des urnes publiés en fin d’après-midi.
« L’Union européenne n’y arrivera que si elle fait bloc et reste ensemble. Je pense que c’est important de se tenir du côté de la paix et de la démocratie, surtout dans ce monde où tout le monde cherche à s’isoler des autres », a commenté Tanja Reith, électrice allemande de 52 ans.
A Toulouse, dans le sud-ouest de la France, Martine Dorian, 76 ans, juge « essentiel de voter »: « Si demain il n’y a plus d’Europe, il n’y a plus de France », dit-elle.
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« L’enjeu est de taille », a souligné la Première ministre danoise Mette Frederiksen, deux jours après avoir été agressée à Copenhague, citant notamment « la sûreté et la sécurité avec la guerre en Europe », « le changement climatique », « la pression sur les frontières de l’Europe », et l’influence des « géants de la technologie ».
Si les sondages prédisent une poussée de l’extrême droite dans nombre de pays, la « grande coalition » actuelle droite/socialistes/libéraux, qui forge les compromis dans l’hémicycle européen, devrait y conserver la majorité. Mais elle pourrait voir sa marge de manoeuvre réduite, l’obligeant à trouver des forces d’appoint et augurant d’intenses tractations dans les semaines à venir.
Les Néerlandais, premiers à voter jeudi, ont confirmé une hausse du parti d’extrême droite de Geert Wilders, même s’il devrait se contenter de la deuxième place derrière la coalition sociale-démocrate et écologiste, selon des estimations.
La présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, qui brigue un deuxième mandat de cinq ans, a voté en milieu de matinée à Burgdorf, en Basse-Saxe, en compagnie de son mari.
« J’espère qu’une majorité pro-paix sortira de ces élections », a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban après avoir voté à Budapest. Toujours très critique de Bruxelles, le dirigeant nationaliste multiplie par ailleurs les attaques contre l’Otan, l’accusant d’entraîner les pays de l’Alliance dans une « conflagration mondiale ».
Dans les pays voisins de la Russie en guerre contre l’Ukraine, la sécurité est une préoccupation majeure. « Je souhaite un renforcement de la sécurité (…) voire le déploiement d’un contingent européen sur notre territoire », affirme ainsi Andrzej Zmiejewski, médecin de 51 ans, après avoir voté à Varsovie.
La mobilisation de l’électorat est l’un des grands enjeux du scrutin.
En Espagne, la participation était en baisse à 14H00 (12H00 GMT), à 28,01%, contre 34,74% lors du dernier scrutin en 2019. En France, en revanche, elle était en hausse à 45,26% à 17H00 (15H00 GMT) contre 43,29% en 2019.
Dans ce pays où 49 millions d’électeurs sont appelés aux urnes afin de désigner 81 eurodéputés, le président Emmanuel Macron a appelé à faire barrage à l’extrême droite, estimant que le risque était que l’Europe se retrouve « bloquée ».
Les derniers sondages placent largement en tête le Rassemblement national, mené par Jordan Bardella, avec plus de 30% des voix, loin devant Renaissance, le parti du président français, puis la gauche sociale-démocrate emmenée par Raphaël Glucksmann.
En Allemagne, l’extrême droite rassemblée derrière l’AfD, est aussi en embuscade, en dépit des derniers scandales qui ont éclaboussé sa tête de liste.
Si les conservateurs allemands de la CDU-CSU devraient arriver largement en tête, avec 30,5% des voix, selon un sondage, le parti du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le SPD, devrait connaître un échec cuisant. Le SPD et les Verts bataillent pour la deuxième place avec l’AfD.
En Italie, où le vote a débuté samedi, le parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI) de la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni pourrait envoyer 22 eurodéputés dans l’hémicycle, contre six actuellement.
Mme Meloni, qui s’est présentée comme tête de liste à cette élection, a réaffirmé vouloir « défendre les frontières contre l’immigration illégale, protéger l’économie réelle, lutter contre la concurrence déloyale ».
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a encouragé les électeurs à se rendre aux urnes. « C’est le vote qui décide si l’avenir que nous construisons ensemble pour l’Europe et pour l’Espagne est un avenir de progrès ou un avenir de régression », a-t-il lancé.
Les eurodéputés auront comme première tâche de confirmer – ou d’infirmer – les choix des dirigeants des pays membres pour la présidence de la Commission.
Si les 27, qui se réunissent fin juin en sommet à Bruxelles, optent pour une reconduction d’Ursula von der Leyen, le vote du Parlement, a priori à la mi-juillet, sera scruté avec attention. En 2019, lorsqu’elle avait été nommée à ce poste à la surprise générale, le Parlement ne lui avait accordé sa confiance qu’à une très courte majorité (neuf voix).