«L’épouse d’un roi marocain était corse», rappelle une diplomate marocaine

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La nouvelle consule générale du Maroc en Corse, Najoua El Berrak, a pris ses fonctions dans l’île de beauté en septembre. Etudes historiques, accueil des travailleurs marocains, ateliers pour femmes et enfants, Grand Salon du Maroc à Bastia… La diplomate est pleine d’ambitions pour optimiser les relations entre les deux pays. 

Quelque 42 000 ressortissants marocains résident en Corse, collectivité territoriale unique française. Pour la première fois dans l’histoire de la diplomatie marocaine sur l’île, c’est une femme qui les représente depuis septembre. « Mais je ne suis pas la seule et heureusement. Sur les 16 consuls généraux en France, huit sont des femmes », souligne Najoua El Berrak auprès du quotidien régional en ligne Corse Matin. Elle-même était d’ailleurs consule générale du Maroc à Rennes depuis septembre 2018 avant de rejoindre la région insulaire.

La nouvelle consule générale du Maroc en Corse est pleine d’ambitions pour optimiser les relations entre les deux pays. Sa prise de poste a coïncidé avec les commémorations de l’anniversaire de la Libération de la Corse à laquelle ont participé activement les goumiers marocains.

« De se souvenir c’est très bien, mais il ne faut pas uniquement penser que les liens avec le Maroc s’arrêtent à cette mission historique. Il faut aller plus loin et renforcer nos échanges. Le sang des Marocains a coulé sur la terre de Corse, mais dans nos veines coulent aussi du sang corse grâce à Dawiya, l’épouse d’un roi du Maroc et qui était Corse », déclare à ce sujet Najoua El Berrak.

Dawiya, la sultane marocaine d’origine corse

En effet, Marthe Franceschini dite Davia (Dawiya, la « lumineuse »), née le 25 avril 1755 à Tunis et morte en 1799 à Larache, est une sultane du Maroc. Dans la ville de Corbara d’où ses parents sont originaires, on la mentionne comme « impératrice du Maroc ». Elle est la fille d’un couple corse enlevé et emmené en Tunisie. Ayant acquis un statut notable, les époux sont libérés et retournent en Corse avec leur fille mais sont de nouveau capturés par des pirates marocains.

Epris par sa beauté, le sultan alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah la prend dans son harem avant de l’épouser en 1786. Elle devient alors Davia (Dawiya), sa première sultane. Selon l’historien Thierry Ottaviani, dans son livre  « La Corse pour les nuls » (2010), la sultane corso-marocaine tentera d’entrer en contact avec les grandes cours d’Europe notamment celle d’Espagne, mais aussi Napoléon Bonaparte qui en référera au mémorialiste Gaspard Gourgaud, pendant son exil sur l’île de Sainte-Hélène. Dawiya a une fille, qui n’a pas atteint l’âge de l’adolescence. L’année de sa mort, son frère fut consul de France à Mogador.

Intéressée par l’histoire commune entre les deux peuples, Najoua El Berrak s’est ainsi tournée vers l’université de Corse.

« J’ai posé la question au président de l’université pour savoir si des études historiques avaient été entreprises sur le rôle des goumiers dans la libération de la Corse. C’est, je pense, un sujet qui mérite d’être approfondi et je ne suis pas certaine que ce point de vue historique ait été abordé d’un point de vue marocain. J’aimerais également que le site de Teghime (col au niveau duquel des goumiers marocains ont livré bataille les 1er et 2 octobre 1943 pour libérer la Corse, ndlr) puisse être classé par l’Unesco. Aujourd’hui, nous nous souvenons du sacrifice de tous ces hommes pour que triomphe la liberté mais qu’en sera-t-il dans 50 ans? », s’interroge la consule générale du Maroc sur l’île de beauté.

Faciliter l’accueil des travailleurs et régularisation

Elle souhaite avant tout aider ses ressortissants dans leurs démarches administratives mais aussi dynamiser la collaboration mutuelle au niveau économique mais aussi culturel. Elle envisage notamment de « mettre en place des ateliers à destination des femmes, des enfants ». « J’entends être aux côtés de tous », s’engage la diplomate qui réside à Biguglia, dans une maison ouverte à tous ceux « qui ont envie de découvrir le Maroc dans toutes ses richesses et ses diversités culturelles. »

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Najoua El Berrak, nouvelle consule générale du Maroc en Corse, est pleine d’ambitions pour optimiser les relations entre les deux pays. Crédits photo : Angèle Ricciardi

Dans ses activités, elle peut compter sur le soutien de ses deux proches collaborateurs Abdelhanine Idrissi, consul général adjoint, et My Driss Idrissi, chargé des affaires administratives et du cérémonial. Ces derniers viennent de finaliser l’accueil sur l’île des ouvriers agricoles qui participent activement au ramassage des clémentines, informe le média.

Lire aussi : Diplomatie. Voici la liste des 16 nouveaux consuls généraux du Maroc

« Six avions ont été affrétés par Air Corsica pour acheminer les 1 800 travailleurs. Je vais d’ailleurs avoir une rencontre dans les prochains jours avec le président du syndicat des agrumiculteurs. Je vais me rendre sur le terrain pour rencontrer ces hommes et découvrir la manière dont ils travaillent et comment ils sont hébergés. Je vais également avec les autorités françaises tenter de trouver des solutions pour faciliter l’accueil de ces travailleurs mais aussi pour des personnes qui attendent depuis de trop nombreuses années une régularisation de leur situation », promet El Berrak.

Et d’affirmer: « J’aime les projets gagnant-gagnant. Il ne doit pas y avoir, dans des échanges, une partie qui se sente flouée. Il faut un échange constructif. »

Plus de vols vers le Maroc et un Grand Salon du Maroc à Bastia

Autre objectif: mettre à disposition des vols à destination du royaume d’avril à octobre. La diplomate confie avoir déjà rencontré le directeur de l’aéroport dans ce sens. « Je dois dire que j’ai été très bien accueillie à la fois par les deux préfets de l’île, mais aussi par tous les hommes politiques de Corse avec qui j’ai pu discuter. Nous fourmillons d’idées pour renforcer et pérenniser les liens qui existent entre nous », assure-t-elle.

Parmi ses idées, celle de réaliser dès le mois de juin 2023, un grand salon du Maroc à Bastia, avec la participation active de la région de Fès-Meknès « avec qui la chambre des métiers de Corse, mais aussi l’office de tourisme de l’agglomération bastiaise ont déjà eu des rencontres fructueuses ces derniers jours », rapporte le média.

« Nous voulons mettre en avant tout le savoir-faire marocain, dans sa diversité et sa richesse. Il n’y a pas qu’un seul Maroc, il est constitué d’une multitude de savoir-faire qu’il est important de faire connaître. Les Corses sont aussi de grands artisans. Seul du positif peut naître de ce salon. J’entends également, avec le soutien de Paul Pierinelli, mettre en place lors du salon du chocolat un grand espace dédié au Maroc. Parce que la gastronomie marocaine est un atout à découvrir et à partager avec le plus grand nombre », s’enthousiasme la représentante.

Enfin, Najoua el Berrak a déjà commencé à collaborer avec le joueur de football marocain Ismaël Triki, ancienne gloire du Sporting Bastia, pour créer des liens avec les jeunes marocains et les jeunes corses.

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