Le Roi Mohammed VI préside la cinquième causerie religieuse du Ramadan 2024

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Le Roi Mohammed VI préside la cinquième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan 1445. (Photo MAP)

Le Roi Mohammed VI, accompagné du Prince Héritier Moulay El Hassan, du Prince Moulay Rachid et du Prince Moulay Ismail, a présidé, lundi au Palais Royal à Casablanca, la cinquième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan 1445 H. 

Cette causerie a été animée par Ousmane Kane, professeur de la pensée islamique à l’université Harvard aux Etats-Unis d’Amérique, sous le thème « Les relations culturelles et intellectuelles entre l’Afrique Subsaharienne et le Grand Maghreb ».

Au début de son intervention, le conférencier a indiqué qu’il s’est référé au verset 13 de la sourate « Al Houjourate » « O hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur ».

Il a fait remarquer, dans ce cadre, que ces paroles divines renferment six vérités qui concernent tous les Hommes et qui peuvent constituer les fondements de l’Humanité, à savoir que l’Homme est une créature de Dieu, que cette égalité dans la création implique une égalité homme-femme, que les gens, par la volonté divine, ont formé des sociétés, basées sur la reconnaissance réciproque garantissant la coexistence dans la paix.

Kane a noté que le choix du thème de cette causerie a été motivé par l’intérêt de procéder à une comparaison entre le rôle historique et actuel du Maroc dans le renforcement des liens culturels avec le continent africain et les orientations de l’Occident pour diviser ces deux mondes.

Il s’agit du Grand Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, a-t-il dit, attirant l’attention sur la difficulté d’enseigner les sciences islamiques dans les universités occidentales en raison des choix académiques en vigueur dans ces établissements, en particulier en ce qui concerne la grande région d’Afrique subsaharienne.

Il a ajouté que les penchants de cette répartition régionale résident dans le parti-pris raciste manifesté par les penseurs européens durant le siècle des Lumières, précisant que cette répartition (nord-sud de l’Afrique) est basée sur des hypothèses qui ignorent la vérité historique, à savoir le rôle de la doctrine musulmane, de la langue arabe et du rite malékite dans la consolidation des liens entre les populations du Grand Maghreb, du Grand Sahara et de l’Afrique de l’Ouest. Ces peuples, a-t-il relevé, ont conservé des attaches solides durant plusieurs siècles conformément aux recommandations du Saint Coran.

Le conférencier a fait savoir que l’héritage colonialiste occidental a un grand impact sur les intellectuels et les pensées en Afrique, déplorant le fait que ces hypothèses sur l’histoire de la pensée africaine soient infondées et ne soient pas répandues uniquement dans les milieux académiques occidentaux, mais aussi parmi les intellectuels ayant suivi leurs études dans les écoles qui enseignent des cursus occidentaux en Afrique, plus particulièrement au sud du Grand Sahara. Ces intellectuels tendent à croire que la production du savoir a commencé avec le colonialisme européen, a-t-il enchainé.

M. Kane a également relevé que les Africains du nord, dans le Grand Sahara et dans le pays du Soudan, ont grandement contribué à la pensée islamique, ajoutant que la langue de communication en Afrique du Nord est l’Arabe et la place de cette langue dans l’histoire de cette région ne nécessite aucune preuve supplémentaire.

Il a averti qu’il ne s’agit pas là du cas de la région subsaharienne connue à l’époque sous le nom du pays du Soudan d’autant que les études islamiques soudanaises dans la majeure partie du 20è siècle demeurent méconnues de l’Occident hormis du cercle des chercheurs et spécialistes, soulignant que le Sahara n’a jamais été une entrave devant les interactions entre les différentes régions du continent africain.

Au contraire, a-t-il poursuivi, le Sahara a toujours été un pont entre le nord du Grand Maghreb et le pays du Soudan.

Le conférencier a affirmé que la mer Rouge a constitué dans la même veine une passerelle reliant les musulmans d’Afrique de l’Est à la péninsule arabique à travers les siècles, mettant également l’accent sur les interactions constantes et étroites entre les populations de l’Afrique du Nord, du Sahara et de l’Afrique subsaharienne.

Ces régions étaient reliées par de multiples routes commerciales, notamment entre les principaux centres du Grand Maghreb et du Soudan, connu pour sa richesse en or, a expliqué Kane.

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Il a, en outre, souligné les relations mutuellement bénéfiques entre les populations de l’Afrique du Nord et celles de la région subsaharienne, rappelant que la diplomatie a joué un rôle majeur dans la promotion des relations soudano-maghrébines pendant des siècles, comme en attestent les documents historiques.

Outre le Grand Sahara, le conférencier a mis en évidence le rôle crucial de la région de la Mer Rouge et de l’Océan Indien en tant que pont entre l’Afrique de l’Est et la péninsule arabique bien avant l’avènement de l’Islam.

Il a noté que l’Océan Atlantique n’a pas été un obstacle à la dominance de l’influence islamique africaine, en ce sens que les Musulmans africains étaient impliqués dans le commerce atlantique, alors sous contrôle européen. Ils avaient ainsi non seulement transmis la culture islamique aux deux continents américains, mais l’ont également diffusée et enrichie, a-t-il dit.

M. Kane a fait observer que les historiens marocains ont mis en relief la grande contribution des Ouléma africains dans l’enseignement des sciences de la Charia (théologie), notant que les centres d’éducation marocains, en particulier à Fès et Marrakech, sont devenus une destination de prédilection pour les étudiants et les érudits soudanais des siècles durant.

Il a relevé, dans ce contexte, que la ville de Fès constituait un centre d’érudition reconnu dans le monde islamique pendant l’ère médiévale, où se sont distingués certains savants d’Afrique de l’Ouest, dont Abdallah El Barnaoui qui fait partie des guides spirituels du soufi Sidi Abdelaziz Dabbagh.

Les peuples et gouvernements africains ont préservé des relations durables avec le Nord de l’Afrique, a-t-il poursuivi, notant que les confréries soufies comptaient des millions d’adeptes au Sahara et dans la région subsaharienne, perpétuant ainsi des liens spirituels et intellectuels forts avec l’Afrique du Nord, en particulier le Maroc et ce, pendant des siècles.

Les érudits musulmans ont conservé des contacts permanents au fil des siècles sachant que le Grand Sahara a certainement facilité ce genre d’interactions plutôt que d’en être l’obstacle, a-t-il ajouté.

Il a précisé que cette tradition marquant ces relations a été préservée sous diverses formes tout au long de la période postcoloniale.

Le conférencier a rappelé que le Royaume a mis en place de nombreux réseaux regroupant des Ouléma du Maroc et des autres pays africains, comme la Ligue des Ouléma du Maroc et du Sénégal. Il a aussi rappelé la création de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains, en tant qu’institution pionnière en la matière.

Etant donné les liens étroits de religion, de savoir, de fraternité et d’affection qui unissent les Musulmans africains, depuis la visite d’Ibrahim El-Kanemi à la cour des Almohades, jusqu’au soutien apporté à l’équipe nationale marocaine de football lors de la Coupe du monde, les récentes interventions coloniales ne peuvent en aucun cas faire oublier notre longue histoire de lutte, d’enseignement et d’apprentissage les uns des autres, a-t-il conclu.

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