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Le monde de la mode pleure la mort du couturier Thierry Mugler
Publié leLa semaine de la haute couture démarre lundi à Paris, ébranlée par la mort de Thierry Mugler, « le couturissime » qui avait régné sur la mode des années 1980 et continuait de ravir des stars internationales avec ses tenues spectaculaires aux silhouettes marquées.
Kenzo décédé en octobre 2020 du Covid, Alber Elbaz emporté lui aussi par le Covid en avril 2021, Pierre Cardin décédé fin 2020, Virgil Abloh mort d’un cancer en novembre à seulement 41 ans, Nino Cerruti décédé le 15 janvier et maintenant, Thierry Mugler: orpheline de ses créateurs légendaires, la mode est de nouveau en deuil.
Après son décès soudain, les hommages pleuvent en provenance du monde entier, de figures de la mode, de la musique et de la politique.
« Repose en paix, Thierry Mugler », a écrit la superstar Beyoncé, avec une photo en noir et blanc d’un Thierry Mugler souriant, en une de son site officiel, accompagné de nombreuses images d’elle portant les tenues du couturier.
La chanteuse Diana Ross a elle partagé sur Twitter une photo avec le créateur français lors d’un de ses défilés à Paris en 1990, avec ces mots: « Vous allez me manquer, Thierry Mugler, c’était un moment merveilleux dans nos vies ».
« Je retiens de Thierry cette force de casser les murs entre les disciplines: la mode avec une dimension cinématographique, le spectacle », a confié le créateur français Jean-Charles de Castelbajac, tandis que Rodrigo Basilicati-Cardin, le neveu de Pierre Cardin, a salué la mémoire d’un « créateur talentueux ». « Mon oncle « aimait sa créativité et sa forte personnalité ».
« Merci pour l’incandescence, le panache, la joie, le grandiose », a réagi la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Le directeur artistique de Mugler, l’Américain Casey Cadwallader, lui a aussi rendu hommage, sur Instagram: « Vous avez changé notre perception de la beauté. »
Folie créative
Selon l’attaché de presse de Thierry Mugler, Jean-Baptiste Rougeot, la mort du grand couturier, qui s’était transformé physiquement ces dernières années et se faisait désormais appeler Manfred Thierry Mugler, est survenue de façon inattendue dimanche après-midi.
Il avait encore des projets et devait annoncer de nouvelles collaborations en début de semaine.
Témoins de sa popularité durable, les foules se pressent à Paris pour retrouver son exubérance et sa folie créative, célébrées en ce moment au musée des Arts décoratifs.
Intitulée « Couturissime », cette exposition invite jusqu’à fin avril à sortir du monde virtuel et repousser les limites de la mode commerciale et uniformisée. On y retrouve aussi des costumes créés pour le clip « Too Funky » de George Michael avec son défilé débridé de certaines des plus grandes top models du début des années 1990.
« Thierry Mugler aura fait de la mode une oeuvre d’art total, créant des mondes imaginaires où donner à la création sa liberté la plus absolue. (…) En près de quarante ans, il aura, sans galvauder ce mot, +révolutionné+ notre expérience de ce que sont le vêtement et le corps », a salué le musée des Arts décoratifs lundi.
Tailles corsetées
Né à Strasbourg en décembre 1948, Thierry Mugler avait démarré dans la danse avant d’arriver à Paris à 20 ans puis avait créé sa propre griffe « Café de Paris » en 1973, avant de fonder un an plus tard la société « Thierry Mugler ».
Ses silhouettes structurées et sophistiquées s’étaient rapidement imposées. La « femme Mugler », aux épaules accentuées, décolletés plongeants et tailles corsetées, a fait le tour du monde, de Jerry Hall à Kim Kardashian.
Cette dernière apparaissait parmi les dernières photos du compte Facebook Manfred Thierry Mugler, en tenue de cow-girl intergalactique que le créateur avait conçue pour elle pour Halloween.
Car si Thierry Mugler s’était retiré de la mode en 2002, les icônes de la pop culture d’aujourd’hui, de Lady Gaga à Cardi B, revêtent encore ses tenues d’archives pour les grandes occasions.
Metteur en scène dans l’âme, il avait marqué les esprits en devenant pionnier, dès les années 1970, des défilés à grand spectacle.
Il s’était plus tard lancé dans la création de parfums, son premier modèle féminin « Angel » lancé en 1992 connaissant un très grand succès, jusqu’à disputer la première place des ventes au mythique N°5 de Chanel.
Ses collections mode avaient aussi marqué le monde politique, comme lorsqu’en 1985, le ministre de la Culture Jack Lang fut sifflé à l’Assemblée nationale à cause de son costume col Mao signé Mugler, porté sans cravate. « Thierry Mugler était un ami inestimable », a réagi l’ancien ministre en se disant « stupéfait ».
Après le prêt-à-porter homme la semaine dernière, la haute couture, spécificité parisienne, débute lundi avec le très attendu défilé Dior.