Le Kremlin ne voit «aucune volonté d’écouter la Russie» après la visite de Zelensky à Washington

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Le Kremlin ne voit "aucune volonté d'écouter la Russie" après la visite de Zelensky à Washington
Crédit: AFP.

Le Kremlin a dénoncé jeudi une absence de « volonté d’écouter la Russie » après la visite aux Etats-Unis du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui y a reçu de nouvelles promesses d’aides, preuve pour Moscou que Washington livre une « guerre indirecte » en Ukraine.

Sur le chemin du retour dans son pays, M. Zelensky a rencontré le chef de l’Etat polonais Andrzej Duda à l’aéroport de Rzeszow-Jasionka, dans le sud-est de la Pologne.

Il a dit avoir évoqué avec lui les événements de l’année écoulée mais aussi « discuté des plans stratégiques pour l’avenir, des relations bilatérales et des interactions au niveau international en 2023 ».

Pendant son déplacement à Washington, son premier à l’étranger depuis le début de l’offensive russe en février, le président ukrainien a été reçu en héros, s’entretenant avec son homologue Joe Biden et prononçant un discours sous les applaudissements des parlementaires américains.

Il a engrangé la promesse d’une enveloppe massive de soutien de près de 45 milliards de dollars et de nouvelles livraisons d’armes avec, pour la première fois, la fourniture du système de défense antiaérienne Patriot.

 

– « Les préoccupations de la Russie » –

 

« Jusqu’à présent, nous pouvons constater avec regret que ni le président Biden, ni le président Zelensky n’ont dit quoi que ce soit qui puisse être perçu comme une volonté potentielle d’écouter les préoccupations de la Russie », a réagi jeudi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Selon lui, il n’y a pas eu au cours de cette visite de « véritables appels à la paix » ou de « mises en garde » américaines à M. Zelensky contre « la poursuite du bombardement des immeubles d’habitation dans les zones peuplées du Donbass », une région de l’est de l’Ukraine en partie contrôlée par des séparatistes prorusses et régulièrement visée par les forces ukrainiennes.

Lire aussi: Biden promet de renforcer son soutien à l’Ukraine en recevant Zelensky

« Cela montre que les Etats-Unis poursuivent leur ligne de guerre de facto et indirecte avec la Russie, jusqu’au dernier Ukrainien », a ajouté le porte-parole.

Mercredi, le jour de la visite de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, le Kremlin a lancé un avertissement face à de nouvelles livraisons d’armes américaines à l’Ukraine, qui n’auront pour effet que d' »aggraver » le conflit.

M. Zelensky avait quant à lui affirmé que l’aide occidentale à son pays, qui est devenue un élément crucial du conflit, était un « investissement dans la sécurité mondiale et la démocratie », et « pas de la charité ».

 

– Renforcement de l’armée –

 

La Russie a subi ces derniers mois d’importants revers sur le terrain : ses troupes ont été chassées de la région de Kharkiv, dans le nord-est, et de la ville de Kherson, dans le sud.

En réaction, elle a opté à partir d’octobre pour une tactique de bombardements massifs des infrastructures ukrainiennes, privant des millions de personnes d’électricité, d’eau et de chauffage en plein hiver.

Ces coupures ont notamment touché la capitale, Kiev, où la situation énergétique restait « difficile » jeudi, selon le chef de son administration militaire, Serguiï Popko.

Le système américain Patriot doit justement renforcer « de manière significative » la défense ukrainienne face aux frappes russes, selon M. Zelensky.

En fixant les priorités de son armée pour 2023, Vladimir Poutine a promis pour sa part de continuer à renforcer les capacités militaires de la Russie, y compris nucléaire.

Il a ainsi annoncé l’entrée en service « début janvier » des nouveaux missiles hypersoniques russes de croisière Zircon et envisagé d’augmenter les effectifs de l’armée russe à 1,5 million de soldats.

 

– Inspection en Ukraine –

 

Son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a dans le même temps assuré que les troupes russes combattaient « les forces combinées de l’Occident » et révélé que Moscou entendait installer des bases de soutien à sa flotte à Marioupol et Berdiansk, deux villes occupées du sud de l’Ukraine.

M. Choïgou s’est d’ailleurs rendu pour une inspection des positions russes en Ukraine, a annoncé jeudi son ministère, sans préciser le lieu exact ou la date de ce déplacement.

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Il était déjà allé dans la zone de l' »opération spéciale » quelques jours auparavant, signe d’une volonté d’un contrôle plus étroit de Moscou de ses militaires sur place.

Le chef d’état-major, Valéri Guerassimov, a de son côté confirmé jeudi que l’objectif des forces russes en Ukraine était désormais la conquête de la totalité de la région industrielle orientale de Donetsk. Il a dit constater une « stabilisation » de la ligne de front, longue de 815 kilomètres selon lui.

Les combats et les bombardements se poursuivaient en tout cas avec au moins un mort et 14 blessés dans toute l’Ukraine mercredi, d’après Kiev.

Dans l’est, l’ex-patron de l’agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, a été blessé dans une attaque ukrainienne contre un hôtel de Donetsk, un des fiefs des séparatistes prorusses, et doit se faire opérer.

Pour Moscou, cette frappe, dans laquelle plusieurs autres personnes ont été touchées, parfois mortellement, a « probablement » été effectuée à l’aide d’un canon français Caesar, dont plusieurs exemplaires ont été livrés à l’Ukraine par Paris.

Le seul porte-avions russe, l’Amiral Kouznetsov, actuellement en réparation dans le Grand Nord, a dans le même temps été victime d’un incendie qui n’a pas fait de morts ou de blessés, ont rapporté les agences de presse russes.

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