La lutte contre l’informel, toujours prioritaire

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Crédit: AFP.

La résorption de l’économie informelle, ce défi de poids, se place toujours en tête des priorités politiques et économiques, en vue de faire face à ce phénomène persistant et limitatif de création de valeur qui continue à pénaliser l’économie nationale.

Évaluer la taille de l’économie informelle s’avère toujours complexe au Maroc comme ailleurs. Le poids de ce phénomène représente 30% du PIB national contre 40% en 1998 et 34% en 2009, une proportion qui a diminué ces trois dernières décennies mais le ratio en termes d’emplois reste en revanche élevé, selon les dernières données de Bank Al-Maghrib (BAM), datant de 2018.

Des chiffres conséquents rendus visibles par la crise du Covid-19 et pointés du doigt dans le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement qui décrit ce fléau comme « une zone de non-droit » qui détruit de la valeur en générant de fortes distorsions économiques à travers la concurrence déloyale, laissant place aux « arrangements interpersonnels et aux pratiques de corruption ».

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Dans le même sens, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui a récemment émis une auto-saisine sur la résorption de l’informel, a appelé à mettre en place un ensemble de mesures-phares, dont une stratégie intégrée à même de ramener progressivement le poids de l’emploi informel dans l’emploi total à environ 20%.

Dans un entretien à la MAP, l’économiste et spécialiste des politiques publiques, Abdelghani Youmni, a relevé qu’au-delà des « impacts et des externalités néfastes de l’informel », la lutte contre l’économie de contrebande et les prouesses en termes de nouvelles industries de transformation et de substitution aux importations, les relocalisations d’unités de textile et de plasturgie pourraient contribuer à la création de milliers d’emplois formels et de réduire la part de l’informel.

« Volontarisme marocain »

« Le volontarisme marocain d’avant-crise et post-crise sanitaire est inscrit de manière irréversible dans l’accession à la souveraineté alimentaire, commerciale et économique et de ne plus dépendre des chaînes d’approvisionnement étrangères », a indiqué M. Youmni.

Cette nouvelle stratégie de rupture qui vise à réduire les importations de plus de 34 milliards de dirhams (MMDH) pourrait également créer les conditions d’une économie de production et d’exportation de produits manufacturés, créer de l’emploi et de la valeur ajoutée formels et de transformer définitivement « l’ADN de l’entrepreneur marocain » de marchand importateur à producteur local et exportateur de labels et créateur de richesses économiques, sociales et fiscales, a-t-il soutenu.

Et de préciser que l’augmentation des droits de douane décidée en 2020 « accusée à tort de détruire plus de 1,5 million d’emplois de vendeurs et de commerciaux » permettra au capital de se libérer et d’investir dans la création de préserver ses emplois et de créer plus de 600.000 emplois nouveaux et de la valeur ajoutée dans les régions enclavées du Maroc, rattraper les recettes fiscales et les revenus de travail et permettre de lutter contre l’emploi et l’économie informels.

D’après lui, la stratégie de formalisation de l’économie informelle échouera si « c’est l’option de la contrainte légale qui est choisie ».

Il faudra réduire l’usage du cash dans l’économie pour renforcer la traçabilité et disposer d’arguments et de preuves de fraudes. Aussi, trouver des mécanismes simplifiés de règlement de la Contribution Professionnelle Unique (CPU), ingénieuse car sans être excessive elle comporte une part sociale et une part fiscale, a-t-il recommandé.

« Il s’agit enfin de résoudre l’imbroglio de la collecte et du reversement de la TVA pour ce secteur et de permettre l’accès au financement et au marché pour les unités informelles productives, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée, surtout dans les régions enclavées car il va sans dire qu’aucun modèle de développement économique n’est viable sans équité économique entre les territoires », a dit l’expert.

L’informalité permet, certes, à de larges franges de la population de subsister et d’échapper au chômage, mais favorise en même temps la précarité sur le marché de l’emploi, exerce une concurrence déloyale sur les entreprises formelles et pénalise l’économie nationale, avec un manque à gagner très significatif en matière de recettes fiscales. C’est pour toutes ces raisons qu’il est nécessaire de persister dans les efforts déployés dans la lutte contre ce fléau.

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