Investissements, compétences… Les MRE, des potentiels sous-investis

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Des MRE arrivant à l'aéroport de Marrakech le 15 juin dernier. Image d'illustration. DR

Cinq millions d’individus disséminés dans les quatre coins du globe: la communauté des Marocains résidant à l’étranger est d’une densité et d’une diversité impressionnantes. Par leur nombre mais aussi par leur dynamisme, les Marocains du monde sont le porte-drapeau à l’étranger d’une grande Nation unie dans sa pluralité, qui représente un modèle unique en matière de développement, de stabilité et de vivre-ensemble.

Bien qu’extrêmement hétérogène, la diaspora marocaine a un dénominateur commun: l’amour du pays qui lui coule dans les veines et l’engagement à le défendre et à le servir de toutes les manières possibles. Là où ils se trouvent, qu’ils soient natifs du pays ou nés dans les sociétés d’accueil, les MRE gardent toujours un lien ombilical avec le « bled » et font de leur mieux pour transmettre ce sentiment d’appartenance à leur descendance.

Dans Son discours adressé à la Nation à l’occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, SM le Roi Mohammed VI met l’accent sur cette relation particulière que les MRE entretiennent avec leur patrie.

“Les Marocains du monde représentent un cas d’exception, si l’on considère la force du lien qui les unit indéfectiblement à leur patrie, leur attachement à ses symboles sacrés et leur engagement déterminé à défendre ses intérêts supérieurs, quels que puissent être les problèmes et les difficultés qu’ils affrontent”.

Et le Souverain d’ajouter: “Loin d’être l’apanage des immigrés de première génération, les attaches humaines solidement tissées avec le Maroc et la fierté de lui appartenir constituent un patrimoine qui se transmet de père en fils. C’est avec enthousiasme que les troisième et quatrième générations le revendiquent, d’ores et déjà, à leur tour”.

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L’opération Marhaba qui vient de prendre fin est l’une des preuves de l’attachement indéfectible des MRE à leur mère-patrie. L’opération a été un franc succès cette année avec un total de 1.117.736 passagers et 270.754 véhicules qui sont entrés au Maroc via les différents ports du Royaume depuis le début de l’opération le 5 juin dernier, et ce jusqu’au 29 août dernier, selon le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas. Sans parler des retombées économiques de cet afflux qui a offert un grand bol d’air frais aux professionnels du tourisme et aux commerçants, très apprécié en ces temps de reprise post-Covid.

Autre preuve éloquente de ce lien puissant: les transferts des MRE ont atteint un niveau record de 93,7 milliards de dirhams au titre de l’année 2021, en hausse de 37,5% comparativement à 2020, d’après le rapport annuel de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la situation économique, monétaire et financière.

Malgré leur solidité, force est de constater que les rapports avec les Marocains du monde demeurent circonstanciels et plutôt réduits à ces deux aspects: séjour estival et transferts monétaires. Hormis cela, cette frange de citoyens est quasi-absente du débat politique et public et la relation avec elle est marquée par un grand vide que les politiques publiques n’ont pas pu combler.

Pour Amine Saâd, journaliste et président de la fondation Trophées des Marocains du monde, “les MRE doivent devenir une communauté à laquelle un intérêt est porté tout au long de l’année, qui est impliquée dans le processus de développement économique ». « Puisqu’ils ont des spécificités propres, nous devons inventer une nouvelle forme de ‘lien’ économique, culturel et cultuel”, indique-t-il dans un entretien à la MAP. Dispersées, discontinues et à faible impact sur le terrain, les politiques publiques en la matière ont montré leurs limites. L’heure est à la coordination et à l’innovation pour trouver de nouveaux mécanismes permettant d’institutionnaliser la relation avec les MRE et l’intégrer dans la dynamique de croissance et de développement humain.

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L’investissement fait partie des domaines où il y a un énorme manque à gagner. Dans sa grande enquête sur la migration internationale parue en 2020, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a fait savoir que seuls 2,9% des Marocains ayant migré ont déclaré avoir réalisé des projets d’investissement au Maroc.

La même enquête a révélé une forte concentration de ces investissements dans les secteurs de l’immobilier (40,7%), l’agriculture (19%) et la construction (16,6%).

Interrogés sur les raisons pour lesquelles ils n’ont pas souhaité investir au Maroc, les migrants invoquent surtout l’insuffisance de capital (38,9%), les procédures administratives compliquées (14,0%) et le faible appui financier ou manque d’incitations fiscales (8,6%), selon l’enquête.

D’où l’importance de mettre en place, comme le prône SM le Roi, “des mécanismes efficaces de parrainage, d’accompagnement et de partenariat” pour séduire les plus réticents parmi nos compatriotes établis à l’étranger.

Outre l’investissement, la question de la mobilisation des compétences expatriées est primordiale. Car, comme le souligne le discours royal, “la communauté marocaine à l’étranger est notoirement connue pour les profils de classe mondiale qu’elle compte dans différentes filières : scientifiques, économiques, politiques, culturelles, sportives et autres”.

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Que d’opportunités gâchées et de potentiels galvaudés ! Surtout quand on sait que plus de 400.000 MRE ont un niveau “Bac+5 et plus” et que le Maroc, qui a lancé une série de chantiers structurants et de plans sectoriels ambitieux, a plus que jamais besoin de ces profils hautement qualifiés.

« Les compétences des Marocains du monde ont longuement été évoquées dans le discours du Souverain comme un réservoir au sein duquel le Maroc devrait puiser des ressources. Les liens qui unissent ces compétences à leur pays d’origine représentent un élément fondamental”, insiste Amine Saâd. En bons citoyens, engagés et dévoués, les Marocains du monde sont prêts à apporter leur pierre à l’édifice du développement de leur pays, de manière ponctuelle ou pérenne. Il ne leur faut que de la motivation et de l’accompagnement pour franchir le pas. Et tout le monde sera gagnant!

Par Meriem RKIOUAK-MAP

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