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Industrie: entre défis financiers et stratégiques, les PMI face à leurs limites
Publié leL’activité industrielle met les petites et moyennes entreprises industrielles (PMI) fece à des obstacles qui dépassent le simple cadre financier. Identifier et comprendre ces limites est nécessaire pour ces acteurs, afin de naviguer efficacement dans un environnement compétitif et souvent contraignant.
Les PMI marocaines, moteur potentiel de la croissance économique, peinent à s’imposer dans la production nationale. Confrontées à des contraintes structurelles et économiques, elles se retrouvent souvent limitées à des rôles de distributeurs ou de représentants d’industries étrangères, comme l’explique Othmane El Bahij, directeur de JIL Emballages, une entreprise qui opère dans le secteur de l’emballage.
De l’avis du responsable Développement de cette TPME qui peine à se lancer dans la production de ses propres produits, l’une des premières entraves majeures réside dans l’accès au foncier. Les PMI, particulièrement dans le Grand Casablanca, souffrent d’un déficit de zones industrielles publiques. «Les rares espaces disponibles sont issus d’initiatives privées, avec des loyers prohibitifs atteignant 40 000 à 50 000 dirhams pour des lots de 800 m²», regrette El Bahij. Ces coûts élevés limitent la capacité des PMI à s’installer et à investir dans des infrastructures de production. Un problème qui perdure au fil de l’année. Déjà en 2021,
Certaines recommandations préconisent la création de cinq nouvelles zones industrielles tous les ans dans le Grand Casablanca pour absorber la demande et ramener, par ricochet, les coûts à des niveaux beaucoup plus raisonnables. Restées lettre morte depuis. Et quand bien même ces entrepreneurs décident d’aller dans des zones excentrées, mais celles-ci ne disposent pas toujours des infrastructures nécessaires, comme des connexions portuaires ou ferroviaires adéquates.
Entre les coûts et le fisc
Outre le foncier, le coût de l’énergie constitue un frein. Les PMI utilisant des équipements nécessitant une haute tension (380 KVA) font face à des tarifs industriels élevés. Ce qui affecte sévèrement leur compétitivité. Par ailleurs, la fiscalité actuelle, notamment la taxe professionnelle, vient alourdir leur trésorerie. Calculée sur les actifs plutôt que sur la rentabilité, cette taxe ne reflète pas les performances économiques des entreprises.
Pour Othmane, «il serait préférable d’indexer cette taxe sur des indicateurs comme la valeur ajoutée ou l’excédent brut d’exploitation». Il rappelle que cette fiscalité inadaptée pèse lourdement sur les capacités de croissance et d’investissement des PMI, entravant leur contribution à la production nationale.
Le défi du financement
Le climat économique actuel accentue également les difficultés d’accès au financement. Selon notre interlocuteur, «les banques, frileuses face aux risques, exigent des garanties substantielles pour accorder des crédits». Chose dont les PMI, sont souvent dépourvues, n’ayant pas d’actifs suffisants et peinant à satisfaire de tels niveau d’exigences. Bien évidemment, cet obstacle majeur freine leur capacité à acquérir les équipements nécessaires pour lancer ou développer des unités de production.
Même les incitations existantes, comme l’exonération de TVA sur les équipements importés, ne suffisent pas à compenser les obstacles financiers rencontrés par ces entreprises.
Atténuer les contraintes logistiques
Autre défi majeur, l’accès aux ports, indispensable pour les PMI dépendantes de matières premières importées. Malgré les 3 500 km de littoral et les avancées significatives réalisées par le Maroc dans le domaine portuaire, avec l’expansion de Tanger Med et le développement du port de Casablanca, le manque de zones industrielles bien connectées reste un frein.
Selon El Bahij, la création de zones industrielles publiques doit s’accompagner d’une amélioration des infrastructures logistiques, incluant des ports secs et des réseaux ferroviaires pour faciliter le transport des marchandises. «Ces mesures sont essentielles pour encourager les PMI à s’installer en dehors des grandes agglomérations comme Casablanca», soutient-il.
Des perspectives malgré tout
Le Projet de Loi de Finances 2025 prévoit des mesures telles qu’une réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) et l’exonération des salaires inférieurs à 6.000 dirhams. Bien que saluées, ces initiatives sont jugées insuffisantes par les acteurs du secteur. Une meilleure communication sur ces mesures, notamment via des référentiels accessibles aux PMI, pourrait améliorer leur adoption et leur impact.
Pour répondre aux défis rencontrés par les PMI, une approche intégrée s’impose. Cela comprend la multiplication des zones industrielles publiques à des coûts accessibles, la réforme fiscale indexant la taxe professionnelle sur la rentabilité, un soutien renforcé au financement avec des garanties adaptées à la réalité des PMI, ainsi que le développement des infrastructures logistiques pour connecter les zones industrielles aux ports et aux axes ferroviaires.
Ces mesures, combinées à une collaboration accrue entre les PMI, les autorités publiques et les organismes de soutien, pourraient libérer le potentiel de ce segment crucial pour l’industrialisation du Maroc.