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IA et musique, chant des possibles et régulation à accorder
Publié le« Impossible de remettre le génie dans sa lampe quand il en est sorti », a posté sur Instagram, Young Guru, collaborateur de Jay-Z, au sujet de l’IA.
« L’IA est partout, depuis quelques années, même si on commence seulement à ranger ça sous un vocable unique », constate pour l’AFP Alexandre Lasch, du Syndicat national de l’édition phonographique en France (Snep).
Il ne faut pas forcément en avoir peur. « C’est le sens des choses, les technologies ont apporté beaucoup à notre industrie musicale, cette évolution va augmenter le champ des possibles », pose pour l’AFP Clarisse Arnou, de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (Upfi), avant de prévenir qu’il faut « encadrer ».
DeLaurentis, artiste électro française, a plongé en autodidacte dans l’IA. Cette fan du film « Blade Runner » — dont les protagonistes sont des « réplicants », doubles artificiels d’humains — travaille pour son prochain album (« Classical Variations Vol.2 », le 9 juin) et la scène avec un « choeur virtuel », développé avec l’aide d’un département technologie chez Sony et de l’Ircam à Paris (Institut de recherche et coordination acoustique/musique).
Son choeur version IA part de sa voix, « multipliée jusqu’à 21 voix », expose l’artiste à l’AFP. « Ce choeur a un comportement intelligent, avec un timbre et une respiration qui se mettent à ma hauteur ». « Je peux lui dire: +tu m’accompagnes en do mineur+ ou bien +surprends-moi+, comme un jazzman qui interagit avec les autres musiciens ».
Ici, tout part de DeLaurentis, créatrice et maîtresse d’oeuvre. On est dans le cas où l’IA « peut-être considérée comme un outil d’inspiration », décrit à l’AFP Emily Gonneau, auteure de « L’Artiste, le Numérique et la Musique ».
Où sont les frontières à ne pas franchir? David Guetta a utilisé l’IA pour une voix à la façon du rappeur Eminem pour un de ses shows. Le DJ star n’a pas commercialisé ce titre, expliquant à la BBC vouloir « ouvrir la discussion pour une prise de conscience ».
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Pour « amener une autre pierre au débat », comme le dit à l’AFP leur manager français Yann Nédélec, le groupe franco-américain AllttA vient de dévoiler sur ses réseaux un titre avec un vrai-faux Jay-Z, créé à l’aide d’une IA qui simule jusqu’aux gimmicks vocaux du rappeur américain.
« On n’a évidemment pas mis ce titre en distribution commerciale, on veut montrer qu’on est bien dans une zone grise et qu’il y a besoin de réguler », poursuit Yann Nédélec. Ce morceau ne figurera pas sur le nouvel album d’AllttA (« Curio », le 12 mai).
« On ne devrait pas pouvoir prendre votre nom, votre image et votre apparence sans votre permission », déplore Young Guru. Sont ici soulevées les « questions de l’autorisation, du consentement et, en cas d’exploitation commerciale, la notion de personnalité (droit à l’image, voix) », synthétise Emily Gonneau.
« Pour la contrefaçon, il y a des actions légales types, mais le parasitisme (profiter du travail ou de la notoriété d’autrui pour s’enrichir, ndlr) et le droit de la personnalité sont plus compliqués à faire valoir », pointe Alexandre Lasch.
« Dès lors qu’on copie une voix, une mélodie, qu’on la ralentit, l’accélère, ça pose problème, l’ayant droit est rarement consulté, ni rémunéré pour sa création originale. Il y a fort à faire pour encadrer », insiste Clarisse Arnou de l’Upfi, qui est associée à une initiative internationale en ce sens (www.HumanArtistryCampaign.com).
« La technologie va beaucoup plus vite que le droit », constate Alexandre Lasch. Avec 100.000 nouveaux morceaux par jour sur les plateformes, il n’y pas assez de radars, ni de gendarmes. « Je ne suis pas si pessimiste, il va y avoir un rattrapage juridique. Mais est-ce que, d’ici là, l’écosystème et la manière de faire de la musique n’auront pas déjà changé ? », conclut Emily Gonneau.