Une année seulement après son ouverture, le Kenzi Sidi Maarouf Hotel a reçu le label “Clef verte”…
Hôtels et certificat de mariage: un grand flou et un débat qui dépasse les hôteliers
Publié leL’information selon laquelle des couples ne disposant pas d’un certificat de mariage peuvent prétendre à une chambre d’hôtel au Maroc s’est répandue comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux ce weekend, à la faveur d’articles de presse sur l’adoption de cette mesure qui divise. H24Info a tenté de faire des réservations au nom d’un couple “illégitime” auprès d’hôteliers à Rabat, histoire de démêler le vrai du faux.
La mesure non écrite qui exigeait aux couples marocains souhaitant loger dans la même chambre d’un établissement hôtelier de présenter un certificat de mariage aurait été levée. L’information a fait le tour des médias et des réseaux sociaux ce weekend.
Premier constat après quelques coups de fil: le flou total. Auprès d’Onomo, par exemple, la levée est bel et bien effective, comme nous le confirment, après quelques hésitations, nos interlocuteurs de ce groupe hôtelier qui dispose de deux unités à Rabat. Toutefois, en ce qui concerne le séjour d’une cliente disposant d’une carte d’identité avec une adresse à Rabat, les deux hôtels, appartenant pourtant à la même chaîne hôtelière, ne sont pas sur la même longueur d’onde: l’établissement de Rabat-Médina refuse toujours d’accueillir les femmes ayant une adresse rbatie.
Auprès de l’hôtel Mercure, on nous confirme que le certificat de mariage n’est plus une condition pour effectuer une réservation. “C’est l’information que nous avons eue auprès des autorités publiques”, lance la réceptionniste comme pour se mettre à couvert contre toute éventuelle remontrance. Qu’en est-il de l’adresse de la cliente issue de la même ville? Après un silence gêné, notre interlocutrice confirme que ce n’est plus un problème non plus.
Interdiction aux couples non mariés de partager une chambre commune : ”Illégale”, tranche Ouahbi
Même son de cloche auprès de l’hôtel Belere à Rabat. “Le certificat non, mais vous devez fournir une pièce d’identité”, a lancé le réceptionniste sur un ton affable. Quand nous exposons que la cliente est en possession d’une pièce d’identité avec domicile à Rabat, il nous lâche, sans se départir de son amabilité, un “sans problème, marhaba”!
Changement de décor et de position. Auprès d’un riad de renommée situé au cœur de l’ancienne médina, le gérant nous confie avoir eu vent de cette nouvelle directive non écrite sur Facebook. Et c’est avec politesse et beaucoup de tact qu’il a refusé d’effectuer une réservation pour un couple non marié. “De toute façon, nous affichons complet pour les prochaines semaines”, s’est-il rattrapé.
Une position partagée par cet autre établissement classé 4 étoiles et situé dans le quartier Hassan. À la question « Acceptez-vous les couples ne disposant pas d’un papier administratif attestant leur relation matrimoniale?« , le réceptionniste répond vite: “En fonction des disponibilités.” Avant de se ressaisir: “Nous n’avons pas reçu de note écrite des RG (service des renseignements généraux, ndlr). Ce ne sont que des racontars sur les réseaux sociaux. Nous attendons des instructions écrites (…) Pour la résidence, nous n’avons jamais eu de problèmes à ce niveau. Toutes les personnes sont admises”, tranche notre interlocuteur.
Que le débat soit lancé!
À Helnan Chellah, on ne badine pas avec cette exigence. “C’est obligatoire le certificat de mariage chez nous”, lâche-t-on. Après quelques coups de fil à des unités hôtelières, l’on déduit que c’est en fonction de la catégorie du site que les établissements sont, plus ou moins, regardants sur le lien qui unit les clients.
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Contacté par nos soins autour de ce flou, Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), un peu remonté, semble méfiant. “Nous sommes le maillon faible de ce débat. C’est au gouvernement, au ministère de l’Intérieur, au ministère du Tourisme, au Conseil des droits de l’homme qu’il faut s’adresser, pas aux hôteliers que vous mettez dans l’embarras”, nous confie-t-il, le verbe agacé.
Pour ce professionnel, le débat est ailleurs: “Nous sommes des opérateurs qui se limitent à appliquer la loi. Nous sommes des exécutants« , tranche-t-il, regrettant que les opérateurs hôteliers soient livrés à la vindicte populaire, accusés de promouvoir la débauche et de vouloir faire du profit sur le dos de cette décision. “Aucun pays arabe ni du Golfe ne réclame ce document, même pas l’Arabie saoudite. Et pourtant, les indices sur la prostitution n’ont pas progressé dans ces contrées à cause de cette décision. Donc attribuez à cette mesure la promotion de la débauche est dénudé de tout fondement”, étaye-t-il.
Concernant ces divergences de position auprès des établissements à Rabat, Zelmat estime que c’est somme toute normal quand la loi ne soit pas claire et qu’on laisse la voie libre aux interprétations. Il estime, à juste titre, qu’en l’absence d’instructions écrites noir sur blanc, les professionnels vont agir selon leurs convictions. “Le Marocain est très conservateur, hôtelier ou pas. Il faut lancer le débat au niveau national et faire agir toutes les parties. Les lois évoluent, les sociétés changent… Mais sachez que c’est un débat qui dépasse, de loin, les hôteliers”, conclut-il.