Hausse des prix des épices: ça pique!

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Il n’y a pas une épice qui n'a pas augmenté. Des hausses pouvant aller jusqu’à cinq dirhams les 250 grammes. (Photo illustration AFP)

La quantité d’épices vendues sur le marché marocain, poivre, safran ou curcuma couvre largement la demande, malgré la hausse des prix. Mais la qualité est-elle toujours au rendez-vous?

Pour Lamyaâ, une employée de banque, c’est un rituel. À l’approche de chaque Aïd Al Adha, elle fait ses emplettes chez le marchand d’épices. Poivre, piment rouge, curcuma, safran ou cumin, des condiments dont certains moulus sur place, le tout emballé dans des sacs plastiques.

Et c’est au moment de payer où elle s’aperçoit que cette fois-ci la facture est plus salée que d’habitude. Il n’y a pas une épice qui n’a pas augmenté. Des hausses pouvant aller jusqu’à cinq dirhams les 250 grammes. “C’est ahurissant ces augmentations”, s’exclame la jeune femme. Un étonnement partagé par les autres clients qui, d’une seule voix, se plaignent aussi. Car dans un contexte marqué par une inflation quasi-générale, ces augmentations ne peuvent passer inaperçues. “Après le carburant, l’huile de table et les céréales, c’est au tour des épices maintenant !”, s’insurge un autre client. La scène se déroule dans un quartier résidentiel de la ville de Casablanca.

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Nombreux aujourd’hui sont ceux qui ne digèrent pas cette flambée. Pourtant, contrairement aux autres produits du quotidien, l’impact sur le pouvoir d’achat demeure insignifiant. En tout et pour tout, un Marocain consomme en moyenne par an entre 700 et 800 g d’épices, selon les estimations de la fédération des industries de la conserves des produits agricoles du Maroc (FICOPAM).

Il s’agit d’un marché qui pèse environ 2,2 milliards de DH de chiffre d’affaires avec près de 35.000 tonnes consommées par an. Un marché varié qui regorgent de produits différents. Il y a une trentaine d’épices, mais seulement six d’entre elles dominent le marché. Il s’agit du piment rouge (6.000 t), du poivre noir (5.000 tonnes par an), le cumin (4.500 t) ou encore le curcuma (1.500 t).

Alors pourquoi les épices ont connu de si grandes hausses ? La réponse nous vient de Driss Terrab, président de la section épices et plantes aromatiques de la FICOPAM. “Il n’y a pas un seul facteur qui entre en jeu. Mauvaise récolte dans les pays producteurs, manque de main d’œuvre ou encore et surtout les coûts du transport. Plusieurs éléments ont provoqué ces hausses des prix”, explique Driss Terrab.

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A part la piment rouge, toutes les épices viennent de l’étranger. Le Maroc importe une grande partie du Vietname ou du Brésil. Il y a quelques années, la Syrie était un grand fournisseur du Royaume. Aujourd’hui, les importateurs se sont tournés vers la Chine pour remplacer les condiments syriens.
Malgré les perturbations que connaissent les marchés mondiaux des épices, le Maroc n’a jamais connu de pénurie. “Le marché national a suffisamment approvisionné. Toutes les épices sont disponibles en quantité conséquente”, rassure M. Terrab.

Si la quantité est au rendez-vous, la qualité, elle, n’est pas toujours garantie. Des épices de grande valeur mélangées avec des ingrédients non autorisés comme des colorants et des agents de remplissage, dont certains allergènes: écailles d’arachides, farine de blé, etc…

“95% des épices sont vendues en vrac. Il n’y a pas assez de contrôles. Et les consommateurs se trouvent confrontés au problème de traçabilité”, prévient Driss Terrab. Du coup, au Maroc, seulement une infime quantité d’épices est emballée et étiquetée. Des produits qui bénéficient ainsi d’une traçabilité.

Les professionnels ont depuis plusieurs années proposé une série de mesures afin de réguler le marché et mettre fin à l’anarchie. La Ficopam, qui demande une baisse des droits de douane, espère par exemple qu’un jour l’emballage soit généralisé.

Ce que rapporterait la fin du vrac

Traçabilité: elle permet de retracer, à travers toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution, le cheminement de l’épice.

Emploi: “Dans les années 80, le pays comptait une vingtaine de marques et plusieurs unités de production du piment rouge. Aujourd’hui, cette niche a presque disparu”, déplore notre interlocuteur. Une réindustrialisation du secteur permettrait de créer des milliers d’emplois à travers le Royaume.

Recettes fiscales: le marché des épices échappe actuellement à toute fiscalité. Avec l’étiquetage, l’Etat pourra instaurer une TVA qui permettrait d’alimenter les caisses publiques.

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