Abdeslam Ahizoune a été réélu à l'unanimité président de la Fédération Royale Marocaine d'Athlétisme (FRMA)…
Ghalloussi critique la méthode Ahizoune pour museler les médias critiques
Publié leFace aux critiques qui ont suivi le fiasco de l’athlétisme marocain aux JO 2024, le président de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA), Abdeslam Ahizoune, aurait utilisé la publicité comme arme pour mesuler les médias critiques.
Après l’échec quasi-total de l’athlétisme marocain aux Jeux olympiques de Paris 2024, excepté la médaille d’or obtenue par Soufiane El Bakkali, les critiques se sont intensifiées à l’encontre du président de la FRMA, Abdeslam Ahizoune, également président du Directoire de Maroc Telecom depuis février 2001.
C’est cette deuxième casquette que l’homme fort de l’athlétisme national aurait utilisée pour répondre à la vague de critiques qui a suivi la participation des athlètes et autres sportifs marocains aux JO de Paris 2024. Ces critiques concernent également une dizaine de présidents de fédérations sportives qui, malgré leurs années de gestion, n’ont pas obtenu de résultats probants.
Mohammed Ghalloussi, président de l’Association marocaine pour la protection des biens publics (AMPBP), a déclaré qu’«Abdeslam Ahizoune s’est tourné vers l’utilisation de la publicité pour faire pression sur la presse et les médias qui critiquent son bilan nul dans le domaine de l’athlétisme, en coupant les financements publicitaires pour certains médias».
Dans un post sur les réseaux sociaux, Ghalloussi a affirmé qu’Ahizoune ne s’est pas contenté de menacer les médias, mais est passé à l’action. «Ce qui constitue, affirme-t-il, un scandale moral qui s’ajoute à ses échecs répétés à la tête de la Fédération royale marocaine d’athlétisme».
Ghalloussi a également noté qu’Ahizoune est agacé par les appels croissants à un audit des finances des fédérations sportives, y compris la sienne, qu’il a dirigée pendant une longue période, tout comme il est resté en poste chez Maroc Telecom sans être jamais tenu pour responsable.
Pas de reddition des comptes
Selon Ghalloussi, la FRMA «reçoit un soutien financier public important, dont un milliard de dirhams du Fonds national de développement du sport, de l’argent public et un soutien généreux sans résultats notables». Il estime qu’Ahizoune ne supporte pas la critique car il se considère au-dessus de tout reproche et non responsable. «C’est pourquoi il a décidé de couper les financements publicitaires pour la presse, illustrant comment les responsables de ce pays refusent la reddition des comptes».
Tout en rappelant que l’État marocain est actionnaire de Maroc Telecom, Ghalloussi a suggéré que «l’on peut se demander si Abdeslam Ahizoune a le droit de soumettre Maroc Telecom à ses caprices personnels comme il le fait avec la fédération qu’il préside», ajoutant qu’«Ahizoune semble ne pas intégrer la publicité dans une stratégie claire pour une entreprise qui domine le marché des télécommunications afin d’améliorer ses services, mais l’utilise plutôt à d’autres fins, ce qui soulève la question de savoir si la publicité accordée selon cette méthode ne constitue pas une tentative de corruption».
«Il est naturel que M. Ahizoune recoure à l’arrêt de la publicité pour les médias qui ont critiqué ses nombreux échecs, tout en étant habitué à se montrer avec le champion mondial Soufiane El Bakkali pour les photos», a-t-il poursuivi. «Il fait cela comme un message clair et un défi face aux demandes sociétales qui réclament la responsabilité et la reddition de comptes, ne voulant pas comprendre que le monde a changé et que le Maroc d’hier n’est pas le Maroc d’aujourd’hui».
Ghalloussi a également estimé que les contraintes auxquelles le pays est confronté aujourd’hui nécessitent des responsables qui travaillent réellement pour défendre les intérêts du pays, et non ceux qui s’accrochent aux privilèges et servent leurs propres intérêts et ceux de leurs proches.
«Il semble que M. Ahizoune se croit intouchable parce qu’il sait très bien que la loi ne frappe que les petits fonctionnaires, tandis que les grands requins sont à l’abri de tout danger», a-t-il accusé.
«Ceux qui comprennent M. Abdeslam Ahizoune et ses semblables, qui ont utilisé des fonds publics et une institution vitale de manière flagrante pour étouffer les critiques et intimider les voix appelant à mettre fin à la corruption et au favoritisme, doivent réaliser que la corruption et le favoritisme menacent l’État et la société, et constituent un véritable danger pour nous tous. La discrimination dans l’application de la loi et de la justice approfondit le sentiment d’injustice et de désespoir et creuse le fossé entre les institutions et la société», a conclu Mohammed Ghalloussi.