Gaza: une frappe israélienne visant le chef militaire du Hamas fait 90 morts

Publié le
Le Hamas dit avoir envoyé aux médiateurs des "idées" pour arrêter la guerre à Gaza
Des Palestiniens regardent d'autres personnes fouiller un appartement dans un immeuble résidentiel détruit par le bombardement israélien du quartier d'al-Daraj à Gaza, le 3 juillet 2024. © Omar AL-QATTAA / AFP

Israël a indiqué samedi avoir visé deux hauts dirigeants du Hamas, dont son chef militaire, dans le sud de la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien a fait état de 90 morts dans une frappe israélienne sur un camp de déplacés.

L’armée israélienne a affirmé avoir visé Mohammed Deif et Rafa Salama, respectivement chef de la branche armée et commandant à Khan Younès du Hamas, présentés comme « deux cerveaux du massacre du 7 octobre », date de l’attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

« Il n’y a pas de certitude qu’ils aient été éliminés l’un et l’autre », a ensuite affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. « Ces dernières semaines, nous avons identifié des failles claires au sein du Hamas (…) L’opération d’aujourd’hui y contribue aussi, qu’importe l’issue qu’elle aura« , a-t-il ajouté.

L’insaisissable Mohammed Deif avait annoncé dans un enregistrement diffusé par le Hamas, le matin du 7 octobre, le début de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa« . Avant la frappe de samedi, il avait échappé au moins à six tentatives d’élimination connues.

Lire aussi. Gaza-ville: une quarantaine de nouveaux corps découverts

« L’élimination des chefs du Hamas permet d’avancer vers la réussite de tous nos objectifs », a encore affirmé M. Netanyahu. « Cela envoie un message de dissuasion à tous les intermédiaires de l’Iran et à l’Iran lui-même. »

« Aucun endroit sûr »

Dans le secteur de la frappe, près de Khan Younès, dans le sud du territoire, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé que 90 Palestiniens avaient été tués « dont la moitié étaient des femmes et des enfants » et 300 blessés dans une frappe aérienne sur le camp de déplacés d’al-Mawasi, révisant à la hausse un précédent bilan d’au moins 71 morts.

Ce secteur avait été désigné par Israël comme « zone humanitaire ».

« La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas où, selon nos informations, seuls des terroristes du Hamas étaient présents, et aucun civil« , a indiqué l’armée, estimant que « la plupart des victimes étaient des terroristes ».

Le Hamas a estimé que les déclarations israéliennes visaient « à masquer l’ampleur de l’effroyable massacre ».

« Il y a eu un tir de drone, puis trois missiles », relate dans le camp frappé d’al-Mawasi, Mahmoud Abou Akar.

« Il y a des gens qui ont perdu des jambes ou des bras partout, c’est une scène inconcevable« , décrit, en pleurs, Mahmoud Chahine à l’AFP.

Selon l’Unrwa, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, environ 1,5 million de personnes se trouvent dans le secteur d’al-Mawasi, à Khan Younès et plus au sud à Rafah.

« L’affirmation selon laquelle les habitants de Gaza peuvent se déplacer vers des zones +ûres ou humanitaires est fausse« , a réagi sur X le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini. A Gaza « aucun endroit n’est sûr.  Personne n’est en sécurité », a-t-il souligné.

Après des mois d’appels internationaux pour un cessez-le-feu, le ton monte aussi en Israël contre le gouvernement, avec trois manifestations dans la soirée, deux à Tel-Aviv et une à Jérusalem, contre le gouvernement et pour réclamer un accord pour la libération des otages.

 

La guerre a éclaté le 7 octobre après l’attaque sans précédent du Hamas infiltré depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, et lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 38.443 morts, en majorité des civils, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

L’armée israélienne poursuit aussi ses opérations dans la ville de Gaza (nord), où plus d’une centaine de corps ont été découverts jeudi et vendredi dans des secteurs où de violents combats avaient fait rage, selon la Défense civile.

La Défense civile palestinienne a fait état de 20 morts samedi dans une frappe sur le camp de réfugiés d’al-Shati, à l’ouest de Gaza-ville.

L’armée israélienne n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.

La situation humanitaire est épouvantable dans le territoire palestinien assiégé: dans une école de Deir el-Balah, 14.000 Gazaouis déplacés partagent 25 toilettes, a dénoncé samedi l’Unrwa.

Sur le plan diplomatique, les efforts pour une trêve sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, continuent.

Lire aussi. Gaza: Netanyahu exige le contrôle d’Israël sur une zone frontalière de l’Egypte

Le président américain Joe Biden a affirmé vendredi que le « cadre » du plan de cessez-le-feu qu’il avait dévoilé le 31 mai avait été « accepté par Israël et le Hamas ». « Il y a encore des lacunes à combler » mais « la tendance est positive », a-t-il déclaré.

« Je ne m’éloigne pas d’un millimètre du schéma du président Biden, mais je ne permets pas non plus au Hamas de s’éloigner d’un millimètre« , a commenté samedi soir M. Netanyahu, qui a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du mouvement – classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne – et la libération de tous les otages.

Samedi, un responsable du Hamas, Bassim Nae’m, a affirmé à l’AFP que le mouvement appelait à une « pression » internationale sur le Premier ministre israélien « pour parvenir à un accord ».

Sur un autre front, à la frontière israélo-libanaise, le Hezbollah libanais a dit avoir lancé des roquettes sur le nord d’Israël – blessant quatre soldats selon l’armée israélienne – après une frappe israélienne qui, selon une source sécuritaire, a tué deux civils dans le sud du Liban.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Gaza: une frappe israélienne visant le chef militaire du Hamas fait 90 morts

S'ABONNER
Partager
S'abonner