Gaza: Israël inonde les tunnels du Hamas

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Deux soldats israéliens dans un tunnel situé sous l'hôpital Al-Chifa, dans la ville de Gaza, le 22 novembre 2023. (AFP)

Khan Younès, dans le sud de Gaza, est le théâtre mercredi de combats meurtriers entre le Hamas et l’armée israélienne, qui a admis avoir commencé à inonder les tunnels du mouvement islamiste palestinien, un des grands objectifs tactiques de la guerre.

Les pays médiateurs multiplient pendant ce temps les efforts pour parvenir à une nouvelle trêve, près de quatre mois après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.

Dans la nuit, selon un correspondant de l’AFP, des frappes nourries et des tirs de chars ont visé Khan Younès, une ville en grande partie détruite, devenue l’épicentre de la guerre.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que 150 personnes avaient été tuées en 24 heures à travers le territoire.

L’aviation israélienne « a mené des dizaines de raids contre le centre et l’ouest de Khan Younès, faisant des dizaines de morts et de blessés », a déclaré le gouvernement du Hamas.

Selon l’armée, 15 « terroristes » ont été tués mardi dans les combats dans le nord de la bande de Gaza et dix autres dans le centre.

Israël avait admis mardi avoir commencé à inonder les tunnels creusés par le Hamas dans le sous-sol de Gaza depuis qu’il y a pris le pouvoir en 2007, un dédale de galeries qui constituent un piège pour les soldats israéliens et où ont été retenus plusieurs otages.

Lire aussi. Gaza: négociations prévues à Paris entre CIA, Egypte, Israël et Qatar

Ce vaste réseau de couloirs bétonnés, équipés de cuisines avec accès à l’eau, est une véritable obsession pour l’armée israélienne, qui justifie ainsi ses bombardements de nombreux hôpitaux et autres bâtiments civils supposés cacher des tunnels.

Mercredi matin, selon des témoins, des tirs d’artillerie ont visé l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud du territoire.

Des milliers de civils y sont réfugiés tout comme dans l’hôpital du Croissant-rouge palestinien, al-Amal, près duquel le personnel a signalé des combats.

« Nous avons quitté l’hôpital Nasser sans matelas, sous les bombardements et frappes aériennes. Nous ne savions pas où aller. Nous sommes dans le froid, livrés à nous-mêmes, sans tentes et sans rien pour survivre », a témoigné une femme qui a fui pour Rafah, à une vingtaine de kilomètres plus au sud.

« Livrés à nous-mêmes »

Dans le territoire dévasté et assiégé par Israël, en proie à une crise humanitaire majeure, les bombardements ont poussé 1,7 million de Palestiniens, selon l’ONU, sur un total de 2,4 millions d’habitants, à fuir leur foyer.

La plupart se sont dirigés vers le sud à mesure que les combats s’étendaient. Plus d’1,3 million de déplacés, selon l’ONU, s’entassent à présent à Rafah, piégés contre la frontière fermée avec l’Egypte.

Ajoutant à la détresse de la population, les opérations d’aide aux civils de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) sont menacées après qu’Israël a accusé 12 des 30.000 employés régionaux de l’agence d’implication dans l’attaque du 7 octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas venus de Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré « d’anéantir » le Hamas et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26.900 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

A la suite des accusations contre des employés de l’Unrwa, treize pays ont suspendu leurs financements.

Le retrait des fonds à l’Unrwa « entraînerait l’effondrement du système humanitaire à Gaza, ce qui aurait des conséquences considérables », ont mis en garde des chefs de plusieurs agences de l’ONU.

Le gouvernement israélien a accusé mardi l’Unrwa d’avoir laissé le Hamas « utiliser ses infrastructures » pour mener ses activités militaires et « cacher des terroristes ».

Réunion au Caire

Pendant ce temps, les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar s’activent en coulisses pour tenter de convaincre Israël et le Hamas de s’engager dans une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui avait permis la libération d’une centaine d’otages à Gaza en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Au total, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza le 7 octobre. Selon les autorités israéliennes, 132 otages y restent détenus, dont 29 seraient morts.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est attendu mercredi ou jeudi au Caire, a annoncé à l’AFP à Gaza un responsable du mouvement.

La délégation du Hamas doit y rencontrer « des responsables du renseignement égyptien », selon ce responsable, pour discuter d’une proposition de trêve formulée lors d’une récente réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

Le Hamas « insistera sur la nécessité d’un arrêt total de l’agression » israélienne, « d’un retrait des forces d’occupation et du retour des déplacés dans le nord de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable, ajoutant que le mouvement rejetait « toute proposition » d’Israël qui porterait sur « un cessez-le-feu partiel et temporaire ».

Israël de son côté refuse un cessez-le-feu tant que le Hamas, qu’il a classé organisation terroriste tout comme les Etats-Unis et l’Union européenne, ne serait pas éliminé.

Alors que la guerre à Gaza a ravivé les tensions à travers le Moyen-Orient, les rebelles yéménites Houthis, alliés du Hamas, ont affirmé mercredi avoir visé un navire de guerre américain en mer Rouge, au large du Yémen, quelques heures après que l’armée américaine a dit y avoir abattu un missile.

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