France: la réforme des retraites à l’Assemblée, sous la pression de la rue

Publié le
France,SNCF,Réforme des retraites,Grèves,Manifestation
Elisabeth Borne. Crédit: DR.

Le compte à rebours est lancé: l’inflammable projet de réforme des retraites en France arrive lundi devant l’Assemblée nationale pour deux semaines à haut risque, sous la pression des opposants qui organisent deux nouvelles journées de mobilisation.

Le coup d’envoi des débats sera donné à 16H00 (15H00 GMT), dans un hémicycle qui s’annonce archicomble pour cette bataille autour du report de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ, réforme phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

A l’approche de deux journées d’action, mardi et samedi à l’appel de l’intersyndicale, la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne a martelé qu’avec cet âge légal à 64 ans, « nous demandons un effort collectif aux Français » mais « notre objectif est d’assurer l’avenir de notre système de retraite par répartition ».

Dans une concession de dernière minute, Mme Borne a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, une extension du dispositif carrières longues – une demande des députés LR (droite), dont les voix sont cruciales.

Ce geste sera-t-il suffisant ? Non, pour le député LR Aurélien Pradié notamment, qui demande d’aller plus loin pour ceux ayant commencé à cotiser tôt.

Lire aussi: France: un ministre clef mis en cause en pleine crise des retraites

Mais le président du groupe Olivier Marleix lui a rétorqué que « Les Républicains -ni aucun syndicat- n’ont demandé de modifier les règles d’accès aux carrières longues ».

Et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a estimé qu’il n’y avait « plus aucune raison » pour les députés LR de ne pas voter la réforme après la dernière concession du gouvernement.

Côté syndicats, l’effort de Mme Borne n’a pas convaincu: c’est une « rustine » qui « n’est pas la réponse » attendue « à la mobilisation massive constatée », a dénoncé Laurent Berger, le patron du syndicat CFDT.

Déjà deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, ont réuni chaque fois plus d’un million de manifestants selon la police, plus de deux millions selon les organisateurs.

« On compte sur le fait qu’il y ait des mobilisations pour que les élus de la République prennent en compte l’avis des citoyens », a déclaré lundi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Le trafic sera fortement perturbé mardi à la SNCF et la RATP, le réseau de transport parisien.

« Projet contre projet »

Lundi, les députés LFI (gauche radicale) défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme, « brutale » et « injuste ». Le vote sur leur motion pourrait donner quelques sueurs froides au camp présidentiel. Puis le groupe RN (extrême-droite), également contre les 64 ans, portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a elle peu de chances d’être validée par l’Assemblée.

Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20.000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13.000 par LFI – de « l’obstruction bête et méchante », étrille le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

« 20.000 amendements, c’est faire croire qu’on veut le débat et opposer la violence de l’obstruction », s’est agacé le ministre du Travail Olivier Dussopt. Mme Borne avait dit espérer « un vrai débat, projet contre projet », en lieu et place des « caricatures » jusqu’alors, selon elle.

Mais ce flux d’amendements « permet de gérer un peu le tempo, accélérer, ralentir », au lieu de se laisser dicter le rythme, oppose l’Insoumis François Ruffin.

Lire aussi: France: entre 1,27 et 2,5 millions de manifestants contre la réforme des retraites

Les macronistes, qui ne disposent que d’une majorité relative, ne sont pas à l’abri d’accidents de parcours lors de votes. Et si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte passera au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécurité sociale.

Ce temps contraint est vivement critiqué par les oppositions, qui comptent néanmoins parvenir à discuter de l’article 7 consacré au report de l’âge de la retraite. Les autres points chauds du texte se concentrent autour de la situation des femmes, qui pourraient être perdantes avec le recul de l’âge de départ, la pénibilité ou encore l’emploi des seniors.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

France: la réforme des retraites à l’Assemblée, sous la pression de la rue

S'ABONNER
Partager
S'abonner