Au moins 250.000 personnes ont défilé samedi en France contre l'extrême droite, en position de…
France: la campagne pour les législatives anticipées démarre sous tension
Publié le577 sièges de députés sont à pourvoir lors de ce scrutin prévu le 30 juin et 7 juillet, que le Rassemblement national (extrême droite) aborde en position de force avec environ 30% des intentions de vote.
Aux européennes, le parti de Marine Le Pen a remporté 31,4% des voix contre 13,8% pour le camp présidentiel, et son président, Jordan Bardella, 28 ans, vise le poste de Premier ministre malgré son inexpérience.
La perspective d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite a entraîné une brusque recomposition du paysage politique, des manifestations et de multiples déclarations.
Au lendemain de la prise de position tranchée de Marcus Thuram contre le RN, un autre footballeur vedette Kylian Mbappé a lancé dimanche un message « contre les extrêmes », sans prendre formellement parti pour un camp.
« Je suis contre les extrêmes, les idées qui divisent », a déclaré le capitaine de l’équipe de France en appelant la jeunesse à voter : « On voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir, on a l’opportunité de choisir l’avenir de notre pays », a-t-il dit.
Fracture à droite
Le coup de poker du président Macron pour tenter de retrouver une majorité stable qu’il n’a pas depuis sa réélection pour un second mandat en 2022, a provoqué une fracture à droite.
Le président des Républicains (LR, droite) Eric Ciotti a décidé de s’allier au RN au sein d’un « rassemblement des droites ». Et même s’il n’a pas été suivi par les cadres LR, sauf par une députée et le président du mouvement des jeunes du parti, il a indiqué dimanche soir avoir 62 candidats.
Le RN pourra aussi compter sur le soutien indirect du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour.
Malgré son hostilité au RN, son parti Reconquête ne présentera pas de candidat dans près de la moitié des circonscriptions pour favoriser « les artisans de l’union nationale » comme Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan.
De son côté, la branche LR anti-Ciotti, qui tente de continuer à se faire entendre, a annoncé dimanche soir avoir investi « près de 400 candidats ».
En deuxième position, avec 25% des intentions de vote, la gauche a réussi à surmonter en quelques jours des mois de divisions sous la bannière « Nouveau Front populaire ».
Ses leaders doivent tenir un premier rassemblement lundi soir à Montreuil, près de Paris.
L’alliance a obtenu la caution de l’ancien président socialiste François Hollande, qui se représente devant les électeurs comme candidat en Corrèze (sud), et le soutien de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin.
Tensions à gauche
Mais les tensions restent vives. Dans certaines circonscriptions, La France insoumise (LFI, gauche radicale) de Jean-Luc Mélenchon présente des candidats contre l’alliance.
Plusieurs figures historiques de LFI critiques de la ligne de M. Mélenchon, comme Alexis Corbière, sont entrées en dissidence et ont décidé de maintenir leur candidature bien que l’investiture leur a été refusée.
Certains postulants retenus par le mouvement de la gauche radicale, comme l’antifasciste Raphaël Arnault, fiché « S », dans la première circonscription du Vaucluse, suscitent de vives critiques.
Au programme du Nouveau Front populaire, le Smic à 1.600 euros net, un abandon de la réforme des retraites, l’indexation des salaires sur l’inflation. Un « désastre » pour le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Le camp présidentiel, qui fait campagne sous la bannière « Ensemble pour la République », a lui aussi présenté des mesures de pouvoir d’achat, comme l’augmentation du montant de la prime que les employeurs pourront verser sans cotisation sociale ni impôt, ou une baisse des factures d’électricité.
La majorité sortante a tendu des perches à des élus de droite, de gauche ou du groupe indépendant Liot, jugés constructifs et s’est abstenue de présenter des candidats dans une soixantaine de circonscriptions, notamment là où l’ancien président Hollande se présente.
« Ce n’est pas du tout renoncer à gagner, c’est au contraire se donner les chances de ne pas laisser aux Françaises et aux Français le choix entre le Rassemblement national et La France insoumise », a expliqué l’ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Sonnée par la dissolution et distancée dans les sondages autour de 20% des intentions de vote, la majorité est menacée d’arriver en troisième position dans nombre de circonscriptions derrière le RN et la gauche.