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France: inaudible aux Affaires étrangères, le macroniste Séjourné à la Commission européenne
Publié le« Absent », « une ombre »: le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné, nommé mardi commissaire européen, laisse l’image d’un ministre qui n’a pas su incarner la fonction mais reste dans les bonnes grâces du chef de l’Etat Emmanuel Macron.
« Le président de la République m’a fait l’honneur de me désigner au poste de Commissaire européen pour la France », avait-il réagi lundi sur X. « Je ne serai plus ministre (…) des Affaires étrangères dans les jours à venir. Conduire la diplomatie française a été l’honneur de ma vie ».
Un court mandat de huit mois, démarré en janvier, pour ce conseiller discret et fidèle d’Emmanuel Macron depuis 2014, qui était devenu, à 38 ans, le plus jeune patron du Quai d’Orsay. Son entourage mettait alors en avant « ses capacités d’adaptation », confiant du fait qu’il se saisirait avec entrain de tous les dossiers.
Dans ses précédentes fonctions à Bruxelles et Strasbourg, Stéphane Séjourné s’était notamment illustré — en toute discrétion — à la tête du groupe centriste et libéraux « Renew ».
« Je connais très bien Stéphane Séjourné », a commenté mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en annonçant sa nomination. « Nous avons très bien travaillé ensemble, et je suis convaincu qu’il sera un excellent commissaire européen », a-t-elle poursuivi.
La patronne allemande de l’exécutif bruxellois entretenait des relations notoirement exécrables avec Thierry Breton, le commissaire français sortant, qui a claqué la porte lundi en l’accusant d’avoir demandé son remplacement.
A Paris, l’identité de son successeur au sein du collège européen interroge toutefois.
« En toute objectivité, sur son bilan au Quai d’Orsay, on est bien en peine de trouver quelque chose », résume un diplomate du ministère, qui regrette l’incapacité de Stéphane Séjourné à faire entendre la voix de la France alors que des guerres se poursuivent en Ukraine ou à Gaza et que Paris redessine sa politique en Afrique.
Je remercie @EmmanuelMacron et @vonderleyen.
C’est un immense honneur de pouvoir continuer à servir l’Europe. 🇫🇷🇪🇺 pic.twitter.com/HLPxWYB9h6
— Stéphane Séjourné (@steph_sejourne) September 16, 2024
La brièveté de son mandat a joué contre lui, estime-t-il. De même que sa double casquette: politique intérieure et diplomatie.
« Sur les huit mois passés au Quai, le ministre a été concentré pendant cinq mois sur les élections européennes, puis sur les législatives », relève ce même diplomate.
« Et comment imprégner sa marque quand un président attend de son ministre des Affaires étrangères qu’il ne lui fasse pas d’ombre ? », plaide-t-il, Emmanuel Macron étant critiqué par beaucoup pour sa mainmise sur la diplomatie française. « De ce point de vue-là, sa mission est un grand succès », ironise-t-il encore.
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Ce bilan est « sévère et injuste », estiment certains collaborateurs, relevant, eux, la contribution de Stéphane Séjourné au réchauffement des relations diplomatiques avec le Maroc et la poursuite du soutien à l’Ukraine.
Reste que certains ambassadeurs étrangers en poste à Paris ne cachent pas leur déception : « il a tout simplement été absent », regrette ainsi l’un d’entre d’eux.
« Sa prédécesseure Catherine Colonna a été beaucoup critiquée mais c’était une diplomate de métier, une grande professionnelle qui s’intéressait aux sujets internationaux », observe une autre.
En public, Stéphane Séjourné semblait peu à l’aise avec la prise de parole, ce qui fait dire à plusieurs agents du ministère qu' »il n’a jamais incarné la fonction ».
Le ministre était en déplacement en Arménie lorsque la présidence française a annoncé lundi l’avoir proposé comme commissaire européen, « centré sur les enjeux de souveraineté industrielle, technologique et de compétitivité européenne ».
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Il sera à Strasbourg mercredi pour « échanger » avec les eurodéputés dans le cadre de ses nouvelles fonctions.
Depuis plus de deux mois, et des législatives qui n’ont dessiné aucune majorité à l’Assemblée nationale, la France est dirigée par un exécutif démissionnaire et tâtonnant. Et le nouveau Premier ministre Michel Barnier peine aujourd’hui à former un nouveau gouvernement.
L’annonce de son nom pour partir à Bruxelles avait été saluée lundi par la présidente du groupe Renew au Parlement européen, Valérie Hayer louant les « convictions » et « talents de négociateur au service des Européens » de Stéphane Séjourné. « Il a toute ma confiance comme futur commissaire », écrit l’eurodéputée.
A l’inverse, l’opposition française est vent debout.
« Le clan avant tout. Une constance en Macronie », a déploré le député Benjamin Lucas (gauche), quand le député d’extrême droite Laurent Jacobelli raillait « la République des copains ».