France: Barnier compose sa majorité, en commençant par les macronistes

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Le nouveau Premier ministre Michel Barnier commence mardi une tournée des groupes parlementaires du centre et de droite, dessinant les contours de la coalition majoritaire qu’il entend rendre visible dans son gouvernement, où ses camarades de LR sont désormais disposés à entrer.

Il est attendu à 19H00 à Rosny-sur-Seine, en clôture de la journée parlementaire des députés Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) et de leurs collègues sénateurs.

Il s’agit d’un premier test pour le nouveau locataire de Matignon, qui doit s’assurer d’appuis suffisants au Parlement avant la bataille du budget. Fraîchement accueilli par les macronistes à sensibilité de gauche, comme les deux ministres démissionnaires Agnès Pannier-Runacher et Roland Lescure, beaucoup plus chaudement par la frange droite du camp présidentiel, il va pouvoir jauger les rapports de force.

En ouvrant la réunion des 97 députés du groupe EPR qu’il dirige désormais, Gabriel Attal a rejeté mardi « tout blocage stérile » mais revendiqué « le droit d’être exigeant ». « Nous ne sommes pas près de brader nos valeurs. Nous défendrons nos idées et nous les défendrons avec force », a-t-il prévenu.

Une position d’équilibre qui traduit le malaise de certains. « Je ne sais pas si je suis dans la majorité ou l’opposition », s’est interrogé le député Ludovic Mendes, jugeant que Michel Barnier donne pour l’instant « plus de gages à droite et à l’extrême droite ».

Plusieurs ministres démissionnaires ont déjà fait savoir qu’ils souhaitaient faire partie de la nouvelle équipe. « Sa composition et sa feuille de route sont indissociables », estime le député macroniste Marc Ferracci qui souhaite que le gouvernement comprenne « des gens du bloc central à due proportion de ce que nous représentons à l’Assemblée ».

Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, qui pourrait être reconduit, a été reçu mardi matin à Matignon.

Le MoDem, le parti de François Bayrou, accueillera également le Premier ministre mercredi pour ses journées parlementaires à Cély-en-Bière (Seine-et-Marne). Marc Fesneau, ministre démissionnaire et chef des députés, a rencontré Michel Barnier mardi et a noté sa volonté d' »élargir » sa coalition gouvernementale vers la gauche.

Macron et Philippe au Havre

Troisième composante de l’ancienne majorité, le parti Horizons d’Edouard Philippe, a promis que ses partisans seraient « nombreux à l’aider » car « confiant au regard des objectifs qu’il se fixe, des grandes idées qui sont les siennes ». Michel Barnier doit rencontrer ses 33 députés mercredi à Reims.

Parallèlement à la délicate composition de son gouvernement, Michel Barnier doit aussi se préparer à plusieurs écueils, au premier rang desquels l’élaboration d’un budget a priori de rigueur alors que le déficit public français pourrait atteindre 6,2% en 2025 si la politique budgétaire restait inchangée selon une note du Trésor de juillet.

Lire aussi. France: Barnier à Matignon, déjà au défi de composer son gouvernement

Selon le rapporteur général du Budget, Charles de Courson, membre du groupe centrise Liot, « la situation politique actuelle » rend « impossible » l’objectif affiché de ramener le déficit public à l’équivalent de 3% du PIB d’ici 2027.

Les « efforts » qu’il faudrait réaliser seraient « complètement démesurés au regard de la composition de l’Assemblée nationale », où aucun groupe ne peut se prévaloir d’une majorité.

Autre pression politique, celle de la motion de censure que la gauche entend déposer dès l’ouverture de la session parlementaire début octobre, comme l’a confirmé sur France 2 le coordinateur national de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard. Celle-ci a cependant peu de chances d’être adoptée car le Rassemblement national (RN) a fait savoir qu’il ne la voterait pas.

Fabien Roussel (PCF) qui a annoncé qu’il serait reçu par Michel Barnier le 17 septembre, s’est dit mardi « sans illusion » sur l’homme « qui a 50 ans de vie politique et n’a jamais rien fait de social dans notre pays ».

LR au gouvernement

A droite, le président du Sénat Gérard Larcher a largement ouvert la porte à une participation de LR au gouvernement.

« Le Premier ministre me semble avoir fait siennes nos propositions et je crois que nous pourrons participer au gouvernement », a-t-il affirmé au Figaro.

« Personne n’a la majorité, le pays est très lourdement endetté, il y a des fractures (…) abyssales: il faut qu’on se retrousse les manches pour, au moins pendant quelque temps, réussir à sauver le navire France », a résumé mardi la porte-parole de LR Florence Portelli sur franceinfo.

Le patron des députés LR Laurent Wauquiez avait laissé plané le doute après un premier échange à Matignon vendredi, affirmant que la droite ne jouerait le jeu « que sur un programme » reprenant ses priorités – en particulier en matière d’immigration et de sécurité. Il se n’est pas exprimé, depuis, sur la présence de son parti dans l’équipe Barnier.

La question devrait être évoquée aux journées parlementaires de sa famille politique en fin de semaine à Aix-les-Bains, dans son fief savoyard, auxquelles il pourrait se rendre.

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