Festival Tanjazz: une 20e édition qui s’annonce exceptionnelle
Publié leEn septembre 2000, un festival nouveau-né du nom de TANJAzz poussait ses premiers cris sur la petite scène ouverte de la Mandoubia. Aujourd’hui, l’enfant timide est devenu un adulte solide: l’un des événements emblématiques de la nouvelle ère musicale marocaine qui célèbre sa 20e édition du 15 au 22 septembre prochains.
L’anniversaire des 20 ans s’annonce exceptionnel à plusieurs titres. D’abord par sa durée: du dimanche 15 au dimanche 22, soit huit jours complets, c’est à dire deux fois la taille d’un TANJAzz habituel, les quatre premiers jours étant dédiés au festival off et à la scène gratuite.
Côté programmation, le festival de jazz tangérois a fait le choix de réinviter la famille: 28 artistes ou formations ayant été plébiscités sur les scènes de TANJAzz sont prévus cette année, dont certains sont devenus têtes d’affiche après avoir été découverts à Tanger. Plusieurs artistes «historiques» seront présents, dont certains avaient accepté de se produire gratuitement lors des premières éditions pour «lancer» le festival.
Autre nouveauté, la volonté de rayonner dans la ville plus encore qu’à l’accoutumée avec de nouveaux lieux pour accueillir les rythmes d’un jazz toujours éclectique: le paisible jardin du musée de la Kasbah pour des concerts en après-midi, la moderne gare TGV et le vibrant Tanger City Mall, l’espace d’animation culturelle Tabadoul ainsi que les hôtels partenaires Barceló, Continental et Marina Bay.
Last but not least, ce 20e anniversaire verra le retour symbolique de la scène quotidienne gratuite, dite BMCI Ville, au sein du théâtre de verdure de la Mandoubia, lieu de naissance de TANJAzz, sur le Grand Socco. Cette résidence du Mandoub, autrefois close de hauts murs, est devenue entre-temps un immense jardin public ouvert à tous, poumon vert de la médina. Quel beau retour aux origines pour le festival!
Une programmation du tonnerre
«Ils sont tous, ou presque, déjà venus à Tanger. Le public les y a découverts, applaudis, plébiscités et, souvent, à souhaité les revoir», explique Philippe Lorin. Avec un œil dans le rétroviseur, voici les principaux points chauds du programme 2019.
Dimanche 15 septembre, c’est le Marocain Fouad Hani, qui aura l’honneur d’ouvrir ce 20e festival et la scène gratuite BMCI Ville, toujours fidèle à son style «bambaraouia» cool et dansant, après un premier passage en 2008 (à l’époque où le festival avait lieu en juin…).
Dès le lundi, Wab fera monter la pression avec sa Funky Machine et son talent d’human beatboxer déjà aperçu en 2011. Il sera le lendemain au Tabadoul et continuera de faire du bruit avec sa bouche. Le mardi, les quatre baroudeurs d’Awek, passés par là en 2012, reposeront les fondamentaux du blues sur la scène gratuite, diront la messe mercredi au Tabadoul, puis se lâcheront en fin de semaine au Palais, sur la scène Skoda.
On les a vus, on les a adorés et on en veut encore: la volcanique Sylvia Howard et The Black Label Swingtet, joyeuse troupe d’abonnés du TANJAzz depuis la toute première édition où ils se produisirent gracieusement pour lancer l’ambiance. Toujours prêts à faire tricoter les gambettes des amateurs de danse, ils seront les stars de la «Grande soirée d’avant première» proposée mercredi à 21h au Barcelò.
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En 2011, ils avaient fait le show avec leur swing pétillant et coloré: The Jive Aces, «incroyables talents» britanniques, après s’être produits devant la reine, sauront de nouveau faire bouger les foules, tant sur la scène gratuite du mercredi que plus tard dans la semaine au très dansant Club Audi.
Pour Circular Time, syndicat new-yorkais de bêtes de studio, ce sera la 3e fois qu’ils mettront le feu au Détroit avec leur funk torride. Les amateurs les attendent de pied ferme, jeudi sur BMCI Ville, vendredi au jardin du musée de la Kasbah et dimanche en clôture.
La belle Italienne Kicca dont la forte présence et la soul explosive avait marqué (en 2010) ouvrira le programme du Palais Moulay Hafid, jeudi 20h, avec les honneurs de la scène BMCI Palais. Autre transalpin, Nico Morelli prolongera la dolce vita au Club Audi avec son piano subtil, ses impros aériennes et ses fusions folkisantes. Découverte de l’édition n°1, heureux de jouer «pro bono», il fut qualifié, l’année suivante, au festival de Saint-Germain-des-Près de «révélation de TANJAzz» !
Cette première soirée s’achèvera au Club Audi avec une autre jeune pousse féminine révélée par la programmation TANJAzz, la Française Anne Sila (promotion 2016), timbre sensible et sentiment à fleur de peau. Vendredi, sur BMCI Palais, ce seront les retrouvailles avec la sublime Shakura S’Aïda qui après avoir fait l’affiche 2009 de TANJAzz, remettra en jeu son titre de reine du rock’n soul, en digne fille d’Aretha et de Tina.
En suite de programme, vendredi sur la scène Skoda, Nina Van Horn, multirécidiviste tangéroise (2010 et 2016), va une fois de plus embarquer le public dans son shaker de soul, jazz, R’n’B dopé à la nitro. Le même soir, plus tard, au Club Audi, David Costa Coelho, aperçu en 2006 et confirmé en 2014, remettra le couvert en swing avec son Smoky Joe Combo. Au cœur de la même nuit à l’Auditorium, le binôme belgo-hollandais David Linx (songwriter et vocaliste véloce) et David Wissels (au piano) confirmera son premier essai marqué en 2001.
Il passera la main aux Swing Messengers, quintet de classe, diplômé de la promo n°1 (cachet zéro), revenus en 2001, qui rendra hommage au mythique orchestre d’Art Blakey, excellent tremplin avant les Jam Sessions…
L’événement du samedi, on le chuchote pour éviter l’émeute… Buika is back! Après avoir déjà enflammée TANJAzz en 2014, elle réattaque sur la scène BMCI Palais. Comme chacun sait, ce n’est pas du jazz, de la soul, du funk ou du flamenco, c’est bien pire !
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Il faudra au moins les 100.000 volts du Puissance Jazz Big Band qui avait fait ses armes dans la rue dès 2001 pour se remettre les idées en place sur la scène Volkswagen, avant la délicieuse Morgane Ji, ovni de la world électro, très appréciée lors de la cuvée 2017.
Deux autres flashbacks alimenteront cette saturday night fever: The Wanton Bishop, sur la scène Skoda, révélation 2015 au blues hurlant, orientalo-psychédélique, made in Beyrouth, et, à l’Auditorium, Yvan «Melon» Lewis qui ne l’a pas pris (le melon !) depuis son dernier passage (également en 2015), étant pourtant l’un des pianistes les plus doués de l’actuelle génération cubaine.
Toute la semaine, les animations en ville seront aussi assurées par des musiciens ayant fait leurs premières armes dans le métro parisien, bonne école s’il en est! L’accréditation RATP –dont le directeur artistique Antoine Naso qui les auditionne fera le voyage– constituant un label de qualité apprécié. Citons notamment le quatuor street Billet d’Humeur, le double guitares-voix Charly Duo, le combo pop funk Escape From Acapulco et l’excellent Sénégalais de Paris Lidiop à la joie contagieuse.
Pour le brunch de clôture du dimanche, là encore les fidèles seront en terrain ami avec Circular Time, Fouad Hani, Batunga & The Subprimes (le street afro-funk de ces abonnées depuis l’édition 2012 fera aussi tchoutchou à la gare TGV et au City Mall samedi et vendredi) et Mlouk Gnawa, formation du maâlem Haddada.
A la Mandoubia, la scène gratuite s’achèvera aussi dans l’esprit tagmaouite avec l’iconique Gnawa Express de Tanger. Toute la programmation est à retrouver sur www.tanjazz.org (tarifs: 1.000 DH pour la totalité des spectacles du palais, pass quotidiens à 200 DH les jeudi et dimanche, 300 DH le vendredi et 400 DH le dimanche).