Fatima Karim, la blogueuse accusée d’«atteinte à l’islam», en grève de la faim

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L'internaute marocaine avait été condamnée le 15 août à deux ans de prison ferme pour "atteinte à la religion par voie électronique" par le tribunal de première instance d'Oued Zem. Crédits photo : Facebook Fatima Karim

La blogueuse accusée d’«atteinte à l’islam», Fatima Karim, observe depuis près de deux semaines une grève de la faim pour protester contre sa condamnation mi-septembre 2022 à deux ans de prison ferme pour avoir porté «atteinte à la religion islamique» sur Facebook, a rapporté sa famille au premier jour de novembre 2022.

Fatima Karim, 39 ans, a entamé une grève de la faim il y a 13 jours pour protester contre «son sévère jugement», a expliqué mardi 1er novembre à l’AFP un membre de sa famille qui a requis l’anonymat, en ajoutant : «nous craignons une détérioration de son état de santé».

En détention depuis la mi-juillet, Fatima Karim était poursuivie pour avoir commenté sur un ton satirique en langue arabe sur sa page Facebook des versets du Coran et des hadiths. L’internaute marocaine a été condamnée le 15 août à deux ans de prison ferme pour «atteinte à la religion islamique par voie électronique» par le tribunal de première instance d’Oued Zem, à l’est de Casablanca. Ce verdict a été confirmé en appel le 14 septembre.

Lire aussi. Prison ferme confirmée en appel pour Fatima Karim, la blogueuse accusée d’«atteinte à l’islam»

Devant le tribunal de première instance, elle avait fait valoir son droit à la liberté d’expression, garanti par la Constitution marocaine. Elle avait également présenté publiquement des excuses à «quiconque s’est senti offensé» par ses publications, assurant n’avoir jamais eu l’intention de porter atteinte à l’islam.

«Atteinte à l’islam par voie électronique»

Le parquet est à l’origine des poursuites. L’article 267-5 du Code pénal marocain, aux termes duquel Fatima Karim a été condamnée, puni de six mois à deux ans de prison ferme «quiconque porte atteinte à la religion musulmane». La peine est susceptible d’être portée à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction est commise en public et «y compris par voie électronique».

Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qui entrave la liberté d’expression et dont la formulation «ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte».

Une affaire similaire avait conduit en 2021 à la condamnation d’une Italo-marocaine à trois ans et demi de prison pour «atteinte à la religion musulmane» après avoir publié sur Facebook des phrases imitant des versets du Coran. La jeune femme avait été libérée peu après, sa peine ayant été réduite en appel à deux mois de prison avec sursis, à la suite d’une campagne de protestation de défenseurs des droits humains.

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