Ex-terroristes marocains d’Irak: le retour impossible au pays

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Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, et son homologue irakien, Fouad Hussein, inaugurent l'ambassade du Maroc à Bagdad, le 28 janvier 2023. DR

Condamné pour terrorisme en 2004 en Irak, le Marocain Adnane Sahmane a purgé sa peine de 20 ans de réclusion ce mois-ci. Sa famille s’est adressée aux autorités marocaines afin qu’il puisse regagner son pays. Il ne serait pas l’unique cas. Explications.

Son nom ne vous dit pas grand-chose, mais depuis deux décennies, le Marocain Adnane Sahmane purge sa peine dans les geôles irakiennes pour terrorisme. Comment en est-il arrivé là ? Flash-back.

En avril 2003, le jeune homme abandonne les Etats-Unis pour aller gonfler les rangs des terroristes en Irak. Pour y arriver, il emprunte un passage via l’Autriche avant de s’infiltrer en territoire irakien via la Syrie. Son arrivée en Irak avait coïncidé avec la chute du régime de Saddam Hussein.

Sur place, il se serait initié au maniement d’armes de type Kalachnikov et les lances roquettes propulsées par roquette non guidée (RPG). De même, on lui attribue sa participation à plusieurs opérations contre des convois des forces de la coalition à Fallouja et Tarmiya. Selon les autorités irakiennes, le présumé terroriste aurait évolué au sein de plusieurs groupuscules de la résistance, contrôlés par des chefs de tribus ou représentant les décombres du Parti « Baath irakien » déchu.

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On raconte aussi qu’il a réussi à convaincre les différents hommes forts de la résistance qu’il est un ex-afghano-marocain, dépêché par Al-Qaïda pour participer à l’organisation de la résistance en Irak. Son objectif était d’évoluer auprès d’Adnane Al-Maghribi et Abou Meryem, deux figures notoires jihadistes. Refusant de commettre des attentats kamikazes et devant cette situation, les responsables de ces groupuscules, lui, ont fait comprendre qu’il était indésirable, et l’appelant à quitter leurs rangs.

En attendant l’opportunité de s’infiltrer en Turquie, Adnane est arrêté durant un raid des forces de la coalition alors qu’il s’apprêtait à obtenir un faux titre de voyage auprès d’un faussaire. C’était le 13 mai 2004, il sera placé sous mandat de dépôt à la prison d’Abou Gharib avant d’être condamné à 20 ans de réclusion. À présent, qu’il a purgé sa peine, sa famille se mobilise pour qu’il puisse rentrer au pays.

Contacté par H24info, le ministère des Affaires Etrangères et des Marocains résidant à l’étranger n’a pas donné suite à notre requête et ce malgré la relance.

Enfance clandestine

Pour Aziz Ghali, le président de l’association des droits de l’homme AMDH, ils seraient environ 10 Marocains en Irak à partager le même sort d’Adnane Sahmane.

Nous comptons envoyer demain mardi une correspondance au ministère des Affaires Etrangères pour interpeler autour de leur sort”, souligne le militant marocain. Il ne s’agit pas là de la première action menée par l’ONG marocaine. Des démarches similaires pour se pencher sur le sort de ces ex détenus ont été entreprises auprès de l’ambassade du Maroc en Irak ainsi que celle de l’Irak au Maroc, en vain, regrette notre interlocuteur.

« Ce qui se passe c’est qu’une fois ne disposant pas de papiers, ces ex détenus tombent dans la clandestinité et se dirigent vers la Turquie où ils vivent cachés”, souligne t-il. Mais cette situation devient encore plus dramatique quand elle touche des enfants innocents. Selon des estimations des ONG, ils seraient plus de cinquante enfants marocains, sans identité ni existence administrative, en Turquie. À ce chiffre s’ajoute un nombre important d’enfants se trouvant en Syrie.

Et ceux arborant une double nationalité subissent une double injustice car les deux pays s’en lavent les mains et rejette sur l’autre la responsabilité, précise Ghali. « Sans papiers, ces enfants ne peuvent poursuivre leur scolarité, prétendre à une vie normale et sont condamnés à vivre clandestinement« , interpelle le militant associatif.

« Nous ne pouvons punir les personnes deux fois. S’il y a des poursuites contre elles, qu’elles soient engagées mais cette situation ne peut durer”, lance-t-il à l’adresse des autorités marocaines

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