Espagne: vers la reconduction de Pedro Sanchez après le rejet de la demande de Vox de paralyser l’investiture

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Espagne: Pedro Sanchez devant les députés pour être reconduit au pouvoir
Pedro Sanchez; © DR.

La Cour suprême espagnole a rejeté la demande de Vox de paralyser le débat d’investiture du Président du gouvernement Pedro Sanchez qui va demander mercredi au Parlement de le reconduire au pouvoir, fort du soutien des indépendantistes catalans obtenu en échange d’une loi d’amnistie très controversée.

La Cour suprême (TS) a rejeté la demande de Vox de paralyser le débat d’investiture alors qu’elle étudie s’il convient d’admettre le traitement de la plainte déposée par ce parti contre le Président du gouvernement par intérim Pedro Sanchez, l’ancien président catalan en fuite Carles Puigdemont, le PSOE et Junts (Ensemble pour la Cataloge) pour des délits de corruption présumée, recel ou collaboration au terrorisme, usurpation de fonctions du pouvoir judiciaire et négociations interdites aux agents publics, dans le cadre des négociations pour l’investiture, rapporte l’agence Europa Press.

Pendant ce temps, le Congrès des députés tient ce mercredi 15 et jeudi 16 novembre la séance d’investiture avec le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, comme candidat à la présidence du gouvernement.

A priori, Sanchez dispose de suffisamment de voix pour prêter serment comme président dès le premier vote, puisque le PSOE s’est assuré le soutien des partis Sumar, ERC (Gauche républicaine de Catalogne), Junts, Bildu, PNV, BNG et Coalition Canary, qui totalisent 179 députés, au-dessus de la majorité absolue de 176 sièges.

A 12H00 (11H00 GMT), le chef de file socialiste, à la tête de l’Espagne depuis juin 2018, prendra la parole devant la Chambre des députés, réunie en session extraordinaire, afin de présenter ses priorités pour ce nouveau mandat d’une durée de quatre ans.

Les responsables des autres formations politiques s’exprimeront ensuite à tour de rôle, avant un vote de confiance prévu jeudi en cours de journée, qui permettra à l’Espagne d’avoir un nouveau gouvernement, près de quatre mois après les élections législatives du 23 juillet.

Arrivé en deuxième position derrière son rival conservateur Alberto Nunez Feijoo, lors de ce scrutin convoqué après la débâcle de la gauche aux élections locales du 28 mai, Pedro Sanchez est assuré d’obtenir la majorité nécessaire à sa reconduction.

A la différence du chef de la droite, incapable d’accéder au pouvoir faute de soutiens suffisants au Parlement, le leader socialiste, réputé pour sa capacité à survivre politiquement, a réussi à nouer de multiples alliances au cours des dernières semaines.

Sanchez a ainsi obtenu le soutien de l’extrême gauche, avec qui il gouverne depuis trois ans, en échange d’un accord prévoyant une nouvelle hausse du salaire minimum et une réduction de 40 à 37,5 heures de la durée de la semaine de travail.

Pour gagner le soutien des partis catalans, Pedro Sanchez a néanmoins dû accepter une concession de taille: une loi d’amnistie pour les personnes impliquées en particulier dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 — l’une des pires crises politiques qu’ait vécue l’Espagne contemporaine.

Cette mesure, à laquelle le socialiste s’était dit fermement opposé jusqu’à la veille des législatives, va permettre « de guérir les blessures et de résoudre le conflit politique » en Catalogne, a justifié lundi soir l’un de ses proches, le ministre de la Présidence Felix Bolanos.

Lire aussi: Amnistie des indépendantistes catalans : Bruxelles demande des explications à Madrid

Cette amnistie — réclamée par Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires — a pourtant réveillé ces derniers jours une profonde fracture au sein de la société espagnole.

Dimanche, des centaines de milliers de personnes ont ainsi manifesté à travers le pays contre cette mesure, à l’appel du Parti populaire (PP) d’Alberto Núñez Feijóo. Et depuis dix jours, des rassemblements quotidiens de l’extrême droite, parfois violents, ont lieu devant le siège du Parti socialiste à Madrid.

L’amnistie « affaiblit l’Etat » et « récompense ceux qui se sont affichés publiquement comme les ennemis de l’Espagne », a insisté Miguel Tellado, haut dirigeant du PP, en appelant Pedro Sánchez à quitter l’Espagne caché « dans un coffre de voiture », comme l’avait fait Carles Puigdemont en 2017.

Le PP, ainsi que le parti d’extrême droite Vox qui appelle à la « résistance » face au nouveau gouvernement, ont prévu de multiplier les recours judiciaires contre l’amnistie. Selon la gauche, qui est certaine que cette amnistie respecte la Constitution, ces recours ne sont pas suspensifs.

Le projet de loi d’amnistie, déposé lundi au Parlement et que Pedro Sánchez espère faire voter dans les prochaines semaines, a également suscité la grogne au sein de la magistrature et provoqué l’inquiétude de Bruxelles, qui a demandé des « informations détaillées » à Madrid.

Signe des tensions réveillées par la mesure: plus de 1.600 policiers seront déployés mercredi et jeudi à Madrid pour l’investiture de Pedro Sánchez, selon le ministère de l’Intérieur. Soit un dispositif équivalent à celui d’un match de football classé à haut risque.

Si Sanchez n’arriverait pas à obtenir la confiance des députés demain jeudi, un second vote devrait avoir lieu 48 heures plus tard, samedi. S’il n’y parvient pas non plus, les élections devront être répétées le 14 janvier.

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