Espagne: après le départ d’Iglesias, Podemos désigne une nouvelle leader

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Membre de la coalition au pouvoir, le parti espagnol de gauche radicale Podemos doit désigner dimanche à sa tête Ione Belarra pour remplacer Pablo Iglesias, chef de la formation depuis sa fondation en 2014. 

Ministre de 33 ans chargée des Affaires Sociales, cette proche d’Iglesias aura la main sur ce parti héritier du mouvement anti-austérité des Indignés mais ne sera pas sa candidate aux prochaines élections législatives prévues au plus tard en janvier 2024. Un rôle qu’Iglesias a décidé de confier à la ministre du Travail, Yolanda Diaz.

Depuis dimanche et jusqu’à samedi, les militants de Podemos sont appelés à désigné leur nouveau numéro un alors qu’Iglesias a annoncé son retrait de la vie politique le 4 mai après son échec cuisant lors des régionales à Madrid, remportées par la droite.

Le résultat de ce vote sera dévoilé dimanche en tout début d’après-midi lors d’un congrès du parti à Alcorcón, une banlieue populaire de Madrid. Souhaitant prouver qu’il a pris du recul par rapport au parti, Iglesias ne sera pas présent à ce congrès.

– Premier cercle –

Le suspense est inexistant, Ione Belarra se présentant face à deux inconnus.

Membre du premier cercle de Pablo Iglesias, elle a hérité de son portefeuille ministériel quand celui-ci a quitté le gouvernement en mars pour se présenter aux régionales à Madrid.

Elle a par ailleurs pour numéro 2 sur sa liste la compagne de l’ex-professeur de sciences politiques, la ministre de l’Egalité Irene Montero.

« C’est une désignation (…) Elle a reçu l’onction d’Iglesias », explique à l’AFP Paloma Román, professeur de sciences politiques à l’Université Complutense de Madrid, celle-la même où enseignait Iglesias.

Connu pour sa queue de cheval jusqu’à ce qu’il se fasse couper les cheveux après son retrait de la vie politique, Pablo Iglesias a été le seul chef qu’ait connu Podemos depuis sa fondation en 2014.

Son règne sans partage à la tête de la formation a entraîné des frictions et le départ de plusieurs fondateurs de la formation comme son ancien bras droit et ami Íñigo Errejón, qui a depuis créé Más País, une formation rivale à gauche.

Pour tenter de faire taire les critiques, Belarra a promis « une étape beaucoup plus collégiale » au sein du parti.

Mais pour le sociologue et historien Emmanuel Rodríguez, spécialiste des mouvements sociaux et des Indignés, il sera « très compliqué » de mener une « refondation » pour Belarra alors que la formation reste « totalement conditionnée par les besoins de l’ancienne direction ».

 

– Parti de gouvernement –

 

Podemos est aujourd’hui la quatrième force politique à la Chambre des députés avec 35 sièges, derrière les socialistes, le Parti Populaire (PP, droite) et Vox (extrême droite).

Un poids très inférieur aux 69 sièges obtenus par le parti lors de son entrée en force au Parlement en décembre 2015 qui avait mis fin au bipartisme socialistes/PP régissant la vie politique espagnole depuis des décennies.

Depuis, Podemos a perdu 2 millions d’électeurs.

« Il reste très peu » de choses du projet original, juge le politologue José Ignacio Torreblanca, auteur d’un livre sur l’irruption de Podemos sur l’échiquier politique.

« Il y a eu d’abord un big bang, puis une perte de vitesse » pour ce parti qui a « renoncé à être un parti avec des profils idéologiques diversifiés » pour devenir une formation « communiste » dans son inspiration « mais entouré d’alliés lui donnant un vernis plus moderne », ajoute l’analyste.

Depuis 2020, Podemos est allié des socialistes au sein du gouvernement de Pedro Sánchez avec qui les tensions ont été nombreuses.

Au sein de l’exécutif, la formation dirigée par Iglesias a poussé des mesures sociales comme la hausse du salaire minimum ou la récente réforme faisant des livreurs de plateformes comme Deliveroo des salariés.

Des mesures défendues par la ministre du Travail Yolanda Diaz, qui a succédé à Iglesias comme vice-présidente du gouvernement.

Militante du Parti Communiste et non encartée chez Podemos, cette habile négociatrice doit être, avec la bénédiction d’Iglesias, la future candidate de la gauche radicale lors des prochaines législatives.

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