Escalade des menaces et violences entre Israël et le Hezbollah, appels à la retenue

Publié le
Liban: trois morts dans des frappes israéliennes, le Hezbollah bombarde le nord d'Israël
De la fumée s'échappe du site d'une frappe israélienne sur le village de Taybeh, dans le sud du Liban, le 4 août 2024, au milieu d'affrontements transfrontaliers en cours entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah libanais. © Rabih Daher / AFP

Israël et le Hezbollah au Liban ont échangé de nouvelles menaces dimanche sur fond d’une escalade des violences transfrontalières, la communauté internationale appelant à la retenue face aux craintes d’un embrasement.

Le chef de l’ONU Antonio Guterres s’est inquiété que le Liban devienne un « autre Gaza », en allusion à la guerre dans le territoire palestinien entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

L’Egypte a dit redouter une « guerre totale » au Moyen-Orient, avertissant que l’escalade entre Israël et le Hezbollah pourrait saper les efforts pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, où l’armée israélienne poursuit son offensive de représailles.

Désormais, le gouvernement israélien inclut dans ses objectifs de guerre le retour dans le nord d’Israël des dizaines de milliers d’habitants qui ont fui à cause des tirs du Hezbollah à partir du sud du Liban voisin.

Puissant acteur politique et militaire au Liban, le Hezbollah pro-iranien a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en « soutien » au Hamas, son allié, jurant de continuer à attaquer Israël « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ».

« Nous sommes déterminés à faire en sorte que les habitants du nord puissent revenir chez eux en toute sécurité. Aucun pays ne peut tolérer qu’on tire sur ses habitants, ses villes, et nous ne le tolérerons pas non plus », a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Nous avons infligé au Hezbollah une série de coups qu’il n’aurait jamais imaginés », a-t-il ajouté, s’exprimant pour la première fois sur ce sujet depuis les attaques, attribuées à Israël, contre les appareils de transmission du mouvement libanais et une frappe israélienne qui a décapité son unité d’élite vendredi.

« Nous saurons atteindre quiconque menace les citoyens d’Israël », a averti le chef d’état-major, Herzi Halevi. Il s’agit « d’un message au Hezbollah, au Moyen-Orient et au-delà ».

« Les menaces ne nous arrêteront pas: nous sommes prêts à tous les scénarios militaires » face à Israël, a lancé le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, lors des funérailles d’Ibrahim Aqil, le commandant de l’unité d’élite tué vendredi. Il a annoncé « une nouvelle phase » dans la bataille contre Israël.

« Nous sommes prêts à sacrifier nos enfants et nos petits-enfants pour Hassan Nasrallah », le chef du Hezbollah, a affirmé à l’AFP Amira Makki, sexagénaire, présente aux funérailles en brandissant des portraits de ses proches tués par des tirs israéliens.

Dimanche, l’armée a poursuivi ses frappes sur des cibles du Hezbollah au Liban, où les autorités ont fait état de trois morts, dont deux combattants du Hezbollah.

Le mouvement libanais pro-iranien a annoncé des tirs sur des sites militaires dans le nord d’Israël. Mais des projectiles ont atteint des zones habitées dont les environs de Haïfa, à une trentaine de kilomètres de la frontière libanaise.

Environ « 150 roquettes, missiles et drones » ont été tirés vers le nord d’Israël « sans faire de dégâts significatifs », a dit l’armée.

« Je suis inquiet, je sais que c’est possible que les missiles arrivent jusqu’ici », a dit Ilan Ravor, un habitant de Haïfa. Mais il dit avoir « confiance en l’armée » pour le protéger.

Selon l’armée, des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris dans le Nord, où les écoles sont fermées jusqu’à lundi inclus.

Les échanges de tirs ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions spectaculaires des appareils de transmission du Hezbollah qui a fait 39 morts et 2.931 blessés mardi et mercredi dans les fiefs du mouvement au Liban, selon les autorités libanaises.

Vendredi, la frappe israélienne sur un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth a décapité la force d’élite du Hezbollah, l’unité Radwan, dont 16 membres ont été tués y compris Ibrahim Aqil. Il y a eu 45 morts au total dont des civils, selon les autorités libanaises.

Face à cet engrenage de violences, les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont « exhorté » leurs ressortissants à quitter le Liban.

« Nous allons faire tout notre possible pour éviter qu’une guerre plus large n’éclate », a déclaré le président Joe Biden.

L’Union européenne et Londres ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. « La région est au bord d’une catastrophe imminente », a dit la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.

Depuis le 8 octobre, les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait des centaines de morts au Liban, principalement des combattants, et des dizaines de morts en Israël et dans le Golan occupé.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a mené une attaque dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l’UE.

Son armée a lancé une offensive d’envergure à Gaza qui a fait jusqu’à présent au moins 41.431 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Escalade des menaces et violences entre Israël et le Hezbollah, appels à la retenue

S'ABONNER
Partager
S'abonner