Enchères: l’Aston Martin DB5 de Bond, un record à 5,77 millions d’euros

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Simon Clay ©2019 Courtesy of RM Sotheby's

Conduit par James Bond dans Goldfinger, le bolide anglais truffé de gadgets a été adjugé près de 6 millions d’euros lors de la première des trois ventes RM Sotheby’s de Pebble Beach.

Vraiment spéciale, la DB5 de James Bond dans Goldfinger a déchaîné les passions jeudi dernier lors de la première des trois ventes aux enchères programmées par RM Sotheby’s, à Monterey, en marge du concours d’élégance californien de Pebble Beach. Un amateur de la marque Aston Martin et de James Bond n’a pas hésité à débourser 6 385 000 millions de dollars avec les frais, soit 5,77 millions d’euros selon le cours du jour (1 dollar = 0,905 euro). Avec cette Aston Martin à laquelle nous avions consacré un article lors de sa venue au salon Rétromobile de 2017, son nouveau propriétaire entre dans la famille Bond.

Les symboles sont tenaces. Cinquante ans après ses débuts à l’écran, la DB5 de Goldfinger est plus que jamais d’actualité. Le dernier plan de Spectre met en scène les retrouvailles du Commander Bond avec sa fameuse Aston Martin. On entend le vrombissement du six-cylindres en ligne puis on voit la GT anglaise conduite par double zéro sept s’éloigner de la caméra et passer au second plan, dans Londres encore endormie. C’est dire si l’Aston Martin a marqué durablement les consciences et symbolise à merveille l’univers bondien: un monde qui fascine et un héros auquel nous nous sommes tous identifiés, au moins une fois dans notre vie.

Certes, l’agent secret le plus célèbre est invincible. Immortel. Il a le permis de tuer. Cela peut servir par les temps qui courent. Il mène grand train, aux frais de Sa Gracieuse Majesté. Il voyage dans le monde entier, descend dans les palaces. Ses costumes sont taillés sur mesure. Il trempe ses lèvres dans les meilleurs flacons. Les plus jolies filles de la planète tombent dans ses bras. Mais, sans son Aston Martin, Bond ne serait pas tout à fait Bond.

 

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L’écran central accueille un système de repérage semblable à celui d’un jet de l’époque. Simon Clay ©2019 Courtesy of RM Sotheby’s

C’est à partir de Goldfinger, le troisième volet de ses aventures sorti sur les écrans en 1964, que mister Bond troque sa vieille Bentley pour une DB5. On la reverra aussi dans l’épisode suivant, Opération Tonnerre. La nouvelle GT de la firme anglaise de Newport Pagnell, présentée à Londres en 1963 au salon d’Earls Court, n’a pas été choisie par hasard. Elle incarne parfaitement la quintessence de l’élégance British et de la puissance. Alors que la science-fiction imprègne de nombreux domaines en ce début des sixties, pour s’imposer et faire entrer les aventures de James Bond dans une nouvelle dimension, le réalisateur Guy Hamilton a bien compris qu’il devait étoffer le jeu de son héros des temps modernes et multiplier les effets spéciaux.

Bientôt, on assiste à une surenchère dans ce domaine et les gadgets tels que les stylos lacrymogènes, ses briquets piégés, ses montres équipées d’un faisceau laser, ses lunettes munies de rayons X finissent par prendre une place prépondérante dans les missions de l’agent 007. Mais ce qui marque les esprits, c’est cette fameuse Aston Martin DB5 dont Sean Connery prend livraison dans les ateliers de «Q», responsable de la cellule chargée de développer les gadgets au sein du MI6, le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni.

Un arsenal de guerre

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Alliance de luxe et de sport, la planche de bord est strictement conforme à la DB5 de série avec ses fameux compteurs Smiths. Simon Clay ©2019 Courtesy of RM Sotheby’s

La preuve que cette Aston n’est pas que du cinéma, tous les gadgets existent vraiment et fonctionnent à merveille. Nous l’avons vérifié avant que le véhicule ne prenne ses quartiers, à partir de demain et jusqu’à dimanche, au salon Rétromobile, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Le coupé gris clair n’a plus rien à voir avec le modèle de série. Si la silhouette ressemble à s’y méprendre à celle que le catalogue du constructeur donne à voir, la DB5 de Bond a été transformée en véritable machine à tuer.

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Un panneau en acier faisant office de bouclier se déploie de la malle arrière, permettant à James Bond de se protéger d’un tir nourri de balles. Simon Clay ©2019 Courtesy of RM Sotheby’s

Le seul frein à la débauche d’équipements et de gadgets semble avoir été le pouvoir d’imagination du chef décorateur, Ken Adam, et du pape des effets spéciaux, John Stears, surnommé le «vrai Q», ainsi que la faisabilité technique de l’usine de Newport Pagnell. Visiblement, rien n’a été omis pour échapper aux situations les plus périlleuses. La DB5 est équipée d’un arsenal de guerre dirigé depuis un tableau de commandes dissimulé dans l’accoudoir du tunnel central. On s’en rend compte dès la 20e minute du film, lorsque Sean Connery suit à distance la Rolls-Royce du méchant Goldfinger sur la route du col suisse de la Furka, avant d’engager une course-poursuite avec une Ford Mustang décapotable.

L’explication tourne court. L’agent 007 actionne un bouton. Un éperon télescopique sort du moyeu de la roue arrière et déchiquette le pneu de la Ford. Plus tard, on découvre que la DB5 est équipée de butoirs de pare-chocs avant et arrière rétractables. Pour fausser compagnie aux hommes de main de Goldfinger, sous le pare-chocs arrière, à proximité des sorties d’échappement, une tuyère dégage un écran de fumée. Si cela ne suffit pas pour se mettre à l’abri, les petits feux supérieurs arrière renferment d’autres trésors. Celui de gauche se soulève pour libérer une buse pulvérisant une nappe d’huile sur la chaussée. Celui de droite sème des clous à trois pointes! Et Bond dispose encore de quelques atouts dans sa manche. Sous les deux clignotants avant se cachent les canons des pistolets mitrailleurs Browning calibre 30.

Dans l’usine d’Auric Enterprises, il réussit à se débarrasser d’un passager encombrant en déclenchant le siège éjectable gauche à l’aide du bouton rouge caché sous le pommeau du levier de vitesses. Lorsqu’il essuie un tir nourri de ses assaillants, Bond déploie une plaque en acier de la malle arrière. Elle se dresse à la verticale et fait office de bouclier pare-balles. Le pare-brise et les vitres latérales ont aussi été réalisés pour résister à l’épreuve des balles. Ce n’est pas tout.

 

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Le rétroviseur côté conducteur comporte un système de visée. Dans la portière de droite, double zéro sept dispose d’un téléphone en Bakélite. Un écran de géolocalisation, ancêtre du GPS de navigation, prend aussi place à la base de la console centrale et permet de suivre à la trace Goldfinger. Enfin, les plaques minéralogiques pivotantes feraient sans doute le bonheur des automobilistes qui veulent échapper aux sanctions des radars qui fleurissent sur le bord des routes. Le système offre le choix entre trois numéros: anglais (BMT 216 A), suisse (LU 6789) ou français (4711 EA 62). Par contre, le bouillonnant «Q» n’avait sans doute pas prévu que Bond parte en week-end ou en vacances. Le coffre est entièrement occupé par les systèmes permettant de faire fonctionner l’ensemble des gadgets.

Deux personnes sont nécessaires pour soulever le couvercle de la malle alourdi par la plaque bouclier en acier. D’ailleurs, les systèmes grèvent le poids de la DB5 qui frise les 2 tonnes, soit un supplément de près de 500 kg. De fait, la DB5 Goldfinger n’est pas aussi performante et agile qu’une DB5 de série.

Selon les registres de l’usine Aston Martin, la voiture présentée sur le salon Rétromobile en 2017 et vendue aux enchères par RM Sotheby’s est l’un des quatre exemplaires que la société de production EON a commandés au constructeur anglais alors au faîte de sa gloire. Répertorié DB5/2008/R et sortant d’une restauration de près de trois ans assurée par les ateliers de Roos Engineering en Suisse, le modèle présenté serait une voiture de réserve, utilisée à des fins de promotion publicitaire.

Achetée en 1969 par Lord Anthony Bamford, à la tête d’une splendide collection de Ferrari et propriétaire de l’entreprise d’engins de travaux publics JCB, la DB5/2008/R devient, au début des années 1970, la propriété de Atchley dans le Tennessee. La GT anglaise va rester pendant 35 ans dans le musée de Pigeon Forge, aux États-Unis. En 2006, RM Auctions la met en vente et la DB5 revient en Europe. Depuis, une restauration complète a été réalisée par les ateliers Roos Engineering en Suisse. La DB5 la plus connue au monde est désormais à l’aube d’une nouvelle vie.

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Les moyeux intègrent un éperon télescopique. Dans Goldfinger, il permet de lacérer le pneu de la Ford Mustang décapotable conduite par l’actrice Tania Mallet et ainsi de la mettre hors course. Simon Clay ©2019 Courtesy of RM Sotheby’s

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