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En Tunisie, la plupart des migrants vivent dans la rue
Publié lePlus de la moitié des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile qui proviennent surtout d’Afrique subsaharienne en Tunisie vivent dans des conditions « inadaptées« , à la rue ou dans des campements improvisés, a dénoncé mardi une ONG tunisienne spécialisée.
« Plus de la moitié » de ces migrants survivent dans « les rues, des parcs publics, des campements (de fortune) et d’autres zones à l’air libre », selon une étude du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
Avec ses côtes situées à moins de 150 kilomètres de l’Italie, la Tunisie est, avec la Libye voisine, le principal point de départ en Afrique du nord pour les migrants subsahariens cherchant à traverser la Méditerranée et à rejoindre clandestinement l’Europe.
Selon le ministère de l’Intérieur tunisien, du début de l’année jusqu’au 14 juillet, plus de 74.464 migrants ont été interceptés alors qu’ils tentaient de « franchir les frontières maritimes en direction de l’Europe », plus que sur l’ensemble de 2023 (environ 70.000).
Après un discours aux accents xénophobes du président Kais Saied en février 2023 dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens », des dizaines de milliers d’entre eux se sont retrouvés sans logement ni travail.
Plusieurs milliers de migrants avaient alors été rapatriés en urgence par leurs ambassades ou avaient pris la mer pour fuir la Tunisie. Ceux qui sont restés, rejoints par un flux continu de nouveaux migrants entrant notamment par la frontière algérienne, ont été chassés à partir de septembre 2023 de grandes villes comme Sfax vers des champs d’oliviers plus au nord.
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A Tunis aussi, des campements de fortune installés devant des institutions onusiennes comme le HCR et l’OIM ont été évacués de force ces derniers mois.
Selon l’étude du FTDES, plus des deux tiers des migrants ont dû changer de lieu de vie au moins une fois l’an passé à cause de « contraintes sécuritaires » et de « violences infligées par la population locale ».
Un total de 77% des personnes interrogées dans l’étude du FTDES ont dit avoir été victimes d’agressions verbales ou physiques. Même malades, neuf personnes sur 10 ont dit renoncer à se faire soigner « par peur d’être arrêtées ».
Les migrants sont pris au piège entre les mauvais traitements subis en Tunisie et les pressions exercées par l’Union européenne pour que Tunis renforce sa lutte contre l’immigration irrégulière, selon le FTDES.
Cette situation est exploitée politiquement par le pouvoir tunisien « à la fois pour recevoir davantage de fonds (de l’étranger) et pour se présenter en interne comme protégeant les Tunisiens », selon le porte-parole du FTDES, Romdhane Ben Amor.
A l’été 2023, la Tunisie et l’UE ont signé un partenariat qui prévoit le versement de 105 millions d’euros en échange d’efforts accrus de la Tunisie pour freiner l’émigration clandestine vers l’Europe.