Zoom. Après deux ans de covid, les opérateurs de l’événementiel au bord de la faillite

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Suite à la pandémie du Covid 19 et aux restrictions sanitaires, les opérateurs de l’événementiel sont quasi à l’arrêt depuis deux ans. Pour s’en sortir, certains se sont reconvertis dans d’autres activités.

Au Maroc, le secteur de l’événementiel est au bord de la faillite. Avec le maintien de la fermeture des frontières et, surtout de l’interdiction des rassemblements pour lutter contre le Covid-19, plusieurs opérateurs n’arrivent plus à s’en sortir. « Tout ce qui est évènementiel est en stand-by depuis des mois, surtout pour les agences qui, comme la mienne est spécialisée dans tout ce qui est congrès, banquets, séminaires et festivals. C’est des évènements grand public et puisqu’il y a des restrictions, tout est bloqué pour nous. Il n’y a rien », nous confie Zakia, qui dirige une agence d’événementiel à Casablanca.

« Dès qu’on retrouve un peu d’espoir et qu’on commence à prospecter et faire des recommandations stratégiques à nos clients, les annonces de nouvelles restrictions tombent et les bons de commandes s’arrêtent net. On travaille donc sans arrêt, mais on n’arrive pas à concrétiser, sachant que nous avons des charges fixes, des employés, un loyer à payer, etc », déplore-t-elle.

La pandémie de Covid-19 « est loin d’être terminée », selon le patron de l’OMS

Avant la pandémie, l’agence de Zakia travaillait notamment avec deux grands festivals grand-public tous les ans. « Ce sont des festivals qui réunissaient beaucoup de spectateurs en plein air, entre 100.000 et 150.000 personnes. Vu les conditions actuelles, impossible de faire ça », poursuit-elle.

Reconversion pour survivre 

Comparé à il y a deux ans, le chiffre d’affaires de l’agence s’est écroulé de 70% environ, « tout en sachant que j’ai trouvé un autre créneau pour survivre », précise-t-elle. Pour cela, Zakia s’est en effet tournée vers un secteur qu’elle ne connaissait pas vraiment avant la pandémie.

« La solution que j’ai trouvée, était de me convertir dans un autre secteur en attendant, c’est la production audiovisuelle. Il y a des agences de production qui sous traitent chez nous quelques-unes de leurs actions », nous indique-t-elle, mais c’est du dépannage. On est loin de réaliser les mêmes chiffres d’affaires qu’avant ou même de couvrir toutes les charges ».

Et d »ajouter: « Heureusement, je suis une petite agence donc je n’ai pas énormément de charges salariales, mais j’imagine que les grandes structures, les boites de production qui ont du matériel, du personnel et des masses salariales énormes ont du mal à s’en sortir J’espère que les chiffres d’affaires et bénéfices des années précédentes vont leur permettre de couvrir leurs charges actuellement.

Selon elle, plusieurs de ses confères ont déjà déclaré faillite, « surtout ceux qui ont investi fin 2019 dans du matériel qu’ils doivent amortir. Vu qu’il reste stocké, il perd de sa valeur et avec le temps, il devient obsolète. C’est une perte sèche ».

Reda, qui dirige depuis 25 ans une agence d’événementiel spécialisée dans le son, la lumière et la vidéo à Casablanca, est dans cette situation. « Nous équipons pratiquement toute sorte d’événements, de la petite conférence aux plus grands festivals, en passant par le corporate, les salons…etc. J’ai 25 ans de métier et du jour au lendemain, tout est tombé à l’eau. C’est la première fois de ma vie où des fois je n’ai pas un dirham dans ma poche. J’ai des amis qui aujourd’hui ne se retrouvent même pas à zéro, mais dans les sous-sols. C’est très difficile », nous raconte-t-il.

Garder espoir

Depuis le début de la pandémie, cet entrepreneur a vu quasi tous ses collaborateurs partir. « J’ai des personnes qui ont démarré chez moi, qui ont 15, 16 ans, 18 ans de métier. A un certain moment, je n’avais plus de quoi les payer. Je n’ai licencié personne, mais les gens sont partis et je n’ai pas pu les retenir. On les a aidé quand on pouvait, mais là je suis au bord de la fermeture », regrette notre interlocuteur.

« J’avis une dizaine de salariés. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’un qui sera à la retraite dans deux mois. Tout le monde est parti, ils ont même changé de métier », assure-t-il.

Si les 2.000 dirhams « périodiques » de la CNSS leur ont été versés dans un premiers temps, cela n’a pas été suffisant pour maintenir les postes. « Je comprends que l’Etat a déjà déboursé pas mal d’argent, mais on est en train de baisser les rideaux, le chômage dans le secteur est en train de grimper. Nous sommes dans une impasse », souligne Reda. 

Pour alerter sur leur situation, les opérateurs du secteur se sont organisés début 2021 en créant une association. Le Groupement professionnel des prestataires de l’événementiel au Maroc (GPPEM) a sorti en février dernier une première étude sur l’impact de la pandémie sur l’’événementiel. Elle estime que 93,5 % de ses opérateurs vivent la « pire conjoncture » de l’histoire et que 57 % d’entre eux ont vu leurs chiffres d’affaires baisser de 75 %.

« Ce secteur là a permis de faire connaitre le Maroc à travers, Qui aurait dit un jour qu’on pouvait avoir des festivals partout au Maroc, du nord au sud et que les plus grandes stars internationales viendraient s’y produire? » s’interroge Reda, estimant que le secteur a beaucoup contribué au développement du Maroc ces dernières années.

Comme lui, beaucoup espèrent encore une reprise proche et la fin de la pandémie. « On garde espoir, parce qu’il faut rester positif. On n’a que ça. Mais si cette pandémie nous a appris quelque chose, c’est qu’il n’y a pas de garantie dans ce métier. Il a fallu qu’on se retrouve à découvert pour comprendre que l’on était pas couverts par les gens qui nous entourent ».

En décembre dernier, après avoir limité la présence aux obsèques et funérailles à dix personnes, le gouvernement a annoncé de nouvelles restrictions pour lutter contre le variant Omicron. « Sur la base des dispositions juridiques relatives à la gestion de l’état d’urgence sanitaire, et dans le cadre des mesures préventives en vigueur pour limiter la propagation de la pandémie du Coronavirus, et en vue de la préservation de la santé des citoyennes et des citoyens, le gouvernement a décidé d’interdire tous les festivals et manifestations culturelles et artistiques », précisait alors un communiqué de l’Exécutif.

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