Vidéo. Jouahri: "L'émergence du Maroc passe par la flexibilisation du dirham"

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Le ministre de l'Economie et des finances Mohamed Boussaid et le gouverneur de Bank Al-Maghrib Abdellatif Jouahri. Crédit MAP

Le ministre de l’Economie Mohamed Boussaid et le Wali de BAM Abdellatif Jouahri ont tenu une conférence de presse pour tenter de répondre aux doutes concernant le nouveau régime de change du dirham, entamé lundi dernier.
L’incompréhension et la peur se sont emparées d’une partie de la société marocaine vis-à-vis de la réforme du régime de change entamée le 15 janvier dernier et qui se traduit par l’augmentation de la bande de fluctuation de la parité du dirham de +/-0,3% à +/-2,5%. Face à cette situation, Mohamed Boussaid, ministre de l’Économie et des finances, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM) ont tenu une conférence de presse, jeudi 18 janvier à Rabat. À l’ordre du jour: les raisons du passage à un régime de change flottant.
Une mesure réfléchie et longuement préparée
D’entrée, les intervenants ont assuré qu’il s’agit d’une décision souveraine émanant de la propre volonté des autorités et qui intervient après plusieurs années d’études, d’analyses et de benchmarks sur les impacts de cette reforme sur l’économie et le pouvoir d’achat. Mais surtout, ce n’est que lorsque «nous avons estimé que les prérequis étaient satisfaits que nous avons engagé la préparation pour l’adoption du nouveau régime de change», a souligné Jouahri.
En effet, le régime de change fixe, auparavant adopté par le Maroc, conjugué aux politiques macro-économiques menées par les autorités et à la politique monétaire de BAM ont permis une relative maîtrise de la dette publique, du déficit budgétaire et de l’inflation et de l’inflation et le maintien d’un matelas de réserves de changes approprié. De plus les rapports publiés par le Fonds monétaire international (FMI) au cours des dix dernières années ont montré qu’il n’y pas de désalignement du dirham avec les fondamentaux économiques du Maroc. Et avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réforme, BAM et le département de Boussaid ont mené des simulations qui ont montré que son effet sur la croissance serait positif en 2018 (+0,2 point), tandis que l’impact sur l’inflation serait de +0,4 point, soit 1,9%.
Dans de telles conditions favorables et face aux dernières mutations économiques qu’a connues le monde, principalement depuis la crise de 2007, la nécessité d’aller vers un régime de change plus adapté s’est confirmée. Et en augmentant la bande de fluctuation de la parité du dirham de +/-0,3% à +/-2,5%, le Maroc a intégré le groupe très limité des pays qui ont choisi volontairement de migrer progressivement vers un régime de change flottant.

Compétitivité renforcée
La nouvelle réforme du régime se veut un levier de compétitivité pour l’économie nationale. Par exemple, les exportations du Maroc profiteront d’un avantage en termes de compétitivité-prix non négligeable. «C’est l’élément structurel de contribution à la constitution des réserves d’un pays, a expliqué Jouahri. Le tourisme peut avoir des problèmes, les IDE aussi. Mais là où vous prélevez sur la richesse des hommes (…), c’est lorsque l’exportation est compétitive, que vous avez de la valeur ajoutée à exporter. À ce moment-là, vous avez les ressources pour pouvoir constituer le matelas de réserves nécessaires pour être à l’abri». De même, la flexibilisation du dirham est également un levier d’appui à l’appel aux investisseurs, sans oublier qu’elle devrait renforcer la capacité de l’économie marocaine les chocs exogènes (Brexit, prix des matières premières, crise des dettes souveraines…).
«Nous ne disons pas que tout est parfait, mais nous pensons que l’élargissement d’une bande de 0,3 à 2,5 est un premier pas vers une reforme qui peut être beaucoup plus porteuse avec les autres reformes structurelles», a continué le gouverneur de la banque centrale marocaine. Et d’ajouter que si le Maroc veut accéder à la catégorie des pays émergents, il est impératif de passer par ce qu’il appelle les «réformes structurelles de deuxième», dont fait partie la flexibilisation de la devise nationale.
Des débuts prometteurs
Par ailleurs, Boussaid a souligné que les signaux donnés dans les premiers jours du lancement de la nouvelle réforme sont «très rassurants», et que le passage à un régime flottant se fera «graduellement». «Nous allons mener cette réforme graduellement, avec prudence, afin qu’il n’ait pas d’impact négatif majeur», a dit le ministre de l’Économie et des finances.

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