Tribune libre. Au Maroc, une inflation importée et non d’origine monétaire

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Jouahri,Bank Al-Maghrib,Devises,Inflation,Planche à billets,FMI
Dr. Yassine Hmimi, analyste banquier. DR.

Yassine Hmimi est docteur en sciences de gestion et banquier d’affaires. Dans cette tribune, il revient sur l’inflation au Maroc et comment Bank Al-Maghrib prend les choses en main. 

Depuis environ deux ans, la politique monétaire conduite par la BAM est incontestablement accommodante. La réduction du taux directeur de -75 pbs en 2020, la libération de la réserve obligatoire et le renforcement de son dispositif d’intervention à long terme au niveau du marché monétaire sont autant d’éléments qui confirment bien l’engagement de la Banque Centrale dans le soutien de l’économie nationale, un choix ou plutôt un devoir qui s’ajoute à celui de la stabilité des prix.

Pour rappel, le Nouveau Modèle de Développement a préconisé que la Banque Centrale évolue vers un mandat dual, permettant une articulation judicieuse entre la maitrise de l’inflation et la stimulation de l’activité économique.

Le fruit de ces efforts peut se lire dans l’évolution du crédit bancaire, l’une des principales contreparties de la Masse Monétaire M3, lequel s’est accru de +7% à 988,2 Milliards de dirhams en 2021 par rapport à une année auparavant.

Comme corollaire, la liquidité en circulation a enregistré une hausse de +5% pour s’établir à 1 562,7 Milliards de dirhams au terme de l’année passée, un niveau largement soutenable au vu de la croissance économique réalisée avoisinant +6,7%. La lecture de ces chiffres montre bien que le décalage entre la sphère monétaire et celle réelle est quasi insignifiant.

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Dans ces conditions, il serait déraisonnable de considérer que les poussées inflationnistes actuellement observées sont d’origines monétaires. Bien au contraire, les autorités monétaires ont joué un rôle fondamental dans la stabilisation des prix en étant catégoriquement contre l’idée de faire tourner la planche à billets. C’est le piège dans lequel sont tombés les Etats-Unis et l’Europe qui rachetaient leur dette publique mensuellement pour environ 120 Milliards de dollars et 1 850 Milliards d’euros respectivement.

Cette orientation Dovish de la politique monétaire est l’une des principales raisons ayant conduit à la situation actuelle où l’inflation a atteint des niveaux records dans les économies européennes et américaines, environ +7% et +5,3% respectivement en glissement annuel.

Cette surchauffe des prix s’est exacerbée également en raison du laxisme des politiques budgétaires, comme en atteste le grand plan de relance lancé par l’actuel locataire de la maison blanche en 2021 consistant, entre autres, en la promotion des infrastructures américaines pour près de 1 900 Milliards de dollars.

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Nul besoin de rappeler que la pandémie a été à la base du changement de la structure économique internationale. L’un des dysfonctionnements qui en ont résulté est la perturbation des chaines de production et celles logistiques. Face à cette situation, les ménages étaient plutôt prêts à dépenser massivement étant donné que ceux-ci ont bien épargné durant la crise sanitaire. Pour le cas des ménages marocains, l’épargne nationale a profité notamment des transferts des MRE qui ont dépassé la barre des 100 Milliards de dirhams en 2021.

Comme dans toute situation chaotique de par l’histoire, ce sont les prix des commodités en général et ceux des hydrocarbures en particulier qui s’enchérissent en premier. L’Or noir s’est, depuis l’allègement des restrictions sanitaires, inscrit dans une tendance haussière sans fin, avoisinant ainsi 100 Dollars le baril.

Dans ces conditions et avec la dynamique des échanges extérieurs avec le reste du monde, l’IPC a augmenté au Maroc de +3,1% en janvier en rythme annualisé, une inflation incontestablement importée et non d’origine monétaire.

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