Tourisme: les opérateurs s’inquiètent des conditions d’entrée

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Marrakech
Marrakech ©DR

L’annonce de la réouverture des frontières prévue le 7 février prochain a suscité une immense joie chez les professionnels du tourisme. Toutefois, plus que la réouverture en elle-même, les acteurs du secteur attendent de connaître les conditions d’entrée sur le territoire qui influenceront les réservations des clients dans les jours à venir. Ces dernières se font pour le moment timides. Témoignages. 

Le gouvernement a annoncé la réouverture de l’espace aérien lundi 7 février prochain, après plus de deux mois de blocage. Soulagés, les opérateurs touristiques saluent cette décision qui intervient en même temps que les vacances scolaires d’hiver de pays émetteurs importants tels que la France (environ 30% du tourisme international au Maroc) et l’Angleterre, mais également du Maroc.

Dans ce sens, les principales compagnies aériennes à l’instar de la RAM, Air Arabia, Air France, Transavia ont annoncé aussi la recommercialisation de leurs vols dès lundi. Dans cette atmosphère de reprise, une inconnue suscite encore de nombreuses interrogations: les conditions d’entrée sur le territoire marocain. Dans son communiqué, le gouvernement avait annoncé qu’une commission dédiée réfléchissait à une éventuelle actualisation.

« On espère qu’il s’agira de conditions qui répondent aux standards internationaux, à savoir qu’il n’y ait pas de complications, seulement un schéma vaccinal complet et un test PCR au départ du pays, c’est suffisant. On ne veut pas de tests à l’arrivée, car ça complique les choses », déclare Zoubir Bouhoute, expert en tourisme et président du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate.

« Le pass vaccinal suffira-t-il? »

« Les opérateurs attendent avec impatience de connaître les conditions d’accès au territoire qui sont aussi, voire plus importantes que l’ouverture des frontières en elle-même. La question qui revient chez tout le monde est: le pass vaccinal suffira-t-il? », renchérit Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT). La majorité des clients attend de connaître les conditions d’accès avant de réserver, souligne notre interlocuteur. Certains craignent des mesures de quarantaine à l’arrivée, comme ce qui a déjà été pratiqué auparavant.

C’est pour cette raison que les réservations restent pour le moment assez timides pour le mois de février. « Pour le moment, nous ne pouvons pas vraiment parler de réservations. Les gens doivent d’abord reprendre confiance. Le tourisme pour nous, c’est surtout le réceptif, le MICE (meetings, incentives, congrès, événementiel, ndlr). A l’heure actuelle, les réservations de vols concernent les personnes dans l’obligation de voyager. Pour ceux qui travaillent avec les tours opérateurs étrangers, cela va prendre beaucoup de temps », commente de son côté Ilham Mrani, présidente de l’Association des agences de voyages de Rabat-Salé-Kénitra.

Lire aussi : « Ouvrez les frontières », le cri d’alarme des professionnels du tourisme

Au niveau des maisons d’hôtes aussi, les réservations pour février ne se bousculent pas. « On a reçu des réservations surtout pour octobre et décembre 2022, soit au moins 30 % de la totalité de réservations habituelles sur cette période. Aux vacances de La Toussaint, du Nouvel an et de Pâques, nous sommes toujours complets », témoigne Fatima Agoujil, présidente de l’Association des maisons d’hôtes sud-est du Maroc. Les quelques réservations reçues pour fin février début mars sont faites par des habitués, mais la plupart préfère attendre de savoir quelles seront les conditions d’entrée, confie-t-elle.

« A peine une seule chambre de réservée »

Au Radisson Blu du Carré Eden Marrakech, les réservations se précisent plutôt pour les mois de mars, avril, au moment des vacances de Pâques. « Des demandes individuelles d’habitués », constate également Fabrice Castellorizios, directeur général de l’établissement. « Cette réouverture ne nous amène pas directement des nuitées, mais des perspectives. Nous restons optimistes. Nous n’avons jamais fermé depuis la pandémie, contrairement à la plupart de nos compétiteurs et toutes nos équipes ont été maintenues », raconte-t-il.

Et d’ajouter: « L’an dernier, nous avons atteint 55 % de taux d’occupation, ce qui reste largement suffisant pour couvrir nos charges, même si on est loin des 85 % atteints en 2019. Par contre, ce mois de janvier, ce taux s’est élevé à 22%, ce qui est insuffisant. On compte donc sur cette réouverture et les clients attendent d’en savoir plus sur les conditions d’entrée, il faut regagner leur confiance ».

Même son de cloche du côté de l’Aqua Mirage à Marrakech, plus grand hôtel du Maroc composé de 550 chambres et 1.800 lits. « On est à peine à une seule chambre de réservée pour les prochains jours. Personne ne veut prendre le risque de programmer un séjour car une annulation coûte cher », abonde dans le même sens Amine Zghaoui, directeur ventes et marketing du groupe Magic Hotels & Resorts, filiale de la multinationale allemande TUI. « C’est très important pour nous de rouvrir au mois de février, car après, en mars, il n’y a pas de vacances, puis en avril ce sera Ramadan. Il allait falloir attendre jusqu’à mai ».

En attendant l’annonce des conditions d’entrée sur le territoire marocain, les opérateurs se préparent à accueillir de nouveau les touristes dans de bonnes conditions sanitaires et générales. Grands nettoyages, retouches, rafraichissement de peinture… tout est mis en place pour que cette réouverture soit la bonne après deux fermetures prolongées depuis le début de la pandémie.

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