Conjoncture: le taux de chômage a-t-il vraiment baissé?

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chômage, HCP
Photo d'illustration. DR.

Le taux de chômage a diminué à 8,5% au titre du deuxième trimestre de 2019 contre 9,1% durant la même période un an auparavant, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP). Un chiffre à relativiser selon d’autres observateurs.  

L’emploi connait un léger mieux « avec une baisse de 84.000 personnes en milieu urbain et une hausse de 7.000 en milieu rural, le nombre total de chômeurs a reculé de 77.000 personnes au niveau national, passant de 1.103.000 à 1.026.000 personnes », précise le HCP dans une note d’information relative aux principaux indicateurs du marché du travail au T2-2019.

Ainsi, le taux de chômage a connu un repli de 13,7% à 12,4% en milieu urbain et une hausse de 3% à 3,3% en milieu rural, indique la même source.

Par catégorie, les baisses les plus importantes du taux de chômage ont été relevées parmi les personnes ayant un diplôme (-1,4 point), les adultes âgés de 25 à 34 ans (-0,9 point) et les jeunes âgés de 15 à 24 ans (-0,8 point), fait savoir le HCP, soulignant qu’en revanche, les hausses les plus importantes ont été enregistrées parmi les personnes âgées de 45 ans et plus (+0,3 point) et les femmes rurales (+0,2 point).

Les femmes plus exposées

Les taux de chômage les plus élevés sont relevés, en particulier, parmi les femmes (11,3% contre 7,5% parmi les hommes), les jeunes âgés de 15 à 24 ans (22,3% contre 6,5% parmi les personnes âgées de 25 ans et plus) et chez les détenteurs d’un diplôme (15,1% contre 2,6% parmi les personnes n’ayant aucun diplôme).

Ce taux est de 12,3% parmi les personnes ayant un diplôme de niveau moyen et de 20% parmi les détenteurs d’un diplôme de niveau supérieur. Il atteint ses niveaux les plus élevés notamment chez les diplômés de la spécialisation professionnelle avec (26,1%) et les lauréats des facultés (22,3%).

Parallèlement, le HCP relève qu’environ six chômeurs sur dix (60,6%) sont à la recherche de leur premier emploi (54% parmi les hommes et 73,6% parmi les femmes), tandis que sept chômeurs sur dix (70,2%) sont à la recherche d’un emploi depuis une année ou plus (65% parmi les hommes et 80,6% parmi les femmes) et 22,9% des chômeurs se sont retrouvés en situation de chômage suite au licenciement ou à l’arrêt de l’activité de l’établissement employeur.

 

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En outre, quelque 6,5% des chômeurs, totalisant 67.000 personnes, sont découragés par la recherche active d’un emploi. Ils sont à environ 92% citadins, à 60% masculins, à 54% jeunes âgés de 15 à 29 ans et à 83% diplômés.

Par ailleurs, la note fait ressortit que le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi a baissé, entre le T2-2018 et T2-2019, de 1.064.000 à 999.000 personnes au niveau national, de 520.000 à 476.000 personnes dans les villes et de 544.000 à 523.000 dans la campagne.

 

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Le taux de sous-emploi est ainsi passé de 9,6% à 9% au niveau national, de 8,7% à 7,8% en milieu urbain et de 10,6% à 10,5% en milieu rural, alors que la population active occupée sous employée est en majorité masculine avec 87,2%, rurale (52,3%), âgée de 15 à 29 ans (38,8%) et diplômée (47%).

Le HCP fait également remarquer que près de huit actifs occupés en situation de sous-emploi sur 10 (82,2% ou 822.000 personnes) exercent un emploi rémunéré (81% parmi les hommes et 91,4% chez les femmes), notant que deux actifs occupés sous employés sur 3 (66,4% ou 663.000 personnes) sont dans cette situation pour des considérations liées à l’insuffisance du revenu ou à l’inadéquation entre la formation et l’emploi exercé (68,2% des hommes et 54% des femmes).

Ces statistiques reflètent-t-elle une amélioration de l’emploi?

Mais cette baisse du taux de chômage annoncée par le HCP est à relativiser et ne semble pas refléter la réalité économique du marché marocain. Selon Medias24, ce taux aurait diminué grâce à la baisse de la population active qui a baissé de 70.000 personnes entre le 2e trimestre de 2018 et le 2e trimestre de 2019. « Ceci représente 77.000 chômeurs en moins, ce qui est une bonne nouvelle statistiquement mais en réalité une mauvaise nouvelle sur le plan socio-économique », cite le média qui explique que ce nombre est signe que trop de Marocains sont exclus de la vie active. Plusieurs jeunes ne trouvent ni emplois ni formation et les femmes quittent de plus en plus le marché du travail. Une réalité bien triste que les chiffres tentent de camoufler.

De son côté Challenge souligne qu’un rapport récent de la Banque Mondiale révèle que le Maroc est confronté à un taux de chômage de 10% impactant majoritairement les villes et les jeunes entre 15 et 24 ans qui ne travaillent pas, ne font pas d’études et ne suivent aucune formation. Les mieux lotis opèrent dans le secteur informel, tandis que les deux tiers des travailleurs n’ont pas de contrat formalisant leur relation avec l’employeur et 78% n’ont pas d’assurance maladie, précise encore le magazine.

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