Quand Danone met la pression sur les boycotteurs et le gouvernement

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Centrale Danone a publié un profit warning où elle prévoit une baisse de 150 millions de dirhams du résultat net au premier semestre 2018. Un chiffre qui ne renseigne pas sur l’ampleur réelle des dégâts subis par la société et met l’éleveur au centre de l’arbitrage du boycott.
Le groupe Centrale Danone a publié, ce lundi 4 juin, un profit warning concernant ses résultats du premier semestre. Il en ressort que le spécialiste des produits laitiers annonce pour le premier semestre 2018 une baisse d’environ 50% de son chiffre d’affaires entre le 20 avril, date du début du boycott, et le 30 juin.
De ce fait, Danone prévoit pour le premier semestre 2018 un résultat net négatif d’environ 150 millions de dirhams contre 56 millions de dirhams de profit à la même période de l’année précédente. Un chiffre qui dresse un tableau très négatif au vu de la durée du boycott qui ne dépasse pas 40 jours.
«C’est un montant qui semble exagéré. Pour extrapolation, on peut avancer que Danone réalisera au 30 juin un chiffre d’affaires qui tournera autour de 2,5 milliards de dirhams. Paradoxalement, on ne sait comment il a été construit ce résultat net déficitaire de 150 millions de dirhams et s’il englobe toutes les dettes greffées au chiffre d’affaires. Il s’agit des dettes des clients et des fournisseurs, l’état des stocks ainsi que les stocks non vendus, sans oublier le coût du plan de licenciement des intérimaires annoncé par cette société…il faut attendre les bilans qui seront publiés avant la fin de septembre prochain», analyse un  spécialiste en finance.
Boycott ou emplois, il faut choisir
Cette baisse justifiée selon Danone par le mouvement du boycott qui a débuté le 20 avril dernier aura un coup social certain puisqu’elle affectera près de 120.000 petits exploitants avec lesquels travaille Centrale Danone. Dans un communiqué publié le 29 mai, la société a déclaré que «compte tenu de la baisse moyenne des ventes, nous regrettons la décision de réduire de 30% la production nationale de lait à partir du mardi 29 mai 2018».
Pour soigner sa communication entachée par des dérapages désastreux pour son image, Centrale Danone a parié sur le message d’apaisement en usant du concept de «réconciliation» avec le consommateur moyennant une petite baisse du prix du lait.
Par la suite, Didier Lamblin, PDG de Centrale Danone, a fait le tour des médias pour recentrer sa communication autour du coût social du boycott.
«Neuf de nos salariés ont été blessés à l’arme banche. Des centaines d’employés de Danone font l’objet de pressions de la part de citoyens au moment des livraisons… il faut que cela cesse parce que d’autres investisseurs qui entendent s’implanter au Maroc vont se poser des questions», a déclaré Didier Lamblin, le 30 mai à radio 2M. Il a ajouté par ailleurs que «le secteur emploie plus d’un million de personnes. Ce boycott peut mettre en fragilité des milliers de familles».
En clair, Danone renverse la vapeur pour faire des tenants du boycott les responsables d’une crise dont le petit éleveur paiera le prix, relançant au passage le débat sur l’efficacité et les répercussions sociales du boycott. Un chantage à l’emploi à peine déguisé, qui renvoie la patate chaude au gouvernement, lequel va devoir gérer cette crise.
 
 

 
 

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