Les véhicules verts accélèrent malgré la chute de l’or noir

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Avec des prix de l’essence en chute, la voiture électrique voit fondre l’un de ses principaux arguments: le coût d’usage réduit comparé aux véhicules thermiques. Cela pourrait temporairement freiner son essor mais pas le remettre en cause, estiment des experts.

Aubaine pour l’automobiliste, l’effondrement des cours du pétrole, au plus bas depuis des décennies, a entraîné une chute du prix des carburants à la pompe. En France, le litre de super sans plomb 95 se vendait début mai 1,23 euros en moyenne, soit 20% ou 30 centimes d’euros de moins que début janvier.

« Il est très clair que la baisse des prix du pétrole n’est pas une bonne nouvelle pour les ventes de voitures 100% électriques », constate Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile.

Ces modèles restent nettement plus chers à l’achat que leurs équivalents essence ou diesel, malgré des subventions qui atteignent 6.000 euros dans certains pays comme l’Allemagne ou la France.

Le faible coût de l’électricité, et donc le faible coût d’utilisation au kilomètre parcouru, permet de compenser en partie cet écart. Mais si le pétrole reste aussi abordable, « moins de gens vont s’interroger sur l’opportunité de passer à l’électrique », estime M. Neuvy.

Pourtant, les constructeurs ne prévoient pas de chambouler leurs prévisions.

La part de marché de l’électrique pourrait « seulement fléchir légèrement par rapport au pronostic initial », estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (Car) basé en Allemagne.

 

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Il table pour 2020 sur 3,8% de part de marché en Europe, dans un scénario de pétrole pas cher, contre 4% dans le cas contraire, soit, dans tous les cas, un doublement en un an.

Selon lui, les plafonds européens de CO2 très contraignants qui s’appliquent à partir de cette année aux ventes automobiles « obligent les constructeurs à vendre des véhicules électriques pour éviter les amendes » très lourdes prévues en cas d’infraction.

Son opinion est partagée par Matthias Schmidt, expert du marché des véhicules électriques : « dans une économie de marché plus libérale comme les Etats-Unis, où les objectifs de CO2 au niveau fédéral sont faibles, le marché sera probablement davantage affecté que dans des économies plus régulées comme l’Europe et la Chine ».

– Explosion de l’offre –

Les véhicules électriques ont d’ailleurs brillé en Europe au premier trimestre, résistant mieux que les modèles thermiques à l’effondrement du marché provoqué par la pandémie de Covid-19 à partir de mars. Leur part a battu un nouveau record, à 4,6% du marché d’Europe de l’Ouest, d’après le dernier baromètre mensuel de M. Schmidt.

Sur les 17 pays d’Europe de l’Ouest, qui représentent 95% des volumes européens, il prévoit une part de ces nouvelles motorisations à 5% en 2020, soit le niveau dont les constructeurs auront besoin pour respecter les règles européennes.

Le marché est porté par l’explosion de l’offre de nouveaux modèles, les constructeurs ayant investi des dizaines de milliards d’euros dans l’électrification de leurs gammes ces dernières années.

Au niveau mondial, la jeune marque Tesla domine nettement les ventes devant plusieurs constructeurs chinois, notamment grâce à sa berline Model 3. En Europe, depuis le mois de janvier, le groupe californien est au coude à coude avec Renault et sa citadine Zoe ainsi que Volkswagen et sa compacte e-Golf.

 

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Le géant allemand a annoncé le lancement commercial en juin de son nouveau modèle ID-3 sur lequel il fonde de gros espoirs. Avec sa nouvelle Peugeot e-208, le numéro 2 européen PSA s’est propulsé en quatrième position des voitures électriques les plus vendues en Europe, devant la Nissan Leaf.

Chez Renault, on prévoit que « l’impact de la baisse des cours du pétrole, si impact il y a, ne serait que temporaire ». Le groupe français estime « incontournable » la transition énergétique et rappelle que de grandes agglomérations ont prévu d’interdire à terme la circulation des voitures à moteurs thermiques.

Les constructeurs s’attendent en outre à ce que les plans de relance des Etats européens favorisent les véhicules verts. Certains envisagent même un regain de conscience environnementale des consommateurs bousculés par la pandémie.

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