La PME marocaine au centre de la nouvelle stratégie industrielle

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L’État marocain ne s’est jamais autant intéressé à la PME. Maillon faible d’un tissu productif qui favorisait les champions nationaux, elle se voit aujourd’hui attribuer une place de choix dans la nouvelle stratégie industrielle 2021-2023. Le but, renforcer sa compétitivité afin qu’elle soit le fer de lance du secteur industriel. Une vision ambitieuse portée par le ministère du Commerce et de l’Industrie en la personne de Moulay Hafid Elalamy qui promet de remplacer 83 milliards de dirhams d’importations par de la production locale grâce à une banque de projets pour accompagner plus de 500 entreprises marocaines.

Le paysage industriel marocain est en pleine mutation. À peine le plan d’accélération industrielle (PAI) arrivé à échéance que le ministère de tutelle planchait déjà sur la future stratégie. Et connaissant l’efficacité redoutable à laquelle nous a habitués Moulay Hafid Elalamy et ses équipes, la déclinaison 2.0 du PAI s’avère très ambitieuse. Si les puissants écosystèmes (automobile et aéronautique), qui ont fait les beaux jours des exportations marocaines, sont toujours de la partie, le ministre a cette fois-ci mis en exergue d’autres filières dans le cadre d’une approche de la mise en valeur du produit 100% made in Morocco capable de se substituer à de coûteuses importations.

L’idée est très simple : pourquoi ne pas mettre à contribution la PME marocaine et l’accompagner dans son investissement en identifiant plusieurs segments industriels à fort potentiel exportateur. D’un côté l’arrivée de ces nouveaux acteurs jeunes et agiles donnera un coup de boost au tissu productif national, de l’autre elle fournira au marché local un produit 100% marocain qui sera consommé au lieu de celui importé.

Près de 34 MMDH seront ainsi économisés dans un premier temps, allégeant d’autant notre balance commerciale et permettant en même temps la mise en place d’une industrie nationale forte dirigée aussi bien au marché national que continental. Puis, une fois la machine en branle, ce chiffre sera allégrement dépassé à en croire le ministre de l’Industrie qui évoque la possibilité de substituer un total de 83 MMDH d’importations, soit un peu moins de la moitié de ce qu’achète le Maroc au monde, rien que ça !

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Joignant l’acte à la parole, Moulay Hafid Elalamy met en place une banque de projets en ligne qui permettra d’accompagner les industriels marocains afin d’identifier les secteurs et produits au gros potentiel. Déjà, 238 projets ont été retenus (sur les 500 initialement prévus) par les équipes du ministère et 100 d’entre eux ont été portés par des entreprises dans le cadre de conventions d’investissement signées.

Et pour permettre aux jeunes une meilleure intégration à travers ces nouvelles opportunités, tout le monde s’est mobilisé. Le gouvernement a ainsi fait passer des mesures afin de favoriser la préférence nationale lors de l’attribution de marchés publics, le secteur bancaire a répondu présent à travers une pléthore de nouvelles offres afin de faciliter l’accès au financement et plusieurs mesures ont été prises que ce soit pour la mise à disposition du foncier ou d’encadrement juridique. En pleine crise Covid, ces normes apportent une aide supplémentaire à la production marocaine, ce qui devrait permettre de faire émerger de nouveaux champions nationaux.

La fenêtre PVC, un produit 100% marocain

D’ailleurs, certains secteurs n’ont pas attendu ces mesures pour se démarquer, à l’instar de la filière PVC qui montre déjà des résultats très probants. Porté par MEKSA, leader du marché des fenêtres PVC, le segment semble promis un avenir radieux. « La fenêtre PVC est l’exemple du produit 100% marocain par excellence », nous explique Sabry Ziadi, Directeur Général de MEKSA. En effet, la matière première (résine) est directement achetée à la SNEP et la transformation réalisée dans les usines de MEKSA. « On se retrouve donc avec une filière complètement intégrée de la matière première jusqu’à l’installation et la pose de la fenêtre en passant par la fabrication », ajoute avec entrain le DG de MEKSA. Concrètement, 70% des fenêtres en PVC sur le marché marocain sont fabriquées avec la résine de la SNEP, le reste est importé de pays européens. En faisant la promotion de la filière PVC, c’est non seulement la mise en avant d’un produit 100% marocain qui s’inscrit en droite ligne de la nouvelle stratégie industrielle du royaume, mais c’est également un impact positif sur la balance commerciale en réduisant les importations d’aluminium, matériau concurrent et inefficace thermiquement, en faveur d’une matière première marocaine.

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Et la compétitivité industrielle n’est pas le seul point fort de la filiale. Le PVC se démarque également dans un autre volet et pas des moindres : l’efficacité énergétique. « La fenêtre PVC est une industrie extrêmement bien développée, notamment en Europe (France) où son essor s’est fait suite à la mise en place d’une réglementation thermique », précise Sabry Ziadi. Or, il se trouve que le Maroc a justement introduit en 2014 une réglementation similaire portant sur la performance thermique dans le bâtiment. Le but étant de réduire la facture énergétique de ce secteur qui consomme près de 36% de l’ensemble de l’énergie nationale. « À partir de là, toute une industrie de matériaux isolants pour bâtiment a commencé à se développer et plus spécifiquement la fenêtre PVC qui devenait la meilleure option de par l’isolation qu’elle offre. La fenêtre aluminium a, quant à elle, dû se transformer pour offrir des gammes à rupture de ponts thermiques, performantes, mais coûteuses », souligne le DG de MEKSA. L’entreprise ne pouvait rêver meilleure opportunité, surtout avec le Green Deal européen qui est en préparation et qui met la décarbonation au centre des discussions avec les partenaires commerciaux de l’Europe, à la tête desquels se trouve le Maroc.

Le secteur public entièrement acquis à l’argument de l’efficacité énergétique

Un discours auquel sont déjà sensibilisées les instances publiques, notamment l’Agence marocaine d’efficacité énergétique (AMEE). « L’industrie des matériaux de construction est un secteur clé parce que non seulement nous avons une volonté de réduire nos dépendances énergétiques en réduisant notre consommation, mais il est important de voir qu’on peut créer des industries locales fortes », avait déclaré Said Mouline, Directeur Général de l’AMEE qui est allé plus loin en ajoutant « Les acteurs qui travailleront dans ce domaine devront certainement être accompagnés au niveau industriel. » Cela tombe bien puisqu’après être passée sous le giron du ministère du Commerce et de l’Industrie, l’AMEE a ajouté la corde industrielle à son arc d’efficacité énergétique. Ce n’est pas donc une surprise de voir que l’Agence a déjà signé une convention de partenariat avec MEKSA afin de développer et mettre en œuvre des solutions d’efficacité énergétique dans les bâtiments à travers l’utilisation de fenêtres en PVC dans les projets résidentiels, ainsi que la promotion de ces dernières à travers des actions de formation, de sensibilisation et de démonstration. C’est dans ce cadre qu’un projet pilote a été porté par MEKSA qui a totalement rééquipé la salle de formation de la Green Plateforme de Marrakech en PVC avant d’y lancer un programme de formation autour de l’isolation thermique et phonique, toujours en partenariat avec l’AMEE. Contacté en ce sens, le DG de l’AMEE n’a pas caché son enthousiasme : « MEKSA ont un bon produit et il y a un marché un intéressant pour leur développement. Il faudra maintenant que l’État montre l’exemple. »

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Et l’État commence à s’intéresser de plus près à la fenêtre PVC. « Nous avons commencé à sentir un écho positif nous parvenir de la part des établissements publics, surtout après la volonté affichée du ministère d’accompagner le produit marocain à travers la commande publique. Al Omrane, l’un des plus importants acteurs, a d’ailleurs été très sensibilisé à l’argument du produit 100% marocain », se félicite Sabry Ziadi.

Avec un acteur public de cette importance qui montre la voie, le reste devrait normalement suivre, mais c’est sans compter sur une réticence du secteur privé. « Les promoteurs privés ne sont pas assez sensibilisés à la question, nous travaillons déjà avec un certain nombre d’entre eux, mais il reste du travail à faire », regrette le DG de MEKSA qui a pourtant un argumentaire solide. « La promotion immobilière ne consiste pas à vendre un bien à un client et cela, les vrais acteurs du secteur l’ont compris, il s’agit plutôt de proposer un cadre de vie et un confort », ajoute à juste titre Sabry Ziadi. Or, construire un logement en prenant en compte des facteurs comme le coefficient de déperdition thermique qui impactera in fine la facture énergétique du futur acquéreur c’est justement offrir un confort et rejoint parfaitement le cœur de métier de la promotion quel que soit le standing de l’habitation.

Le marché africain, nouvel eldorado

Mais n’est-ce pas un peu tard de vouloir promouvoir la fenêtre PVC dans le bâtiment au Maroc aux vues de la situation actuelle de l’immobilier ? Pas du tout à en croire la direction de MEKSA. « Vous savez, il y a encore un important déficit de logement au Maroc. Certes, le PVC ne représente qu’une faible partie de ce qui se fait en termes de fenêtres, mais le potentiel de développement est énorme », affirme Sabry Ziadi. D’ailleurs, et alors que la filière a démarré très tôt en Europe, elle continue à faire un gros chiffre d’affaires, porté notamment par le marché de la rénovation, ce qui laisse présager une très belle courbe d’évolution avec un taux d’équipement en fenêtres PVC qui est à peine de 7% au Maroc (contre 60% en Europe). Sans oublier bien évidemment toutes les perspectives prometteuses que représente le marché africain. C’est la raison pour laquelle de gros mastodontes marocains à l’instar de Addoha, Alliances ou Palmeraie Développement, mais aussi les filiales du groupe Holmarcom ainsi que la Somagec et la SGTM se sont implantés partout sur le continent, aidés en cela par la présence de groupes bancaires nationaux qui ont développé une expertise en la matière. « L’Afrique devient également très sensible à la question de l’efficacité énergétique et nous sommes très bien placés pour répondre à ses besoins », assure le DG de MEKSA.

Avec la maitrise de la matière première, l’intégration de filiale et les excellents débouchés que représentent des marchés où tout est encore à faire, la filière du PVC semble bien partie pour développer une plateforme industrielle forte ce qui permettra non seulement de répondre aux objectifs de la stratégie ministérielle avec un produit 100% marocain, mais également d’aider à atteindre ceux de l’efficacité énergétique. Une prouesse industrielle que l’on aura rarement vue.

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