Hausse des prix des carburants: les explications d’un économiste

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Au Maroc, les prix à la pompe ont significativement augmenté depuis une semaine. Une hausse qui s’explique par la reprise post-Covid de l’économie mondiale, mais pas seulement. Explications avec Mehdi Lahlou, économiste et professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée de Rabat.

Depuis le 21 octobre dernier, les automobilistes marocains doivent faire face à une nouvelle montée des prix des carburants. Le prix du litre de gasoil a dépassé les 10 dirhams dans plusieurs stations-service, alors que celui de l’essence a frôlé les 12 dirhams. Cette augmentation fait suite à celle des prix du pétrole qui ont atteint lundi leur plus haut niveau depuis sept ans.

La reprise du marché après la pandémie du coronavirus et la forte demande de pétrole brut dans le monde qui s’en est suivie sont les principales raisons derrière la hausse des prix des carburants. Mais selon l’économiste Mehdi Lahlou, cette hausse ne devrait pas être répercutée aussi rapidement sur les prix à la pompe au Maroc.

« Cette hausse s’explique par l’activité économique qui reprend à l’échelle mondiale. Toutes les économies, notamment la Chine et l’Union européenne qui dépendent des marchés internationaux, ont relancé leurs économies. Du coup, lorsque la Chine commence à reprendre son activité et que les industries recommencent à tourner, nous avons une augmentation de la consommation. Chose qui s’est faite depuis maintenant trois ou quatre mois », explique d’abord Mehdi Lahlou à H24 Info, également professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA) de Rabat.

 

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« La même chose s’est produite en Europe, c’est-à-dire en France, en Allemagne, en Belgique et en Grande Bretagne, d’où les problèmes de transport de carburants qu’ils ont rencontrés », poursuit-il. Et puisque la production de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) est fixée, la demande a augmenté. « C’est pour ça qu’il y a ces augmentations de prix avec le baril qui frôle désormais avec les 90 dollars sur le marché international ».

Et de rappeler : « En avril 2020, on pouvait acheter du pétrole en étant payé par les producteurs. Le prix du pétrole était négatif. Lorsque l’activité était à l’arrêt, le prix du pétrole était au plus bas. On pouvait même être payé pour l’acheter, il suffisait d’avoir où le stocker. Maintenant, on est dans la situation inverse ».

Selon l’économiste, le prix du fret maritime international, notamment pour un pays comme le Maroc puisqu’il faut transporter le tout par bateaux, coûte plus cher par rapport à 2020 et même par rapport à 2019.

La situation du marché des carburants au Maroc y est également pour beaucoup. « Au Maroc, cette hausse s’explique surtout par le fait qu’il y a un oligopole, à savoir deux ou trois grandes entreprises pétrolières qui dominent le marché », soutient notre interlocuteur.

« Normalement, les répercussions d’une augmentation de prix comme c’est le cas aujourd’hui ne devrait apparaitre sur le marché de consommation que deux à quatre mois plus tard. Nous sommes supposés avoir ce qu’on appelle des stocks de sécurité dans lesquels on puise ou des stocks commerciaux dans lesquels il est possible aussi de puiser. Mais là on a tendance à répercuter les hausses presque en temps réel, contrairement à ce qui se fait en cas de baisse qui est répercutée après une période et même partiellement », détaille Mehdi Lahlou.

 

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