Développement en Afrique: interview avec la vice-présidente pour les Finances de la BAD

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Hassatou Diop N'Sele, vice-présidente de la BAD. Crédit: DR.

La vice-présidente pour les Finances et directrice des Services financiers du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Hassatou Diop N’Sele, met en exergue dans une interview accordée à la MAP, le lien entre la sécurité et le développement en Afrique et revient sur la première conférence politique continentale de l’Union africaine tenue à Tanger ainsi que sur l’approche de la BAD pour soutenir les pays membres.

1- Le triptyque « paix, sécurité et développement » en Afrique a été au cœur de la première conférence politique continentale de l’Union africaine tenue du 25 au 27 octobre et sanctionnée par la « Déclaration de Tanger ». De quoi s’agit-il ? C’est une conférence inédite sur le continent qui met en exergue le nexus entre la paix, la sécurité et le développement en Afrique. En effet, la paix et la sécurité vont de pair avec le développement et de façon plus spécifique avec la réalisation du mandat du Groupe de la Banque africaine de développement.

Nous sommes tout particulièrement redevables à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour sa vision éclairée du Maroc et de l’Afrique, et pour avoir été un champion du développement et de l’intégration régionale sur le continent. Pour le Groupe de la Banque africaine de développement, le Maroc est un partenaire privilégié pour lequel nous avons mobilisé en plus d’un demi-siècle plus de dix milliards d’euros d’investissements dans des projets et réformes de dernière génération.

Le Royaume est aussi un partenaire d’investissement pour beaucoup de pays en Afrique subsaharienne, que ce soit dans la finance, l’agriculture et d’autres domaines. Avec le Maroc, la coopération sud-sud fonctionne.

Il est clair que les problématiques de sécurité doivent être intégrées dans l’agenda du développement pour répondre de la manière la plus efficiente possible aux défis que l’Afrique doit relever.

2- Selon vous, il ne peut y avoir de développement sans sécurité sur le continent ? Absolument ! L’Afrique subit de plein fouet des crises économiques et sécuritaires qui ont un effet dévastateur. Elle a été secouée par la pandémie du Covid-19 et ressent brutalement les effets de la crise actuelle, notamment l’inflation et l’insécurité alimentaire.

De plus, le gap entre les financements extérieurs déployés sur le continent et les besoins en financement des pays se creuse. Comme vous le savez, l’exclusion, la pauvreté rurale, le chômage des jeunes et les dégradations de l’environnement sont un terroir fertile pour les conflits et l’extrémisme.

Avec la pandémie, l’Afrique a perdu 165 milliards de dollars de PIB, 30 millions d’emplois et a vu plus de 26 millions de personnes sombrer dans l’extrême pauvreté.

Lire aussi: Les administrateurs de la BAD saluent les progrès du Maroc en matière de développement

Malheureusement, les interventions en matière de sécurité et de développement sont rarement envisagées dans une perspective holistique. Or, nous le savons, la sécurité ne peut être dissociée du développement et doit être prise en compte dans nos interventions et nos choix d’investissement.

La conférence politique qui s’est tenue à Tanger est donc arrivée à point nommé et a été particulièrement novatrice. Elle nous aidera à éliminer les chevauchements stratégiques et programmatiques et à mieux intégrer et séquencer nos interventions en matière de sécurité et de développement.

3- Que fait concrètement le Groupe de la BAD pour soutenir cette nouvelle approche ? Le Groupe de la Banque africaine de développement, à travers son guichet concessionnel, porte une attention particulière à la fragilité, à la résilience économique et au soutien à apporter aux pays afin de prévenir les conflits et soutenir les pays sortant d’un conflit.

Au-delà de ses actions concrètes sur le terrain, le Groupe de la Banque africaine de développement travaille sur une initiative novatrice, le « SIIB », une plate-forme d’obligations d’investissement indexées sur la sécurité comme un moyen de mobiliser des ressources adéquates aussi bien du secteur public que du secteur privé, cela pour traiter efficacement les causes profondes de l’insécurité, renforcer la capacité des institutions et la résilience des communautés et réhabiliter les infrastructures quand elles sont affectées par l’insécurité.

L’initiative sera une opportunité pour le Groupe de la Banque africaine de développement et ses partenaires de s’attaquer aux causes structurelles des conflits en Afrique, de réduire la volatilité de la croissance et de consolider le développement pour un continent plus sûr et résilient.

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