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Cryptomonnaie: 5 choses à savoir sur le marché actuel au Maroc
Publié leInterdite en 2017 et remise en selle par Abdellatif Jouahri, l’utilisation de la cryptomonnaie au Maroc cristallise les attentions autant que les débats. Alors que l’on attend les contours de la réglementation annoncée par le wali de la Banque centrale, voici les cinq points primordiaux à connaître sur le marché des cryptomonnaies au Maroc.
Il existe bel et bien un marché de cryptomonnaies au Maroc, malgré les interdictions des autorités marocaines et une vaste campagne de sensibilisation, sinon de dissuasion, menée à l’époque. Lancée par Bank Al-Maghrib, cette campagne avait été reprise dans des communiqués par d’autres entités de l’État directement impliquées dans la gestion des capitaux, telles que l’Autorité Marocaine pour le Marché des Capitaux (AMMC) et l’Office des Changes. Elles avaient défendu l’interdiction formelle faite aux Marocains de s’en approcher. Hélas, pourrait-on dire au vu de la réalité actuelle.
Un taux d’adoption en pleine progression
On estime à 1,15 million de Marocains détenteurs d’actifs en cryptomonnaies, selon une étude publiée en 2022 par le think tank Policy Center. Cela correspond à un taux d’adoption de 3,05 % de la population, proche de la moyenne mondiale estimée à 5 %. En 2024, le classement de Chainalysis place le Royaume à la 27ᵉ position dans l’indice mondial des cryptomonnaies.
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Pour Haroun El Aouad, cofondateur de Reclog Solutions, une startup spécialisée dans la blockchain, ces chiffres ont évolué depuis. Selon lui, depuis 2021, le nombre d’adeptes des cryptos connaît une croissance significative, notamment chez les jeunes urbains marocains, avec un taux d’adoption oscillant entre 4,8 % et 4,9 %. Cela porterait le nombre d’utilisateurs marocains à environ 1,8 million, voire davantage.
Le profil type de ces utilisateurs correspond à un homme âgé de 20 à 30 ans, issu d’un milieu socio-éducatif élevé et bénéficiant de revenus moyens à élevés. Cette population est motivée par l’envie de diversifier ses investissements et d’explorer des alternatives financières modernes.
Un marché prometteur
«Le marché marocain des cryptomonnaies connaît une croissance rapide, portée par l’intérêt croissant de la population jeune du pays, férue de technologie», indique Statista. À ce sujet, l’expert souligne : «Deux rapports distincts révèlent des estimations très divergentes sur le marché marocain des cryptomonnaies. L’un, plus modéré, projette un revenu conservateur de 3,30 millions de dollars, basé sur des modèles plus traditionnels et formels d’accès au marché crypto. En revanche, l’autre anticipe des revenus bien plus élevés, dépassant les 115 millions de dollars».
Une autre donnée, rapportée par Jeune Afrique, avance qu’entre juin 2023 et juin 2024, le volume des transactions en cryptomonnaies au Maroc a atteint 12,7 milliards de dollars, plaçant le Royaume au troisième rang en Afrique pour l’usage des cryptos, derrière l’Éthiopie (2ᵉ) et le Nigeria (1er).
Toutes ces données, bien qu’impressionnantes, représentent, selon Haroun El Aouad, un niveau embryonnaire face au potentiel du marché marocain. Ce dernier connaît un taux d’évolution annuel de 5 %, un chiffre qui pourrait augmenter avec l’avènement d’un cadre légal, encourager l’adoption formelle et ouvrir de nouvelles opportunités économiques.
Bitcoin et Ethereum, les favoris
Les cryptomonnaies les plus populaires au Maroc sont principalement le Bitcoin et l’Ethereum, en raison de leur stabilité relative et de leur réputation mondiale. «En outre, il existe ce qu’on appelle les altcoins, une sous-catégorie de cryptomonnaies basées sur différents systèmes d’algorithmes», explique l’expert. Ces altcoins présentent des caractéristiques uniques, telles que des algorithmes différents, des méthodes de résolution spécifiques et des services de transaction variés.
Les plateformes d’achat
En raison de l’interdiction des cryptomonnaies dans le pays, les utilisateurs marocains se tournent majoritairement vers des plateformes peer-to-peer pour acheter ou échanger leurs actifs. Cependant, cette pratique augmente les risques de piratage et d’escroquerie, notamment pour ceux utilisant des VPN non sécurisés pour accéder aux plateformes internationales comme Binance ou Coinbase.
Voir aussi : Entretien. « Il y a un réel engouement pour les cryptomonnaies au Maroc » (Expert)
Les informations recoupées auprès des spécialistes du domaine et des détenteurs de cryptomonnaies montrent un modus operandi classique pour contourner la loi. Les traders marocains commencent par ouvrir des comptes sur des plateformes d’échange, saisissent leurs informations personnelles, et suivent un processus de vérification (KYC) avant de déposer des fonds en dirhams marocains pour commencer à trader.
Divers usages
Les cryptomonnaies au Maroc servent à de nombreux usages variés. Elles sont particulièrement prisées pour les transferts internationaux rapides, offrant une alternative économique et instantanée aux services bancaires traditionnels souvent coûteux et longs. De plus, elles constituent un moyen de paiement privilégié pour de nombreux Marocains travaillant à distance, qui sont rémunérés en cryptomonnaies dans le cadre de missions internationales.
Enfin, bien que marginal pour le moment, le trading de cryptomonnaies commence à être perçu comme une véritable catégorie d’investissement légitime, attirant l’attention de particuliers en quête de diversification financière. À l’échelle internationale, les cryptomonnaies sont utilisées dans des secteurs comme l’immobilier, l’automobile et les grandes surfaces. Bien que ces usages restent rares au Maroc, ils pourraient se développer avec une régulation adéquate.
La menace judiciaire n’a pas freiné l’enthousiasme des Marocains pour la crypto, à tel point qu’un marché dynamique s’est développé. L’émergence d’un cadre légal, tel qu’annoncé, transformera inévitablement cette industrie en catalyseur économique, tout en réduisant les risques pour les utilisateurs.