Boycott: comment se sont comportées les valeurs en bourse des sociétés visées?

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Si la campagne de boycott de plusieurs produits a eu un grand succès populaire, les rumeurs sur l’effondrement de leur cotation en bourse sont aussi allées bon train. Pour les financiers, le raisonnement est tout autre, puisque les titres en bourse obéissent à une autre  psychologie de marché. Les détails.
Lancée le 21 avril, la campagne de boycott qui vise les stations-service Afriquia, le lait Centrale Danone et l’eau minérale Sidi Ali, a pris sa vitesse de croisière, réelle ou supposée, au début du mois de mai. Rapidement, les yeux se sont rivés sur la bourse de Casablanca pour déceler si ce boycott a eu un effet sur les titres des sociétés dont les produits sont visés par cette campagne.
«Les trois titres de ces sociétés sont illiquides. Dans le langage des boursicoteurs, cela signifie qu’il s’agit d’un actif difficilement vendable en raison de son prix élevé. Ce n’est pas un titre spéculatif», analyse Al Mehedi B., spécialiste en finance.
Afriquia Gaz, la fausse piste
Pour commencer, Afriquia Gaz qui est coté en bourse est estive dans la distribution du gaz, alors que la société visée par le boycott est Afriquia SMDC et n’a aucune existence sur le marché financier. Cependant, les deux sociétés font partie d’Akwagroup.
Concernant l’évolution du titre d’Afriquia Gaz, elle est insignifiante. À la clôture le 4 mai, une seule transaction portant sur 100 titres a été échangée. Depuis le début de la semaine, 458 titres ont été échangés, et le titre a perdu 3,15 %. En un mois, 3631 ont été échangés, ce qui n’affecte en rien la valeur de ce titre.
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Centrale Danone, un flottant insignifiant
Pour Central Danone, aucune transaction n’a été effectuée sur ce titre à la clôture cette semaine. Mieux, entre le 5 avril et le 4 mai, trois titres seulement ont été échangés sur le marché.
«Il ne faut même pas évoquer le cas de Centrale Danone. La partie de son capital flottant, donc remise sur le marché marocain pour des objectifs de spéculation, ne représente que 0,28 % du capital, soit 26 000 titres, alors que le reste est détenu par Gervais Danone. L’action a perdu 5,69 %, mais elle est de l’ordre du méga epsilon, au point que la vente d’un seul titre peut faire basculer virtuellement sa valeur», explique notre analyste.
Les eaux minérales Oulmès, les dividendes au rendez-vous
En un mois, 72 titres de la filiale de Holmarcom ont été échangés. Pour récapituler, on ne peut pas avancer que le boycott a affecté le marché des trois titres.
«Les investisseurs n’ont pas été affectés par la campagne au point de se délester des titres qu’ils détiennent. En plus de l’illiquiditée de ces titres, l’investisseur s’intéresse aux dividendes qu’il touchera, et qui ne dépendent pas du cours à la bourse, mais des résultats financiers à la fin de l’année».
En clair, pour affecter la valeur boursière de ces trois titres, il faut que le boycott s’accentue et dure jusqu’à la fin du mois de décembre 2018, date à laquelle l’exercice sera clôturé et les dividendes auront perdu leur valeur.
Enfin, si le boycott ne semble pas avoir un effet sur la bourse, ses répercussions politiques et sociales sont palpables. Affaire à suivre.

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