Bernard Cazeneuve: «L’Europe gagnerait à renforcer son partenariat avec le Maroc»

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Dans le giron politique depuis belle lurette, Bernard Cazeneuve reste toujours en selle.

De passage hier jeudi à Casablanca, Bernard Cazeneuve était l’invité de la Chambre française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) pour animer une conférence sur les relations économique entre l’Europe et l’Afrique à la lumière de la conjoncture internationale.

Intervenant devant un parterre d’entrepreneurs français réunis dans le cadre de Point de vue, rendez-vous initié par la CFCIM, Bernard Cazeneuve s’est prononcé sur le thème “Le partenariat économique euro-africain dans un monde bouleversé“. Pour l’ex-premier ministre français, sous la présidence de François Hollande, reconverti dans les affaires, il est évident qu’en l’état actuel des choses, «l’Europe ne peut assurer son autonomie énergétique sans s’appuyer sur les pays du sud de l’Europe, notamment le Maroc».

Cazeneuve a donc insisté sur la nécessité d’une coopération équilibrée avec l’Afrique: «Notre croissance ne sera pas dans le prélèvement des ressources du continent Africain, sans intérêt, mais dans une forme de coopération d’égal à égal». A ce titre, Il a salué les efforts et les progrès accomplis par le Maroc qu’il apprécie particulièrement.

Cazeneuve a ainsi confié être agréablement impressionné par les réalisations du Maroc: «Quand je vois ce qui est réalisé à l’Université Mohammed VI, la qualité des équipement et ce qui se fait, je suis absolument convaincu que c’est ici qu’il faut chercher les partenariat pour l’avenir».

Une conclusion que l’homme politique, reconverti en homme de Droit a tiré sur la base d’une lecture qui, à son sens, est dictée par la réalité politique. Cette conjoncture se traduit selon lui par les défis auxquels sont confrontés les pays européens, notamment la guerre en Ukraine, le détournement de l’attention américaine vers la zone indo-pacifique sous Obama et Trump, et le décrochage économique de l’UE dû à des choix politiques hasardeux.

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Il a également mentionné la fragilisation géopolitique et la vulnérabilité énergétique de l’Europe. Autant de défis que Cazeneuve trouve «impossibles de résoudre dans une dynamique hors sol», insistant sur l’opportunité que représente le Maroc dans ce sens. Il a au passage exprimé son soutien au raffermissement des relations entre la France et le Maroc, trouvant qu’il ne devrait en être autrement.

  L’IA, une révolution

Autre sujet abordé, l’intelligence artificielle. Là-dessus, Cazeneuve a assuré que cette technologie représente une révolution humaine aussi importante que celle de l’écriture. Cependant, à l’en croire, elle soulève de nombreuses questions, notamment sur la place future du travail. À son sens, le travail va nécessairement changer de nature, l’IA permettant de débarrasser l’intelligence humaine de tâches sans valeur ajoutée. Il a également insisté sur la nécessité de concevoir ensemble des mécanismes pour éviter que l’IA ne manipule le débat public, car ces questions vont profondément impacter l’humanité.

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Bernard Cazeneuve au sortir de la conférence tenue à Casablanca, le 11 décembre. @H24Info

Par ailleurs, l’ex-locataire de Matignon a évoqué les conséquences sur la santé des activités économiques et industrielles, et mis en garde contre certaines tendances expansionnistes. «nous sommes sortis de l’époque de la colonisation, mais pas de celle des colonisateurs», allusion faite à la Chine, friand de technologie et des ressources l’alimentant, notamment les matières premières dont l’Afrique regorge à profusion. Monsieur Cazeneuve a, en outre, trouvé «essentiel d’avoir des rôles partagés, dans une dynamique où le Maroc est en pole position»

Moments marquants des années au gouvernement

Lors de la session de questions-réponses, Bernard Cazeneuve a abordé la relation transatlantique et le rôle potentiel du Maroc. Il a reconnu que la France n’a jamais réussi à développer pleinement le potentiel de ses infrastructures côtières, contrairement au dynamisme logistique du Maroc.

Il a souligné l’importance de l’intermodalité transcontinentale pour bâtir des relations économiques solides et a identifié une opportunité économique à saisir dans ce domaine. Cazeneuve a également indiqué que la politique intérieure française ne doit pas entraver la nouvelle dynamique de coopération entre le Maroc et la France.

A voir : “L’Invitée Eco”. Claudia Gaudiau-Francisco, présidente de la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc

Avant de partager ce point de vue et répondre aux questions, Bernard Cazeneuve, à la demande du CFCIM a partagé les moments marquants de sa carrière ministérielle. Notamment quant il était ministre de l’intérieur, entre 2014 et 2016, puis Premier ministre, en 2017.

Il a évoqué notamment les attentats terroristes qui ont bouleversé son passage au gouvernement, et raconté comment il a été pris de court par les attentats de Charlie Hebdo. Remontant dans ce souvenir sinistre, il a rappelé la scène d’une mère endeuillée par la mort de son fils policier, marocain d’origine. Autre fait marquant, la crise guyanaise où la leçon principale, a été «l’importance de contenir son verbe dans des moments de tension».

Concernant sa présence au Maroc, Cazeneuve a exprimé son amour pour le pays qu’il a découvert à travers l’écrivain Tahar Benjelloun. Il a souligné que le Maroc lui rappelle les racines de ses parents nés en Algérie, et a loué la lumière et les paysages du pays.

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