Air Berlin, au bord de la faillite, continue de voler

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Air Berlin a annoncé mardi 15 août le lancement d’une procédure d’insolvabilité après avoir été lâchée par son plus grand actionnaire, Etihad, mais pas l’arrêt de son activité, Lufthansa et le gouvernement allemand volant à son secours.

Air Berlin a expliqué dans un communiqué avoir pris cette décision après avoir appris qu’Etihad renonçait à la soutenir financièrement. Actionnaire à hauteur de 29,2 %, Etihad s’est visiblement fatigué de devoir éponger les dettes d’Air Berlin. En avril dernier, Etihad a fourni un financement supplémentaire de 250 millions d’euros à Air Berlin. Toutefois, l’activité de la compagnie aérienne allemande s’est détériorée à un rythme jamais atteint auparavant, l’empêchant de surmonter des défis importants et de mettre en œuvre des solutions stratégiques alternatives.

Faute d’argent frais, Air Berlin s’est donc vue contrainte de demander l’ouverture d’une procédure d’insolvabilité, sur laquelle devra statuer un tribunal, qui pourra nommer un administrateur judiciaire.

Pour éviter aux vacanciers allemands et étrangers de voir leurs avions cloués au sol, le gouvernement allemand a décidé d’octroyer à Air Berlin un prêt-relais de 150 millions d’euros. Cela devrait être suffisant pour trois mois pour le maintient des activités de la compagnie.

Lufthansa à la rescousse d’Air Berlin

Lufthansa a par ailleurs annoncé être en négociations avec Air Berlin concernant le rachat d’activités de l’entreprise en difficulté, ce qui permettrait d’embaucher du personnel.

Le groupe, poids lourd du transport aérien européen opérant depuis Francfort (ouest), possède les compagnies Lufthansa, Eurowings, Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines et louait déjà à Air Berlin une trentaine d’appareils.

Les négociations d’Air Berlin avec Lufthansa et d’autres compagnies sur la cession de parties de l’entreprise sont très avancées et une décision finale des intéressés attendue dans les semaines qui viennent.

Mais la compagnie à bas prix Ryanair a dénoncé avec véhémence le soutien de Berlin à la compagnie rivale. Les voyageurs en Allemagne devront subir des prix plus élevés en raison du monopole de Lufthansa.

Sauver des emplois, priorité chez Air Berlin

Le syndicat Verdi a évoqué un coup dur et indiqué que sa priorité sera désormais de sauver des emplois. Il est clair que les activités de l’entreprise qui seront vendues nécessiteront du personnel de bord, mais aussi du personnel administratif.

Le syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit n’a pas tardé non plus à réagir, évoquant le choc de la nouvelle. Il salue le soutien du gouvernement, mais dénonce les mauvaises décisions stratégiques du management d’Air Berlin et le comportement d’Etihad, accusé de laisser tomber la patate chaude alors même que de nouveaux investisseurs ont signalé leur intérêt.

Depuis 2008, les comptes d’Air Berlin n’ont fini l’année dans le vert qu’une seule fois, avec un maigre bénéfice en 2012.

Sa situation s’est même aggravée récemment. La compagnie, endettée à hauteur de plus d’un milliard d’euros, a essuyé une perte inédite en 2016 (782 millions d’euros) et a multiplié ces derniers mois les retards et annulations de vols.

Fin septembre, la deuxième compagnie allemande avait présenté un plan de restructuration majeur, comprenant la location avec équipage de 38 avions à Lufthansa et la suppression de 1.200 postes, un septième des effectifs.

Elle avait estimé, en juin, avoir les liquidités suffisantes et souligné ne pas envisager de dépôt de bilan. À la Bourse de Francfort, l’action d’Air Berlin, cotée hors indices, s’est effondrée de plus de 35 % à 51 centimes d’euro à la clôture.

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