AFIS 2024: le Maroc veut dynamiser l’industrie financière en Afrique

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Nadia Fettah Alaoui a souligné 3 axes majeurs pour arrimer l'industrie financière aux besoins du continent africain, Casablanca 9 décembre Crédit AFIS

Le gotha financier africain est en conclave depuis ce matin à Casablanca, dans le cadre de la 4e édition de l’Africa Financial Summit. Nadia Fettah Alaoui, la ministre de l’Economie et des Finances du Maroc a présenté 3 axes clés pour dynamiser l’industrie financière africaine et l’aligner aux besoins de développement du continent.

Intervenant durant la phase des allocutions, Nadia Fettah Allaoui, ministre de l’Économie et des Finances du Royaume, a mis en exergue les efforts entrepris par le Maroc en vue de renforcer l’industrie financière, non seulement du Maroc, mais du continent dans sa globalité. À cet effet, elle a identifié trois axes qui sont pour elle les bases nécessaires au dynamisme de l’industrie financières tant souhaité. Elle a énuméré, «la fluidité, visant à améliorer la circulation des capitaux ; la solidité, concernant les fondations de notre système financier et la régulation ; et enfin la libération des énergies permettant de mobiliser des financements innovants pour répondre aux défis cruciaux de la transition écologique et de l’inclusion sociale». La ministre a toutefois précisé que ces «thèmes ne sont pas isolés mais s’entrelacent pour définir une vision cohérente de l’avenir financier de l’Afrique. Un avenir où la finance devient un pays puissant au service du développement durable».

Lire aussi : Casablanca accueille en décembre l’Africa Financial Summit 2024

Après avoir longuement explicité les contours de ce triptyque fluidité, solidité et libération des énergies, Nadia Fettah Alaoui a aussi souligné le financement des grands projets qui reste un défi central. «Chaque année, l’Afrique doit combler un déficit de financement de 108 milliards de dollars pour les infrastructures et 250 milliards de dollars pour répondre aux besoins climatiques, selon la Banque africaine de développement», a-t-elle noté. Une situation qui contraste, selon la ministre, avec la sous-utilisation d’instruments financiers adaptés, comme les obligations vertes. Elle a terminé en déclarant, «pour attirer davantage de capitaux vers des projets durables, les cadres réglementaires doivent être renforcés pour offrir transparence et sécurité aux investisseurs».

La SFI confiante en l’Afrique

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Co-organisateur de l’événement, Sergio Pimenta, vice-président Afrique de la Société Financière Internationale (SFI), s’est réjoui du grand engouement q au sein de la sphère financière africaine. L’AFIS, a-t-il rappelé, vise essentiellement à soutenir la trajectoire du développement du continent grâce à une émulation de l’écosystème.

Abordant la thématique centrale discutée au cours de cet événement, qui est, la mobilisation de l’industrie financière africaine, il a mis en évidence une baisse observée sur le continent de la valeur totale des opérations de capital-investissement en Afrique, d’une part, et l’intérêt grandissant des entreprises africaines pour la technologie, l’augmentation des investissements consacrés et la robustesse desdits investissements. Une situation qui, selon lui, oppose optimistes et pessimistes face à l’avenir du continent. « Du côté de la SFI, nous sommes confiants, car nous croyons en la résilience du continent et en sa capacité à innover.» Il a rappelé que sur les 14 milliards, 3,23 milliards ont été engagés dans le soutien du secteur financier africain. Pour le vice-président Afrique de la SFI, cela traduit l’importance de la confiance que son institution accorde aux acteurs financiers africains et à leur capacité à innover.

Par ailleurs, Sergio Pimenta a évoqué le financement de 100 millions de dollars de l’Agence internationale de développement (AID). Ces fonds permettront d’accompagner l’activité des fonds d’investissement. Il a aussi précisé les trois axes prioritaires pour la SFI. Le premier étant le renforcement du développement agricole, qui passe selon lui par l’augmentation du secteur agricole et l’introduction de la technologie dans les projets de financement agricole. Il a mis en relief la stratégie mise en œuvre avec SoWheat, une startup marocaine. L’intensification du financement des TPME, deuxième priorité, portera sur la réduction d’un gap estimé à quelques 330 milliards de dollars, dont 180 milliards dans la seule partie nord-africaine. Dans cette perspective, l’implémentation des technologies en vogue sera un atout.

Troisième et dernière priorité de la SFI, le volet climat. Sur ce registre, le vice-président Afrique a noté que la SFI dispose d’une large gamme d’instruments financiers permettant de relever ce défi de façon spécifique. «Nous avons récemment lancé en Égypte la première obligation de développement durable d’un montant de 500 millions de dollars.»

Abolir les frontières financières

Première intervention de la cérémonie inaugurale, Amir  Ben Yahmed, CEO de Jeune Afrique Media Group, a fait savoir que c’est à Casablanca que l’idée d’un sommet réunissant les acteurs de la finance pour discuter du développement du secteur financier africain a pris forme. À l’en croire donc, Africa Financial Summit (AFIS) est «le résultat d’une vision panafricaine de l’industrie financière africaine, en totale cohérence avec la vision de la coopération sud-sud promue par le Roi Mohammed VI». Dans cette veine, il a salué les efforts du Maroc qui, en moins de 20 ans, est devenu un des piliers de la place financière africaine, le hissant même au rang de modèle.

Pour l’organisateur principal d’AFIS 2024, la conquête de la souveraineté du continent place irrémédiablement l’industrie financière comme un maillon stratégique. Sa réussite, dira-t-il, implique une vision africaine qui demande, nécessairement, «l’abolition des frontières financières africaines». Il a cité dans la foulée les conditions à réunir, à savoir lever les obstacles de l’intégration financière et favoriser les collaborations. En terminant son propos, Ben Yahmed a souligné la nécessité de favoriser le développement de champions nationaux et régionaux. Un objectif qui demande de doubler les investissements réalisés et de faciliter le commerce intra-africain. Des défis permanents à explorer comme la mobilisation de l’épargne africaine, évaluée à quelque 500 milliards de dollars avec l’esprit de l’interopérabilité des services de paiement.

Placée sous le sceau de la consolidation des systèmes financiers africains, cette rencontre a mobilisé gouvernements, institutions financières, acteurs privés et opérateurs. Pour rappel, cette édition qui prendra fin demain mardi est la 4e, depuis son lancement, et porte cette année sur  la mobilisation et la consolidation de l’industrie financière africaine. Quelque 150 intervenants animeront 50 sessions thématiques au cours des 02 journées.

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