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AFIS 2024: cryptomonnaies, infrastructures, PME et énergie au menu du panel inaugural
Publié leLe panel inaugural de l’AFIS 2024, intitulé « Une nouvelle ère : le temps pour l’Afrique de mobiliser sa puissance financière », a réuni cinq experts de premier plan : Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances du Maroc, Jules Ngankam, directeur général du Fonds de Garantie Africain, Sergio Pimenta, vice-président Afrique de la Société Financière Internationale, Jeremy Awori, CEO du groupe ECOBANK, et Mohamed El Kettani, président-directeur général d’Attijariwafa Bank.
Nadia Fettah Alaoui a donné le ton en détaillant l’évolution de la position du Maroc vis-à-vis des cryptomonnaies. « Nous n’avons pas le choix », a-t-elle déclaré, avant de souligner que l’Afrique ne peut plus se permettre de retarder son adaptation aux nouvelles réalités économiques, y compris les cryptomonnaies. Selon la ministre, ces dernières, bien qu’elles comportent des risques tels que la volatilité, la fraude et le blanchiment d’argent, n’en demeurent pas moins une opportunité qu’il faut savoir saisir. Elle a insisté sur l’importance de considérer les possibilités offertes par ces nouvelles technologies, notamment pour le monde rural. Elle a également souligné qu’il incombe aux États de trouver des solutions innovantes pour réduire les risques liés aux cryptomonnaies et les intégrer dans les stratégies de développement.
Jeremy Awori, PDG d’ECOBANK Group, s’est, pour sa part, appesanti sur la nécessité pour le secteur bancaire de soutenir la clientèle afin de faciliter l’accès aux capitaux. Il a mis en avant l’importance d’harmoniser les systèmes de paiement et d’adopter les technologies émergentes. En outre, il a pointé du doigt la nécessité de restaurer la confiance des investisseurs, en leur donnant des garanties sur la possibilité de rapatrier leurs fonds en temps voulu. Il a également fait remarquer que les banques africaines doivent répondre à un besoin réel d’investir dans les infrastructures pour attirer les investisseurs. Cela constitue, selon lui, une base solide pour instaurer la confiance.
Infrastructures, PME : des priorités
L’autre banquier du panel, et non des moindres, Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank, a axé son intervention sur la responsabilité des banques du continent face au retrait progressif des grandes banques internationales. Tout comme son homologue, il a souligné que cette situation met une pression accrue sur les gouvernements pour combler les déficits infrastructurels et avancer vers l’industrialisation.
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Par ailleurs, le patron de la plus grande banque marocaine a insisté sur l’importance de développer un système de paiement transfrontalier intégré. « Il faut qu’on arrive à mettre en place un système de paiement intégré à l’échelle du continent, tel que le SWIFT », a-t-il déclaré, en faisant remarquer la grande diversité des monnaies africaines : plus de 42 devises locales. Il a ajouté : « On doit y aller par étapes, en réfléchissant d’abord dans un cadre de bloc économique régional cohérent, en partenariat avec des fintechs qui ont des capacités intéressantes.»
Sergio Pimenta, vice-président Afrique de l’IFC, a mis en lumière l’importance d’aider les PME, qu’il a présentée comme une condition sine qua non pour la croissance économique en Afrique. Il a évoqué les efforts de l’IFC pour soutenir les petites entreprises et renforcer la confiance des investisseurs. Selon ses explications, le coût élevé des capitaux et la perception des risques demeurent des obstacles majeurs qu’il est crucial de surmonter pour attirer davantage d’investissements.
PPP et marché des capitaux : les clés
Jules Ngankam, directeur général du Fonds de Garantie Africain, a insisté sur la nécessité de renforcer la confiance dans les investissements en Afrique. Il a appelé à partager et promouvoir les réussites des initiatives africaines afin d’attirer davantage de fonds sur le continent. Il a également souligné l’importance d’encourager les partenariats public-privé (PPP) comme stratégie clé pour financer les projets énergétiques et autres besoins infrastructurels.
Les panelistes se sont également penchés sur la question cruciale du financement des projets énergétiques en Afrique. Ils ont débattu des défis posés par l’équilibre entre l’utilisation des énergies fossiles et renouvelables, soulignant la nécessité d’un mix énergétique. Pour financer ces projets « capitalistiques », ils ont préconisé de favoriser les PPP et de mobiliser le marché des capitaux, notamment l’épargne publique, en monnaie locale. Une telle orientation s’explique par l’ampleur des besoins énergétiques, nécessitant des solutions alliant exploitation responsable des énergies fossiles et recours accru aux énergies renouvelables, comme l’éolien, pour combler les lacunes actuelles.
Au terme de ce panel, l’assistance aura retenu l’urgence pour le continent de renforcer ses propres capacités de financement afin de relever les nombreux défis liés à son développement. Bien que les banques aient une responsabilité régalienne en la matière, les échanges ont permis de comprendre qu’elles ne pourront répondre seules à ces besoins. Le marché des capitaux et l’épargne publique demeurent des leviers essentiels à activer. Pour y parvenir, la coopération, l’innovation et la confiance sont indispensables pour bâtir une industrie financière résiliente et adaptée aux besoins du continent.