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Dr Tayeb Hamdi: « Les Marocains montrent une grande méfiance vis-à-vis des hôpitaux »
Publié leUn classement de la plateforme Numbeo classe le système de santé marocain à la 91e place mondiale. Interrogé par H24Info, Dr Tayeb Hamdi met en garde contre la fiabilité de ce classement qu’il juge pas assez fiable.
En matière de performance des systèmes de santé, le Maroc reste à la traîne à en croire un récent classement de la plateforme Numbeo. Avec une note de 46,64 (100 étant le maximum), le Royaume arrive à la 91ᵉ place, derrière l’Egypte et devant l’Irak.
En se basant sur les réponses de 205 contributeurs, Numbeo fait état d’une “faible” satisfaction concernant l’attente dans les établissements médicaux. Cette satisfaction est jugée « modérée » pour ce qui concerne les compétences du personnel médical, la rapidité de la réalisation des examens, l’équipement pour le diagnostic et le traitement, l’exactitude dans la rédaction des rapports, l’amabilité et la courtoisie du personnel, le rapport qualité-prix, ainsi que la proximité des services de santé.
Pour Dr Tayeb Hamdi, “ce classement n’a aucune valeur scientifique et n’est basé sur aucun critère crédible”. En effet, ajoute-t-il, “le site (Numbeo, ndlr) écrit clairement que n’importe qui disposant d’une connexion internet peut modifier son contenu et que les données apportées par les visiteurs ne sont nullement vérifiées par des experts”.
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Néanmoins, le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé reconnaît que le Maroc a toujours fait face à de nombreuses lacunes dans son système de santé. Ceci, malgré les rapports des institutions nationales. Interrogé par H24Info, il déplore du doigt le manque de vision stratégique pour trente années à venir: “La succession de différents ministres de la Santé ne joue pas en faveur du secteur puisque chaque nouveau mandat est synonyme de nouvelle politique, ce qui fait perdre du temps et de l’argent.”
L’expert relève également le manque de confiance des citoyens dans le système de santé national: “Que ce soit dans le public ou le privé, les Marocains montrent une grande méfiance vis-à-vis des hôpitaux.” Et d’ajouter que la pénurie de ressources humaines constitue à elle seule un énorme enjeu pour le secteur, avec moins de 27.000 médecins exerçant actuellement au Maroc, alors que la norme de l’OMS fixe ce chiffre à 35.000 médecins.
Encore plus alarmant, « si l’on cumule les besoins dans le domaine paramédical, ce chiffre peut avoisiner les 100.000 professionnels de santé”.
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Dr Tayeb Hamdi évoque par ailleurs que les dépenses engendrées par le secteur de la santé avoisinent les 60 milliards de dirhams. “Cela reste très peu par rapport aux besoins du domaine, et ne représente pas plus de 6% du PIB. Il faut au moins 8,5% du PIB et dans les meilleurs des cas 10% du PIB”, déplore-t-il.
« Le système de santé au Maroc n’est pas adapté à la prise en charge des maladies chroniques, la transition démographique et épidémiologique”, poursuit notre interlocuteur, qui souligne que le vieillissement de la population fait naître de nouvelles spécialités qui ne sont pas encore démocratisées au Maroc. Ajoutons à cela le fait que le système de santé national n’est pas dans une optique de prévention, ce qui permettrait pourtant de « limiter les dégâts des maladies chroniques et dégénératives« .
Enfin, un autre problème qui menace le secteur de la santé au Maroc concerne la fuite des cerveaux. « C’est une hémorragie pour le secteur! Un tiers des professionnels de santé exerce à l’étranger contre deux tiers au Maroc”, conclut le spécialiste.