Dialogue social: la CDT fait monter la pression

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Dialogue social: la CDT opte pour l’escalade
Lors de sa réunion du 24 novembre 2024, le Conseil national de la CDT a adopté un programme de protestations, comprenant diverses formes d'actions, dont une grève générale © CDT.

La Confédération Démocratique du Travail (CDT) a choisi d’intensifier sa mobilisation en réponse au non-respect des engagements du dialogue social par le gouvernement.

Lors de sa réunion du dimanche 24 novembre, le Conseil national de la CDT a adopté un programme de protestations, comprenant diverses formes d’actions, dont une grève générale.

Le bureau exécutif a été mandaté pour déterminer les dates de mise en œuvre de ces actions. Selon un communiqué du syndicat rendu public lundi, les membres du bureau exécutif ont dénoncé l’«instabilité politique et sociale persistante» au Maroc.

Situation alarmante

Un rapport présenté lors de cette réunion a vivement critiqué le contexte national, notant la «persistance de l’autoritarisme et de la corruption généralisée», ainsi que le «mariage entre le capital et le pouvoir».

Il a aussi évoqué la répression des libertés syndicales et des manifestations, soulignant que cela génère des choix économiques et sociaux qui concentrent davantage la richesse, exacerbent les inégalités sociales et territoriales, et aggravent la situation économique de la majorité de la population.

Des choix néolibéraux contestés

Qualifiant ces choix de «néolibéraux», la CDT estime qu’ils s’inscrivent dans la continuité du «démantèlement de tous les éléments et fondements de l’État social». Selon le syndicat, ce processus vise à paralyser l’institution du dialogue social, en ne respectant pas les dates de ses sessions et en refusant de tenir ses engagements.

La CDT critique particulièrement l’orientation de projets de lois sociaux tels que le projet de loi organique n° 97.15 sur le droit de grève et le projet de loi n° 54.23 sur l’assurance maladie obligatoire, qui ont été envoyés au Parlement sans négociation préalable. Le syndicat dénonce également la remise en question des acquis liés aux retraites.

Les revendications de la CDT

Le Conseil national de la CDT a formulé plusieurs demandes, notamment :

Lutte contre la corruption: Il appelle l’État à combattre la corruption, qui, selon lui, détruit l’économie nationale et empêche le Maroc d’atteindre son potentiel de développement.

Fiscalité et protection sociale: Il demande l’instauration d’une taxe sur la richesse, la lutte contre l’évasion fiscale et l’investissement des recettes de cette taxe pour financer la protection sociale.

Souveraineté énergétique: Il rejette la gestion de la privatisation de la société Samir et insiste sur l’importance de reprendre le raffinage du pétrole à la raffinerie marocaine pour renforcer la souveraineté énergétique du pays.

Respect des engagements sociaux: Le syndicat exige que le gouvernement respecte les accords et engagements pris, notamment dans l’accord du 30 avril 2022.

Rejet du projet de loi sur le droit de grève

La CDT a exprimé son rejet total du projet de loi organique sur le droit de grève, qui a été transmis au Parlement sans négociation préalable.

Elle réaffirme que le respect des libertés syndicales, la ratification de la Convention 87 de l’OIT, l’abrogation de l’article 288 du code pénal, et la garantie du droit de grève doivent être des priorités dans toute négociation sur cette question. Le syndicat salue également la création d’un front national pour défendre le droit de grève.

Rejet de la fusion CNOPS-CNSS

Le Conseil national a également rejeté le projet de loi 23-54, visant à fusionner la CNOPS et la CNSS. Il le considère comme un nouvel épisode dans l’attaque contre la fonction publique et les acquis des assurés sociaux.

Le syndicat dénonce l’initiative gouvernementale d’introduire ce projet sans évaluation de ses conséquences et sans négociation préalable, confirmant ainsi l’allégeance du gouvernement aux intérêts du pouvoir et du capital.

Concernant le projet de loi de finances pour 2025, la CDT considère qu’il ne propose pas de solutions concrètes pour résoudre les problèmes sociaux ni de réformes fiscales véritablement significatives. Selon le syndicat, il perpétue les mêmes orientations des lois de finances précédentes.

Parmi ses revendications, la CDT appelle le gouvernement à accélérer le dialogue sectoriel et à s’engager sérieusement dans la mise en œuvre des accords sectoriels. Elle demande également la résolution des conflits du travail, le respect du Code du travail, et la conclusion d’accords collectifs.

En dernier lieu, le Conseil national a décidé de mettre en place un programme de lutte comprenant diverses formes d’actions, y compris la grève générale. Il a délégué au bureau exécutif le pouvoir de fixer les dates de mise en œuvre de ces actions.

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