France: le Belgo-Tunisien Farouk Ben Abbes condamné à 4 ans pour cyber-jihadisme

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Une figure de l’islam radical, le Belgo-Tunisien Farouk Ben Abbes, a été condamné vendredi soir à Paris à quatre ans de prison ferme pour son activité sur ce qui fut le site jihadiste francophone de référence à la fin des années 2000, Ansar Al-Haqq.
Reconnu coupable du délit d’association de malfaiteurs terroriste, l’homme de 32 ans, qui comparaissait libre, a été également condamné à une interdiction définitive du territoire français. Le procureur avait demandé six ans de prison assortis d’une incarcération immédiate, quand ses défenseurs avaient plaidé sa relaxe.
Au coeur de ce dossier, ce forum dont le nom signifie « Les partisans de la vérité », désormais fermé, était une référence du web jihadiste en langue française à une époque où le jihad se menait notamment en Afghanistan ou au Pakistan.
Farouk Ben Abbes, 32 ans, était jugé devant le tribunal correctionnel pour association de malfaiteurs à visée terroriste avec trois autres hommes, comme lui anciens administrateurs du site.
Communiqués d’organisations jihadistes, revendications d’attentats, logiciel de cryptage… Plus qu’un simple lieu de propagande, c’était aux yeux de l’accusation « un outil mis à la disposition d’organisations terroristes pour recruter, voire pour communiquer ».
Le site revêtait selon le procureur « un caractère opérationnel », permettant notamment à ses membres de prendre contact avec des jihadistes « déjà sur zone », par le biais d’une messagerie privée.
Il « endoctrinait » et « favorisait les départs pour le jihad », en application de « la doctrine d’Al-Qaïda: jihad global et jihad médiatique ».
Simple membre puis administrateur alors qu’il se trouvait clandestinement dans la bande de Gaza, entre 2008 et 2009, Farouk Ben Abbes y avait posté des centaines de messages, traductions de communiqués ou du sommaire d’un ouvrage intitulé « 39 moyens pour servir le jihad et y participer ».
Un slogan, « Le jihad médiatique est la moitié du combat », accompagnait chacun de ses messages.
Cet homme « intelligent » doté d’une « capacité à influencer », est notamment « celui qui a failli donner à Ansar Al-Haqq une ampleur internationale » en tentant de l’arrimer au Front médiatique global islamiste (GIMF), affilié à Al-Qaïda, a estimé le procureur.
Le représentant de l’accusation a demandé à son enconre six ans d’emprisonnement assortis d’une incarcération immédiate, d’une période de sûreté des deux tiers et d’une interdiction définitive du territoire français.
« Je ne veux pas que reste sur le territoire un individu dont la dangerosité est aussi évidente », a-t-il souligné.
Souvent cité dans des dossiers antiterroristes, jamais condamné sauf pour des manquements à son assignation à résidence, levée en mai, Farouk Ben Abbes avait nié jeudi tout recrutement pour le jihad.
Il avait assuré comme ses coprévenus n’avoir diffusé cette propagande que pour « informer ». « Une véritable tartufferie » aux yeux du procureur.
A l’encontre de Nordine Z., qui avait notamment mis à disposition le logiciel de cryptage « Mujahideen Secret », et de David R., soupçonné d’avoir participé à la création du site, des peines de cinq ans de prison, également avec mandat de dépôt au regard du « risque de réitération », ont été requises.
Et six ans de prison, avec mandat d’arrêt, ont été requis contre le quatrième prévenu, Léonard Lopez, parti en 2015 pour le jihad et qui serait aux mains des Kurdes de Syrie.
La fondatrice du forum, la Française Marion Tailleumier, avait été condamnée l’an dernier en appel à six ans de prison.
Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe de leurs clients, dénonçant à la fois une justice rendue trop tard, dans un contexte de sévérité accrue face aux récents attentats jihadistes, et des poursuites pour association de malfaiteurs terroriste sans aucun élément « matériel » pour les étayer.
Ben Abbes « n’a plus aucun lien avec cette mouvance islamiste radicale », a assuré l’un de ses avocats, Vincent Brengarth.
« Incarcérer un homme, quel qu’il soit, dix ans après les faits, c’est une décision exceptionnelle! », a mis en garde son autre conseil, William Bourdon, avant d’exhorter le tribunal à « garder le cap pour l’avenir de notre Etat de droit en France ».

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