Vidéos. Mort de Johnny Clegg, le «zoulou blanc» qui combattait l’apartheid en chantant
Publié leIl devient un symbole mondial de la lutte contre l’apartheid en 1987 en écrivant et composant Asimbonanga («Nous ne l’avons pas vu»). Le titre rend hommage à Nelson Mandela, incarcéré depuis plus de vingt ans. Les paroles font directement référence au leader de l’ANC. «Regarde de l’autre côté de l’île dans la Baie», y exhorte le chanteur. Nelson Mandela est alors emprisonné au large du Cap, sur l’île de Robben Island. Asimbonanga est une prise de position d’autant plus courageuse que la simple évocation du nom du prisonnier était strictement interdite par le régime de Pretoria.
Une décennie plus tard, à Francfort, Nelson Mandela montera par surprise sur la scène d’un concert de Johnny Clegg. L’image de Madiba, devenu président d’Afrique du Sud, dansant sur Asimbonanga, fait le bonheur du chanteur et le tour du monde.
Johnny Clegg chante Asimbonanga en présence de Nelson Mandela à Francfort en 1997
En 1993, son album Heat, dust and dreams, nominé aux Bilboard Music Awards et aux Grammy Awards est dédié à Dudu Zulu, un des danseurs du groupe Savuka, assassiné par des inconnus en 1992. Même après la fin de l’apartheid, Johnny Clegg reste un symbole de l’antiracisme et de la liberté d’expression dans le monde. En Afrique du Sud, il n’aura de cesse de soutenir la démocratie, rendue précaire par la corruption et les stigmates de la ségrégation raciale.
Son combat aura une résonance particulière en France. Après un long silence du chanteur sud-africain, il écrit en 2006 l’album One Life, produit par Renaud – qui lui avait déjà dédié sa chanson Jonathan en 1988. Ses apparitions se font de plus en plus rares. En 2017, Johnny Clegg se sachant malade met fin à une carrière au long de laquelle il aura vendu plus de 5 millions d’albums. Le chanteur tient alors, avec beaucoup de courage, à faire une dernière grande tournée mondiale pour dire adieu à son public: «Le voyage que j’ai commencé quand j’avais 14 ans touche aujourd’hui à sa fin», avait-il conclu avec simplicité.
Johnny Clegg disparait un an, quasiement jour pour jour, après le décès du photographe David Goldblatt, autre grand pourfendeur de l’apartheid et figure, comme le chanteur, de l’Afrique du Sud en révolte contre elle-même pendant des années.