Vidéo. Nabil Ayouch présente son nouveau film « Haut et fort » à Casablanca

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Lors d’une avant-première lundi au Mégarama de Casablanca, le réalisateur Nabil Ayouch a présenté à la presse son nouveau film, Haut et fort, qui sort dans les salles nationales mercredi 3 novembre. L’histoire se passe dans le quartier défavorisé de Sidi Moumen où des jeunes prennent la parole au moyen du rap. 

« J’ai grandi dans un centre culturel en banlieue parisienne, à Sarcelles, au moment où le hiphop nous venait des Etats-Unis. C’était au début des années 80. J’ai vu comment cette musique arrivée des guettos a pu transformer nos vies, à moi et mes copains, et changer des destins », nous confie Nabil Ayouch, à la fin de la projection.

Son nouveau film, Haut et fort, raconte l’histoire d’un ancien rappeur, Anas, qui décide d’aller donner des cours de rap et hip-hop dans un centre culturel d’un quartier défavorisé de Casablanca. Sidi Moumen. Le même quartier dont étaient originaires les jeunes auteurs des attentats-suicides de 2003. Ce triste événement avait également fait l’objet d’un film signé Nabil Ayouch, Les Chevaux de Dieu (2012), inspiré du roman de Mahi Binebine, Les étoiles de Sidi Moumen.

Neuf ans après, Ayouch revient tourner dans le même quartier mais pour une note plus positive. Une note d’espoir. Mi-fiction mi-documentaire, cet opus donne un tableau de la jeunesse de Sidi Moumen qui trouve dans le rap un moyen d’expression, un exutoire qui soulage des difficultés socioéconomiques affrontées au quotidien. A travers la figure centrale de leur professeur Anas, ces jeunes vont apprendre une culture qui leur offre des repères, des valeurs, des armes pacifiques pour gérer les épreuves de la vie sans passer par la violence.

« Les profs et les éducateurs sociaux de mon enfance sont mes héros »

« Ce modèle de transmetteur, de professeur, hante beaucoup de mes films. Les profs et les éducateurs sociaux de mon enfance sont mes héros. Sans eux, je ne serai pas devenu qui je suis. Je n’aurai jamais pu apprendre à raconter qui j’étais, le gamin que j’étais, sans cette transmission, que ce soit à l’école ou à la MJC (maison des jeunes et de la culture, ndlr) où j’ai appris à regarder le monde grâce aux arts et à la culture », commente le réalisateur.

S’il se veut une fiction, le film est largement inspiré de la réalité. Les scènes se passent au centre cuturel « Les étoiles de Sidi Moumen », créé en 2014 par Nabil Ayouch et son ami artiste Mahi Binebine. Les acteurs sont les jeunes qui le fréquentent habituellement, ils jouent quasiment leurs propres vies – et ont d’ailleurs conservé leurs vrais prénoms dans le film. « Mon rôle correspond à 50% à mon histoire personnelle », nous déclare Ismail Adouab, l’un des jeunes acteurs-rappeurs mis en avant dans l’oeuvre.

 

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Idem pour Anas Basbousi, le personnage principal. « A l’étranger, j’avais visité pas mal de lieux qui accueillaient le rap et le hiphop comme n’importe quelle discipline artistique. Je suis revenu au Maroc avec cette idée que le hiphop m’a permis de dépasser beaucoup de limites. C’était très important pour moi de partager ce que j’avais compris et de ne pas le garder pour moi. Derrière cette culture, il y a beaucoup de valeurs positives et de messages à transmettre », témoigne-t-il, à l’issue de cette avant-première.

En 2016, cet ancien rappeur initie un projet de formation unique en son genre au Maroc, la Positive School of HipHop, un programme pédagogique entièrement dédié à la culture hip-hop -rap, danse, musique, graffiti, DJing…- dont le but est d’initier les jeunes à la pratique artistique de ces disciplines et d’accompagner les plus talentueux dans leurs premiers pas en tant qu’artistes professionnels. Aujourd’hui, plus de 500 jeunes bénéficient du programme à travers le réseau des centres culturels Les Etoiles Maroc (Casablanca, Tanger, Agadir, Fès).

« Ces jeunes ont une positivité extraordinaire »

« Le film est une fiction mais de la manière la plus naturaliste possible, avec des touches de comédie musicale. Je voulais que ce soit un film plein d’énergie, de positivité. Ces jeunes ont une positivité extraordinaire. Et je voulais que ça se sente dans les corps en mouvement, dans les paroles, les textes, et faire cohabiter tout ça dans une proposition cinématographique originale », poursuit Nabil Ayouch.

En effet, le film brille par une bande son originale riche et variée, ce qui lui a valu récemment le Prix de la meilleure musique originale et bande son du Festival Arte Mare de Bastia en Corse. « J’ai coécrit ou écrit toutes les scènes de comédie musicale du film. On a produit aussi une bande son originale chez Sony France de 14 ou 15 titres avec la collaboration de deux producteurs français Mike et Fabien Kourtzer qui sont venus au Maroc. Pendant 45 jours, on a travaillé en studio avec les jeunes du film et d’autres externes ont pu aussi en bénéficier », précise Anas Basbousi qui informe que les titres seront disponibles sur les plateformes de téléchargement dès le 12 novembre prochain.

 

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A travers le fil conducteur du rap, Nabil Ayouch aborde ainsi une pluralité de thématiques qui touchent ces jeunes: la pauvreté, les relations familiales conflictuelles, le manque d’activités culturelles, également le « poids de certaines traditions » comme le nomme le synopsis de la production. On assiste notamment à des débats religieux sur ce qui est autorisé de faire ou non, la manière de se vêtir pour une femme, de porter le voile, etc. A la question « n’est-ce pas créer une opposition entre la tradition, la religion, et les arts? », Nabil Ayouch répond « au contraire ».

« Ce que je veux dire, c’est que ceux qui veulent opposer la tradition ou la religion avec les arts se trompent, parce que ça cohabite. La preuve dans ce centre, vous avez des jeunes religieux, d’autres non, des jeunes filles voilées, d’autres non, des jeunes filles voilées qui chantent du rap et du hiphop… et ça ne pose de problème à personne », explique l’artiste. Le but de ce film est « justement arriver à dresser un mur, une barrière vis-à-vis de ceux, des extrémistes, radicaux qui viennent dire à une fille ou un garçon tu ne peux pas chanter ni danser, non, c’est interdit. »

Et de conclure: « C’est aussi répondre à une forme de schizophrénie dans laquelle ils sont. Qu’ils le veuillent ou non, ces jeunes sont ancrés dans une société qui baigne dans les traditions, c’est positif, car la tradition a aussi quelque chose de positif, et en même temps ils sont tournés vers un art résolument urbain et moderne. Montrer que tout ça peut cohabiter, c’était important pour moi ».

Sélectionné en compétition officielle à Cannes en mai dernier, Haut et fort a reçu le Prix du cinéma positif. Il a été présélectionné pour représenter le Maroc aux Oscars 2022, dans la section Meilleur film international. Il sort officiellement dans les salles marocaines mercredi 3 novembre, et en France, le 10 novembre.

 

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