Vidéo. Mohammedia: il était une fois l’hôtel Miramar…

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Hotel Miramar

Abandonné depuis des années, le mythique Miramar tombait en lambeaux afin d’être entièrement rasé du jour au lendemain. Retour sur le destin tragique d’un hôtel casino qui a longtemps fait la fierté de la ville des fleurs. 

“L’essor touristique de Fedala ne commença qu’après l’armistice de 1918. Un album, fort bien imprimé, copieusement illustré, publié par la Résidence générale vers 1929, ne mentionne pourtant nulle part le nom de la ville, et n’en publie aucune photographie. L’auteur conduit le voyageur de Casablanca à Rabat sans s’arrêter en chemin. On est surpris de constater une pareille lacune, car en 1929 Pédala existait déjà, je veux dire Fédala avec ses palmiers, sa plage, son casino, ses avenues, son hôtel Miramar, telle que le dépliant me l’avait montrée”, écrivait déjà en 1954 un journaliste d’une revue mensuelle “Perceptives Outre-mer : notre Maroc”.

Depuis toujours, l’hôtel Miramar est associé à la ville. Il incarnait même l’esprit et l’âme de cette station balnéaire qui attirait des visiteurs du monde entier dès les années 30.

L’histoire même de Mohammedia est intimement liée au Miramar. Car si les origines de Fédala, ancien nom de la ville, n’ont jamais été attestées avec exactitude, son développement en tant que cité moderne a démarré en 1912 avec la création de la compagnie franco-marocaine qui jouera un rôle essentiel pour le développement de la ville.

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En 1914 se constitue la compagnie du port de Fédala. Et la station balnéaire prit corps en 1925. Puis, un jeune architecte débarque en ville. Il se nomme Albert Planque. Il conçoit alors les plans de l’hôtel Miramar qui sera construit en 1927.

A l’époque, ce fut l’une des plus belles réalisations de l’équipement hôtelier du Maroc. Elle fait d’ailleurs la réputation d’Albert Planque qui devient ensuite membre de la Commission d’Urbanisme de Fédala. La commission se penche alors sur la conception de l’esplanade de la ville en prenant en compte l’emplacement de Miramar et les autres infrastructures touristiques de l’époque. La construction de cette esplanade s’achèvera en 1938.

L’enjeu était d’en faire la station balnéaire la plus chic de l’agglomération côtière située entre Casablanca et Rabat. L’actuelle Mohammedia devint alors célèbre pour ses plages aussi belles les unes que les autres, offrant les infrastructures d’accueil nécessaires, à commencer par la plage de l’hôtel Miramar, située près du port de plaisance, un lieu privilégié des amateurs de sports nautiques.

Âge d’or

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Maroc est une véritable terre d’asile pour les réfugiés de toutes origines, fuyant la guerre en Europe. Dans les années 50, l’établissement s’agrandit tout en gardant son aspect original, comme en témoigne un article de l’époque : “C’est tout un aspect du vieux Pédala qui disparaissait l’été dernier lorsque les derniers coups de pioches firent tomber les fondations du vieux Casino. Mais cette démolition dans l’esprit de ses auteurs n’était qu’un premier stade. Elle annonçait la construction d’un nouveau casino. (…). Situé dans le prolongement même du nouveau boulevard balnéaire dont il sera l’aboutissant, le nouveau Casino sera le centre d’attraction et la pièce maîtresse de l’équipement touristique balnéaire et hôtelier de Fédala”. Personne ne pouvait imaginer la ville sans son Miramar.

Ensuite, c’est l’âge d’or de l’hôtel casino. Miramar abrite alors de nombreuses manifestations artistiques et de grands noms de la chanson marocaine, arabe, anglaise, française ou encore américaine s’y sont produits. Même l’idole des jeunes de l’époque, Johnny Halliday, y donne un concert en 1964.

L’inoubliable Jacques Brel qui pendant un certain temps avait élu domicile dans la ville fréquentait régulièrement le Casino du Miramar. L’établissement comptait parmi sa clientèle de nombreuses célébrités comme la chanteuse Edith Piaf ou encore l’actrice Maria Callas.

L’hôtel qui employait plus de 160 personnes et dont la cuisine était réputée dans le monde entier sera fermé en 1995. Depuis, les deux bâtiments – l’hôtel et le casino, seront laissés à l’abandon.

Le mythique établissement tombait alors en lambeaux dans l’indifférence totale des autorités locales et ce malgré les multiples appels de la société civile. La tentative d’inscrire cet établissement dans le patrimoine national, déposée en 2016 au ministère de la culture, ne sauvera pas le Miramar, complètement rasé il y a quelques jours. L’un des plus belles pages de l’histoire de Mohammedia vient ainsi d’être arrachée de la manière la plus brutale.

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